MONTRÉAL – L’organisation d’un gala de boxe est déjà un véritable casse-tête à la base, il n’est donc pas difficile de concevoir que l’épidémie de coronavirus complique la vie des promoteurs.

En plus de devoir s’assurer que les papiers des boxeurs provenant de l’extérieur sont en règle et que leurs dossiers médicaux sont à jour – entre autres choses –, les organisations locales doivent dorénavant fournir des informations au sujet des déplacements des visiteurs et de leur équipe.

Il s’agit d’une nouvelle directive imposée par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) – l’autorité des sports de combat dans la province –, alors que quatre événements sont prévus les 12, 14 et 21 au Cabaret du Casino de Montréal et le 28 mars au Centre Vidéotron de Québec.

« La Régie nous a demandé de leur donner la provenance de tous les boxeurs qui vont être sur les événements et les déplacements au cours des six derniers mois de leurs hommes de coin », a expliqué un peu plus tôt cette semaine le promoteur Yvon Michel qui présentera le gala du 21 mars au Casino et celui du 28 mars au Centre Vidéotron qui mettra en vedette Artur Beterbiev.

« Le Casino en fait beaucoup plus par rapport au nettoyage pour éliminer le virus, a quant à lui ajouté Camille Estephan, qui organisera les soirées du 12 et 14 mars au Casino. C’est un virus hautement dangereux qu’il faut prendre au sérieux. C’est devenu un enjeu de santé publique. »

Interrogé à ce sujet en marge d’un entraînement, Yvon Michel ne semblait pas particulièrement préoccupé par la situation, et ce, même si l’adversaire de Beterbiev, Fanlong Meng, est un Chinois et que l’un des pugilistes qui se battront en sous-carte – Guido Vianello – est un Italien.

« Je ne vois aucun problème parce que Meng, ça fait cinq ans qu’il est aux États-Unis. [Vianello] a participé aux Jeux olympiques de Rio, mais il vit à Las Vegas depuis deux ans, a fait remarquer le promoteur. Donc, tout semble être réglé de ce côté-là au moment où on se parle. »

Estephan ne pouvait cependant pas en dire autant au sujet de l’Italien Matteo Deiana, qui n’a jamais pu embarquer dans l’avion devant le mener à Montréal. Son duel contre Hubert Poulin a finalement été annulé, si bien que Roodsy Vincent a été appelé en renfort pour ouvrir la soirée face à un Mexicain. Un dénouement prévisible avec la quarantaine imposée dans tout le pays.

« L’entente avec Deiana avait été signée il y a longtemps, mais c’était évident que la situation n’était pas idéale, a reconnu l’homme à la tête d’Eye of the Tiger Management. Il a fallu dire où il s’était promené avant de venir ici et qu’il n’était pas dans une région infectée par le virus. Et rien ne garantissait que les autorités le laisseraient rentrer et c’est ce qui est finalement arrivé. »

Aucune annulation dans l’air

Au moment d’écrire ces lignes, il semble que l’annulation des quatre galas n’a pas été évoquée, mais la situation évolue d’heure en heure et les promoteurs la suivent de près. Aucune mesure ne semble avoir été dictée pour les amateurs et journalistes qui assisteront à ces événements.

Reste que plusieurs événements sportifs et culturels ont été annulés en Amérique du Nord au cours des derniers jours et les galas de boxe pourraient bien ne pas y échapper, une situation complexe pour une industrie résolument événementielle qui se planifie des mois à l’avance.

Les promoteurs et les athlètes pourraient ainsi subir d’importantes pertes financières, puisque d’importantes sommes sont dépensées en amont des combats. Un boxeur comme Beterbiev n’a pas lésiné sur les moyens pour s’offrir des partenaires d’entraînement tels Blake Caparello, Isiah Thomas et Chad Dawson. Cet investissement ne pourrait ainsi être récupéré dans l’immédiat.

Dans certains cas, le duel sera reporté – comme celui entre Jose Carlos Ramirez et Viktor Postol qui pourrait ironiquement être repoussé à une date ultérieure pour les mêmes raisons –, mais toute la préparation est néanmoins à refaire. D’un autre côté, ces situations surviennent plus ou moins régulièrement à la boxe en raison des blessures subies par les athlètes à l’entraînement.

Mais comme l’a observé Estephan, « c’est beaucoup d’émotions » et il n’est pas nécessairement toujours avisé que le cœur l’emporte sur la raison, surtout quand la vie des gens est en danger.