MONTRÉAL – « Il était prêt. Le reste, ce sont des excuses. Il cherche des excuses parce que son menton de verre n’est pas capable de prendre de coups... pas capable de prendre mes coups! »

Pour Dillon Carman, Simon Kean aura beau répéter qu’il n’était pas motivé à l’approche de leur combat du 6 octobre dernier, rien ne pourra l’empêcher de revivre le cauchemar qu’il a vécu quand les deux géants se retrouveront le 15 juin prochain au Centre Gervais Auto de Shawinigan.

Alors que Kean (16-1, 15 K.-O.) voudra prouver que cette première défaite n’était qu’une erreur de parcours, Carman (14-4, 13 K.-O.) ambitionne de l’arrêter brutalement pour la deuxième fois en un peu plus de huit mois et l’obliger ensuite à renoncer à son rêver et à accrocher ses gants.

« J’ai du respect pour l’individu et tout ce qu’il a pu faire pour la boxe canadienne, mais je vais mettre un terme à sa carrière, a lancé Carman en marge d’une conférence de presse peu courue présentée mardi après-midi à l’Espace 360 du Musée Pointe-à-Callières dans le Vieux-Montréal.

« Il paraît fort, c’est un Olympien et blablabla... mais je vais encore lui passer le knock-out. La vérité, c’est que je n’ai qu’à le toucher pour y parvenir. J’ai vu Simon évoluer chez les amateurs et les professionnels et j’ai remarqué qu’il n’a pas progressé. Simon est le même depuis dix ans.

« Quand il lance un jab, sa main arrière baisse. Et quand il lance sa droite, sa gauche baisse. Sa défense n’est pas très bonne, son jeu de jambes n’est pas très bon. Ce sont des choses qu’il faut améliorer au cours de sa carrière. C’est comme dans la vie, il faut absolument progresser. »

Comme il l’avait fait avant son combat de retour contre Rogelio Omar Rossi il y a trois semaines, Kean a réitéré aujourd’hui qu’il avait pris Carman à la légère, s’imaginant que l’Ontarien s’était amené à Québec pour encaisser un chèque de paie, une affirmation qui a fait bondir l’Ontarien.

« Je ne sais pas d’où il sort ça, s’est offusqué celui qui célébrera ses 33 ans le... 15 juin. Depuis le début de ma carrière – tant amateur que professionnelle –, je ne me suis jamais défilé. En forme ou pas, je montre toujours beaucoup de cœur. Je suis toujours là pour donner tout ce que j’ai.

« Je me fous de qui tu es, mais contre moi, t’es mieux de te présenter parce que je serai là. Il a une grosse montagne à franchir, car c’est difficile de revenir d’une défaite comme celle-là. Quand tu vois le gars qui t’a battu à l’autre bout du ring, c’est difficile de passer par-dessus. »

On ne pourra pas accuser Carman de parler à travers à son chapeau, lui qui revient justement d’un revers subi face à l’espoir invaincu Evgeny Romanov le 22 février en Russie. « Big County » s’est fait passer le knock-out après seulement 113 secondes au 1er round et ne s’est pas défilé.

« Je n’ai pas l’intention de donner d’excuses, parce que j’ai mangé une volée ce soir-là, a avoué Carman. J’ai sous-estimé plusieurs choses en acceptant ce combat : le décalage horaire, le froid et mon alimentation. Je m’en suis sorti sans dommage et c’est ce qui est le plus important. »

« Ça fait partie de la game »

Informé des déclarations de Carman, Kean n’a pas semblé particulièrement impressionné, se contentant de répondre qu’il aurait probablement agi de la même manière que son adversaire.

« Je sais faire la part des choses, a-t-il mentionné. Il m’a battu, alors qu’il ne s’y attendait pas. À la limite, je suis content pour lui. Il dit ça pour surfer sur sa victoire et peut-être m’intimider... »

« Mais je ne suis pas quelqu’un d’orgueilleux. Je n’ai pas peur de dire qu’un événement comme celui-là, c’est stressant. Ça fait partie de la game. Il ne faut vraiment pas avoir peur des mots! »

De la pression, le Trifluvien en ressentira probablement davantage en se battant devant les siens en Maurice, mais pour le moment, il préfère s’imaginer qu’il s’agira d’une carte dans sa manche.

« J’ai eu de bons combats à Shawinigan, a rappelé celui qui avait détruit Adam Braidwood au 3e round en juin 2018. Je me sens vraiment bien là-bas. Je sais que je vais devoir apprendre à me sentir bien ailleurs éventuellement, mais je suis content que la revanche soit présentée là-bas.

« J’aurai toutes les raisons du monde de ne pas le prendre à la légère. Je serai crinqué comme je l’étais contre Braidwood, et ce ne sera pas difficile, parce que [Carman] m’a battu. Rendu là, ce n’est même pas une question d’avoir de quoi à prouver. C’est juste une question d’honneur. »

Kean et Carman ont encore rendez-vous demain à Shawinigan pour une deuxième conférence de presse avant de rentrer dans leurs terres pour peaufiner leur préparation. Ils auront deux mois pour prouver que le résultat du 6 octobre dernier était une anomalie ou la réalité...