La télévision, la reprise vidéo et le ralenti ont tour à tour mis l'accent sur le travail - particulièrement les erreurs - des arbitres œuvrant dans le monde du sport. Plusieurs organisations ont ainsi réagi en permettant aux équipes ou aux athlètes de contester les décisions des officiels.

Même des sports aussi conservateurs que le baseball et le tennis ont fini par suivre la tendance. Mais pas la boxe. Pourtant, des intervenants du milieu militent depuis longtemps pour bouleverser l'ordre établi.

L'entraîneur Stéphan Larouche croit que le sujet est plus que jamais d'actualité à la suite du combat qu'a disputé le boxeur québécois d'origine roumaine Jo Jo Dan à Selçuk Aydin, la fin de semaine dernière à Trabzon, en Turquie.

Dan s'est incliné par décision unanime des juges (113-112, 113-112 et 115-111), mais il aurait pu en être tout autre si Larouche avait eu la chance de signaler à l'arbitre Massimo Barrovecchio que la main d'Aydin avait touché le sol pendant le cinquième round.

« Le règlement est clair : si une partie du corps autre que les pieds touche le sol à la suite d'un coup de poing, l'arbitre doit donner un compte de huit », a expliqué Larouche, à l'occasion d'un entretien avec le RDS.ca plus tôt cette semaine. « Si nous avions eu droit à la reprise vidéo, nous aurions pu remettre en question la décision de l'arbitre. »

L'entraîneur de Lucian Bute aurait également préféré que Barrovecchio enlève un point à Aydin plus tôt dans le combat et qu'il n'attende pas le 12e et dernier round comme il l'a fait.

« Aydin se serait comporté différemment. Nous aurions peut-être eu un autre genre de combat », poursuit Larouche. « Ça n'a plus d'impact sur le déroulement lorsque tu enlèves un point à la toute fin. »

Malgré tout, il refuse catégoriquement de pointer l'arbitre du doigt, jugeant même que ce dernier a accompli de l'excellent travail.

« Aydin est un boxeur très, très difficile à arbitrer », note Larouche. « Il frappe derrière la tête et après les bris, il est reconnu pour ça. L'arbitre s'est très bien débrouillé dans les circonstances. Mieux que l'Anglais lors du premier combat entre les deux. »

« Au final, tu t'exposes à tout ça en acceptant d'aller te battre en Turquie, en Allemagne ou dans les pays où les commissions athlétiques sont douteuses. »

L'entraîneur québécois ne pense pas que cette deuxième défaite contre Aydin empêchera Dan de poursuivre sa carrière au niveau international et d'obtenir la chance de disputer un jour un combat de championnat du monde.

« Ç'a été un bon spectacle. Un combat très violent avec une intensité remarquable », rappelle Larouche. « Lorsque sa mâchoire sera guérie, de belles choses l'attendront. L'histoire a prouvé que la patience rapporte. »

Cela ne serait toutefois pas le cas du détenteur de la ceinture d'argent des poids mi-moyens du WBC.

« Lorsqu'Aydin se battra dans des endroits réglementés, les chances qu'il soit disqualifié sont très bonnes », prévient Larouche. « Tu ne peux pas te rendre au sommet et y rester en faisant des choses qui sont illégales. »

L'imprévisibilité d'un duel de cogneurs

Larouche ne chôme pas depuis que Lucian Bute a défendu pour la neuvième fois son titre des super-moyens de la IBF au début du mois de novembre dernier. Il a également aidé Renan St-Juste dans sa préparation, alors que ce dernier affrontera l'Américain Anthony Dirrell dans un combat éliminatoire des super-moyens du WBC, vendredi soir à Santa Ynez en Californie.

Même s'il reconnaît qu'il s'agira du plus important défi de St-Juste depuis le début de sa carrière, Larouche croit que le boxeur de Repentigny possède tous les outils pour le relever.

« Ce sont deux boxeurs très habiles et explosifs », explique Larouche. « J'ai de la difficulté à imaginer que ce combat-là se rende à la limite. »

« Mais s'il y a un gars qui peut réussir un coup de circuit, c'est bien Renan. C'est ce qui est plaisant, d'être dans le coin d'un cogneur. Tout peut arriver! »

Larouche pense également que le parcours parsemé d'embuches et les épreuves vécues par St-Juste lui permettront de gérer mieux que quiconque le stress d'un combat éliminatoire.

« Une défaite, ce n'est jamais la fin du monde », prétend Larouche. « Il faut prendre un certain recul et regarder ce qu'il y a de positif. De toute façon, Renan a toujours été un boxeur très motivé. »

Larouche reconnaît que St-Juste a pris un certain risque en changeant d'entraîneur à la dernière minute, mais qu'il s'agissait de la bonne décision à prendre.

« Mike Moffa est un super entraîneur, et ce n'est jamais facile d'effectuer un changement en vue d'un gros combat », avoue Larouche. « Renan sera cependant mieux entouré. »

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