Une grande confusion régnait mercredi au siège de la Fédération internationale de boxe (AIBA) où des opposants au président, le Taïwanais Ching-Kuo Wu, membre influent du CIO, ont bloqué l'accès aux employés dans une tentative « illégale » de prise de contrôle, selon la direction en place.

La boxe olympique a parfois apporté son lot d'événements dramatiques ou suscitant la suspicion, comme ces boxeurs s'estimant "volés" à l'issue de décisions surprenantes de juges arbitres dont certains ont ensuite été écartés pour des soupçons de corruption.

Mais le dernier épisode de l'histoire mouvementée de l'AIBA est encore plus surprenant: mercredi matin, à leur arrivée, la vingtaine d'employés de la fédération n'ont pu pénétrer dans leurs bureaux de la Maison des Sports à Lausanne. Des vigiles de la société Securitas bloquaient les portes sur décision d'un Comité exécutif intérimaire (CMI), composé d'opposants au président en place.

- Vote de défiance -Sur les deux portes d'accès était placardé un texte rédigé en anglais.

« Chers employés. Le comité exécutif de l'AIBA a voté une motion appelant à un vote de défiance envers le président actuel Ching-Kuo Wu », indiquait le texte.

« De plus, des motions ont été adoptées permettant la mise en place d'un Comité exécutif intérimaire (CMI) pour diriger le travail de l'AIBA et organiser un congrès extraordinaire. De ce fait, en cette période de transition, il a été décidé de fermer les bureaux pour le reste de la semaine et d'offrir trois jours de congés aux employés », ajoutait le document.

Selon des témoignages recueillis sur place, les employés n'avaient pas été prévenus de cette fermeture et ont trouvé porte close mercredi matin alors que des voitures de police étaient stationnées devant la Maison des sports.

Mercredi soir, les vigiles étaient toujours en place et des bandes d'adhésif avaient été collées sur les portes et les serrures pour empêcher l'entrée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans un communiqué transmis mercredi soir à l'AFP, la direction de l'AIBA a "fermement condamné la récente tactique du comité exécutif, agissant sous l'appellation d'un +Comité exécutif intérimaire+ non reconnu".

Cette « tentative illégale de prise de contrôle de l'organisation », selon l'AIBA, « non seulement porte préjudice au travail de l'AIBA et de ses employés mais en plus menace la tenue des Mondiaux de Hambourg », prévus en août.

Ce blocage du siège intervient au lendemain d'un comité exécutif de l'instance tenu lundi et mardi à Moscou, durant lequel, malgré des appels à la démission, le président Ching-Kuo Wu a tenu bon et répété que depuis les JO de Rio-2016, l'AIBA s'est engagée dans  « une nouvelle ère basée sur des valeurs d'intégrité et de transparence ».

Ainsi, estimant que des décisions d'arbitrage durant les Jeux s'étaient révélées « en-dessous du niveau attendu », l'AIBA avait écarté 36 juges aribtres. L'instance avait également procédé à une réorganisation en interne, le Français William Louis-Marie, jusqu'alors directeur de la communication succédant au poste de directeur général à un autre Français, le controversé Karim Bouzidi.             

 La gestion de Wu mise en cause

 Depuis plusieurs jours, le président de l'AIBA, le Taïwanais Ching-Kuo Wu, à la tête de la fédération depuis 2006 et membre de la commission exécutive du CIO, est mis en cause pour sa gestion.

Ses opposants, parmi lesquels le Gallois Terry Smith, le Canadien Pat Fiacco et le Chinois Di Wu, reprochent à l'AIBA des irrégularités financières et estiment qu'elle est au bord de la faillite car incapable de rembourser des prêts.

Dans un communiqué diffusé mardi, l'AIBA a assuré qu'un audit financier réalisé par KPMG avait été « approuvé » par le comité exécutif réuni à Moscou. Un congrès extraordinaire a également été convoqué, et se tiendra « dans les trois prochains mois ».

Mercredi matin, a ajouté l'AIBA, un représentant du Comité exécutif intérimaire, a été « expulsé des locaux par la police suisse ». « Le siège de l'AIBA doit maintenant rester fermé en attendant la décision des autorités compétentes », a ajouté l'instance.

Dans un communiqué, le CIO, dont Ching-Kuo Wu est un membre influent, a indiqué « suivre de près les développements à l'AIBA ».

Le CIO rappelle qu'après l'avoir bloquée, il avait finalement versé à l'AIBA la contribution des JO de Rio après que l'instance, mise en cause pour l'absence de contrôles hors-compétition, eut apporté des garanties « sur le renforcement de son programme de lutte antidopage ».

L'AIBA a également fourni en décembre 2016, à la demande du CIO, un rapport d'enquête du cabinet d'audit PwC sur « les questions de mauvaise gestion financière passée », souligne encore le CIO, l'AIBA s'étant "engagée à suivre les recommandations de PwC ».

Après les décisions du comité exécutif de l'AIBA prises lundi, le CIO a ajouté avoir « besoin de plus d'informations" pour pouvoir "déterminer si de nouvelles actions sont nécessaires ».