Confondre les sceptiques
Boxe mercredi, 14 mai 2014. 19:05 jeudi, 12 déc. 2024. 13:00Il y a deux ans et demi déjà que Joachim Alcine causait une véritable commotion dans le monde de la boxe québécoise en surprenant David Lemieux en finale d’un gala présenté au Centre Bell.
Vu comme l’adversaire idéal pour redonner confiance à Lemieux, « Ti-Joa » avait plutôt offert une prestation inspirée avant de se sauver avec une victoire par décision majoritaire des juges. C’est après cette défaite que Lemieux s’était fracturé la main droite en frappant dans un mur.
La carrière d’Alcine semblait alors relancée, sauf que la réalité l’a ensuite rapidement rattrapé, lorsque Matthew Macklin lui a passé le knock-out dès le premier round devant les caméras de HBO. La chute qui a suivi a été encore plus brutale, et peut être qualifiée de véritable descente aux enfers.
L’ancien champion des poids super-mi-moyens de la WBA est en effet devenu un faire-valoir pour les jeunes boxeurs fringants désireux d’ajouter un nom à leur tableau de chasse. Résultat : Alcine a subi quatre autres défaites et s’était résigné à accrocher ses gants pour de bon.
« Après ma défaite contre Macklin, je me suis complètement abandonné. Ça ne me tentait plus du tout de me battre », a raconté Alcine en entrevue au RDS.ca. « Chaque combat, je l’acceptais à la dernière minute je le prenais à la légère. Je m’en foutais complètement. »
Malgré tout, il semble qu’il y avait encore quelqu’un, quelque part, qui croyait au potentiel du boxeur québécois d’origine haïtienne. Le gérant Andrew Zak a convaincu Alcine de continuer et après deux victoires par knock-out au début de l’année, il affrontera Delvin Rodriguez, vendredi soir au Stade olympique, en finale d’un événement télédiffusé sur les ondes de ESPN.
« Andrew a su que je voulais abandonner, mais il m’a dit que j’avais tout ce qu’il fallait pour redevenir champion du monde », a expliqué Alcine, qui a renoué avec son ex-entraîneur Buddy McGirt pour ce combat. Les deux hommes avaient brièvement collaboré il y a quelques années.
« On m’a proposé d’autres entraîneurs, mais c’est avec lui que je voulais travailler », a ajouté le premier champion de l’histoire du Groupe Yvon Michel. « J’avais entendu des gens du milieu dire des choses négatives à son sujet et c’est pour ça que je l’avais tassé. J’avais été influencé. »
McGirt n’était pas dans le coin d’Alcine lorsqu’il a surpris Lemieux, mais « Ti-Joa » est convaincu que Rodriguez se présentera dans le ring le même état d’esprit que le cogneur québécois à l’époque. Rodriguez revient d’une défaite par arrêt de l’arbitre contre Miguel Cotto et a fait face à une opposition beaucoup plus relevée au cours des dernières années.
« Une des raisons pour lesquelles j’avais battu Lemieux, c’est parce que je ne l’avais pas sous-estimé », a rappelé Alcine. « J’avais fait le travail que j’avais à faire au gymnase. Il faut dire que je revenais d’un combat contre un adversaire pas tellement super. C’est eux qui m’avaient sous-estimé! »
« Et je suis un boxeur encore plus intelligent qu’à cette époque. J’ai encore beaucoup d’ambition et c’est pourquoi j’ai accepté le combat contre Rodriguez. Une victoire me permettrait de regarder encore plus loin. J’ai encore le goût de travailler pour y arriver. »
L’histoire prouve qu’il ne faut jamais compter Alcine pour battu, mais l’homme maintenant âgé de 38 ans peut-il encore défier toute logique et confondre les sceptiques? La réponse vendredi.