MONTRÉAL - Ghislain Maduma avait investi temps et argent dans sa préparation, mais il semble que Ricky Sismundo est né pour contrecarrer les plans des boxeurs québécois qu’il affronte.

Après avoir arraché un nul partagé à Dierry Jean en mai, le Philippin a poursuivi sur sa lancée en battant le Québécois d’origine congolaise par décision unanime des juges, samedi soir au Centre Bell, dans le principal duel de la sous-carte du gala d’EOTTM mettant en vedette David Lemieux.

Les trois juges ont remis des cartes de 97-91, 95-93 et 95-93 en faveur de Sismundo (31-9-3), qui a rapidement annoncé ses intentions en obligeant Maduma (18-3) à poser un genou au plancher dans la dernière minute du premier round après l’avoir atteint avec une combinaison au visage.

Sismundo a ensuite continuellement mis de la pression et comme cela avait déjà été le cas dans le passé - contre Maurice Hooker en octobre dernier à New York -, Maduma s’est avéré trop passif pour renverser la vapeur. Le Philippin a ainsi rapidement enchaîné les rounds et n’a eu qu’à maintenir le rythme pour s’assurer de marquer de précieux points round après round.

Sismundo a ultimement empêché toute chance de remontée en envoyant encore Maduma au tapis avec une droite au neuvième round. Ce dernier a ensuite été en mesure de se relever, mais a fini l’assaut de peine et misère. Il n’a finalement cherché qu’à survivre au dernier round.

« C’est la défaite la plus difficile depuis le début de ma carrière, a reconnu Maduma dans les coulisses du Centre Bell. Ça va être difficile de revenir de ça et ça va être long. Je vais m’isoler.

« Cela dit, je m’attendais à un combat difficile et je suis un peu étonné des scores : je pensais avoir fait assez bien pour l’emporter. Je vais parler à mon entourage pour la suite des choses. »

Dans les heures qui ont suivies, Maduma a écrit dans un court message sur sa page Facebook qu’il n’a jamais « [boxé] juste pour boxer » que sa défaite devant Sismundo « signifie la fin de [sa] carrière en tant que boxeur » et qu’il « tourne la page sur une partie importante de [sa] vie.

La retraite pour Maduma?

Maduma avait effectué ses débuts professionnels à l’occasion de la première carte de l’histoire d’ETTOM en novembre 2010, mais a subi trois défaites à ses cinq dernières sorties. Après sa défaite contre Hooker, il avait décidé de s’entraîner au Wild Card Boxing Gym de Freddie Roach.
Une mauvaise surprise pour Théroux et Hussain

Tout juste avant le combat de Maduma, David Théroux (11-2) a visité le plancher dès le 1er round avant de s’incliner par décision majoritaire (58-55, 58-56 et 57-57) devant le Mexicain Jose Emilio Perea (24-7). Le Sorelois a été surpris par un crochet de gauche et n’a pas été en mesure de combler le retard qu’il accusait dans un très court duel de réserve de six rounds.

Perea, qui avait perdu par arrêt de l’arbitre au 10e round contre Custio Clayton à sa dernière sortie en mai au Casino de Montréal, n’a jamais eu peur d’échanger coup pour coup avec le favori de la foule. Le spectacle a été excitant, mais les deux boxeurs ont payé le proverbial prix. Malgré une coupure à l’œil gauche survenue au 5e assaut, le Mexicain n’a ensuite jamais reculé.

En plus de Maduma et Théroux, le ciel est également tombé sur la tête de Mian Hussain (16-1), étant donné qu’il a dû jeter l’éponge après la fin du 3e round de son choc contre le Mexicain Silverio Ortiz (35-18, 17 K.-O.) en raison de ce qui s’apparente à un décollement de la rétine.

Hussain a momentanément perdu l’usage d’un œil après le premier coup de poing reçu et voyait ensuite un immense point noir lorsque sa vision est revenue. Sur recommandation du médecin, le boxeur et son entourage ont sagement convenu qu’il était préférable d’arrêter, d’autant plus que Hussain avait été victime d’une vilaine chute au tapis dans la dernière minute du 3e round.

Kean et les deux Kazakhs impressionnent

Les choses se sont cependant extrêmement bien déroulées pour les autres pugilistes d’EOTTM en action samedi, à commencer par Simon Kean (6-0, 6 K.-O.), qui a réussi ses débuts au Centre Bell en battant le Mexicain David Torres Garcia (10-4) par arrêt de l’arbitre à 1:28 du 2e round.
Mais gageons que le poids lourd trifluvien aurait préféré une meilleure opposition, lui qui a fait tomber le grassouillet mexicain trois fois en l’espace de quatre minutes et demie. Torres Garcia est néanmoins parvenu à toucher solidement Kean, mais cela n’a fait qu’attiser sa grande colère.

Une défaite difficile à avaler

Batyr Jukembayev (6-0, 6 K.-O.) a encore démontré toute l’étendue de sa puissance en prenant la mesure d’Yvan Pereyra (20-8) par arrêt de l’arbitre à 2:19 du 5e round. Le Mexicain a visité le plancher à 4 reprises pendant le combat, le Montréalais d’origine kazakhe plaçant pratiquement chaque fois avec férocité sa gauche au visage de son rival. Pereyra en était déjà à sa 4e présence en sol québécois, après avoir combattu et perdu face à Antonin Décarie, Hussain et Clayton.

« Un gros jambon saucisse-bacon »

Le compatriote de Jukembayev, Ablaikhan Khussainov (3-0, 3 K.-O.) s’en est donné à cœur joie contre le Hongrois Attila Csereklye (6-3) avant que l’arbitre ne s’interpose à 1:44 du 2e round. Khussainov a envoyé Csereklye au tapis dès l’assaut initial grâce à une puissante frappe au corps et a ensuite continué allégrement son travail de destruction avant l’arrêt des hostilités.

Le Montréalais Mathieu Germain (8-0) est demeuré invaincu en 8 combats en battant le Mexicain Manuel Mares (16-10) par décision unanime (60-54 x 3). Germain est parvenu à ébranler son adversaire au 2e round à l’aide d’un direct de la droite au visage, mais a été incapable de l’arrêter avant la limite. Mares s’était incliné devant Théroux en mai dernier.

En ouverture, l’Américain D’mitrius Ballard (15-0, 11 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée du Hongrois Gergo Horvath (9-2-1) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1:20 du 2e round en vertu de la règle des trois chutes au plancher. Ballard a terminé le travail à l’aide d’une droite au menton.

Résultats de la soirée :

David Lemieux (36-3, 32 K.-O.) a vaincu Cristian Fabian Rios (21-8-3, 6 K.-O.) par décision unanime des juges (100-90 x 2, 99-91) - moyens

Steven Butler (18-0-1, 15 K.-O.) a vaincu Janks Trotter (10-4-1, 10 K.-O.) par arrêt de l'arbitre au 1er round - combat de championnat nord-américain de l’IBF - super-mi-moyens

Ricky Sismundo (31-9-3, 13 K.-O.) a vaincu Ghislain Maduma (18-3, 11 K.-O.) par décision unanime (97-91, 95-93, 95-93) - super-légers

Jose Emilio Perea (22-8, 14 K.-O.) a vaincu David Théroux (11-2, 8 K.-O.) par décision majoritaire (58-55, 58-56, 57-57) - super-légers

Simon Kean (6-0, 6 K.-O.) a vaincu David Torres Garcia (10-3, 9 K.-O.) par arrêt de l'arbitre au 2e round - lourds

Batyr Jukembayev (6-0, 6 K.-O.) a vaincu Yvan Pereyra (20-8, 14 K.-O.) par arrêt de l'arbitre au 5e round - super-légers

Ablaikhan Khussainov (3-0, 3 K.-O.) a vaincu Attila Csereklye (6-3, 4 K.-O.) par arrêt de l'arbitre au 2e round - légers

Silverio Ortiz (35-18, 17 K.-O.) a vaincu Mian Hussain (16-1, 6 K.-O.) à la suite d'un abandon au 3e round - super-moyens

Mathieu Germain (8-0, 5 K.-O.) a vaincu Manuel Mares (16-10, 14 K.-O.) par décision unanime (60-54 x 3) - super-légers

D’mitrius Ballard (15-0, 11 K.-O.) a vaincu Gergo Horvath (9-2-1, 5 K.-O.) par K.-O. technique au 2e round - mi-lourds