MONTREAL - Pour la première fois, Lucian Bute amorcera un combat à titre de champion du monde, vendredi soir au Centre Bell, quand il affrontera l'Américain William Joppy.

Pour la première fois, vers 22h45, il fera la longue marche vers le ring, devant les siens, avec la ceinture de champion IBF des super-moyens autour de la taille. Une foule record risque alors de l'accueillir à tout rompre, puisque 12 000 billets avaient déjà trouvé preneurs, jeudi. Ils avaient été 13 244 à assister à sa conquête du titre contre Alejandro Berrio, en octobre dernier.

Il y avait également plus de monde que d'habitude à la pesée jeudi à La Cage aux Sports du Centre Bell. Les habituels journalistes et observateurs locaux, mais aussi ceux de Roumanie, plus nombreux que jamais, et des visiteurs du monde de la boxe de l'extérieur du Québec, désormais curieux de voir si Bute a l'étoffe d'un grand.

Selon l'entraîneur Stéphan Larouche, le défi de Bute (21-0-0, 17 K.-O.) ne sera pas tant de venir à bout de l'expérience de Joppy (39-4-1, 30 K.-O.), un ancien champion du monde maintenant âgé de 37 ans, que de gérer la pression qui vient avec le statut de nouveau champion.

"On peut voir que c'est déjà plus gros que le combat contre Berrio, a souligné Larouche, jeudi. Et plus ça va aller, plus ce sera gros.

"Se battre en tant que champion... C'est comme s'il était allé aux Jeux olympiques - il a remporté la médaille d'or, alors il n'est pas question de se contenter de la médaille d'argent maintenant, il lui faut rien de moins que l'or encore. Il doit gagner, il doit performer, ce sont les exigences qui viennent avec le titre de champion."

Bute a aisément respecté la limite de poids de 168 livres, jeudi, alors qu'il s'est présenté sur la balance à 167,4 livres. Joppy a quant à lui fait osciller l'aiguille à 167,8 livres. Le boxeur québécois d'origine roumaine a toutefois reconnu que les responsabilités d'un champion sont un peu plus lourdes à porter que celles d'un aspirant.

"C'est vrai que la pression est sur moi maintenant, mais je suis vraiment calme, a affirmé Bute. J'ai beaucoup de confiance, je veux rester calme et concentré afin de bien exécuter mon plan de match.

"Psychologiquement, psychiquement je me sens vraiment bien, je me sens comme à mon dernier combat contre Berrio. Il n'y a aucune différence."

Les dirigeants d'InterBox ont par ailleurs réservé une petite surprise à leur tête d'affiche, qui célébrait ses 28 ans, jeudi. Ils lui ont offert un gâteau de fête tout de suite après la pesée et Bute a visiblement apprécié - même si on ne lui a évidemment pas servi de morceau.

"On va fêter demain soir (vendredi), a dit Bute, le sourire en coin. Après le combat on va fêter deux événements - une victoire et ma fête aussi."

Joppy, lui, a sensiblement répété les mêmes choses que la veille, affirmant que Bute était un bon boxeur, mais pas de son niveau. Il a répété qu'il devait remporter une victoire claire afin de ravir la ceinture au champion en titre.

"Je vais m'en retourner chez moi avec le titre", a-t-il lancé, répétant en boucle ses formules toutes préparées de la veille, comme une cassette usée.

"Il (Joppy) a le droit de déclarer ce qu'il veut. Demain soir on verra qui est le meilleur, s'est contenté de dire Bute en réaction aux propos de Joppy. Il parle beaucoup, il a une grande gueule, il va voir, il va payer demain soir, il va payer pour tout.

"La clé, dans le ring, ce sera de me servir de ma vitesse et de mon intelligence, a ajouté Bute. Il (Joppy) a une bonne droite. Je pense qu'il va l'utiliser beaucoup. Mais j'ai un plan pour la neutraliser."

Selon Larouche, son poulain devra s'attendre à tout contre Joppy.

"C'est probablement sa dernière chance, a dit l'entraîneur de l'Américain. Il va faire tout ce qu'il doit faire pour l'emporter.

"Joppy est un boxeur polyvalent. Il a tous les atouts. C'est d'ailleurs pourquoi il affronte Lucian. Si nous venons à bout de lui, ce sera une bonne expérience pour Lucian. Joppy a affronté les meilleurs, il a tout vu, ce sera bon pour Lucian de se comparer à lui."

Selon Larouche, l'âge avancé de Joppy ne sera pas un facteur déterminant dans l'issue du combat.

"C'est le genre de gars qui ne fait pas d'abus, a-t-il noté. Il ne sort pas, il ne boit pas, il reste jeune. Il y a des gars de 25 ans qui ont des corps de 40 ans, et des gars de 40 qui ont des corps de 25. Il est comme Bernard Hopkins - 40 ans, mais un corps de 25."