MONTRÉAL – Montréal-Chicago-Montréal-Orléans-Montréal : c’est la run de lait à laquelle a dû se soumettre l’entraîneur Marc Ramsay au cours de la dernière semaine seulement pour assister ses boxeurs Artur Beterbiev, Christian M’Billi et Erik Bazinyan dans leurs combats respectifs.

 

Déjà à la tête d’un groupe qui compte deux champions du monde – Beterbiev et Eleider Alvarez – et plusieurs athlètes de calibre international – M’Billi, David Lemieux, Oscar Rivas et Arslanbek Makhmudov –, Ramsay a ajouté Bazinyan et Sadriddin Akhmedov pour rendre service à Camille Estephan dans la foulée de la rupture entre Eye of the Tiger Management et Stéphan Larouche.

 

Mais ne voulant absolument pas devenir « un genre de Freddie Roach qui rencontre les gars que le soir du combat », Ramsay appréhende le moment où il devra malheureusement effectuer des choix très déchirants pour maintenir le niveau d’excellence qu’il a établi depuis quelque temps.

 

« Ce n’est pas juste une question de savoir si les gars sont bons ou pas. C’est plutôt une question de temps et de qualité de temps que j’ai à offrir à chaque boxeur, a mentionné Ramsay à la suite de la victoire de Bazinyan sur Francy Ntetu par arrêt de l’arbitre au sixième round samedi soir.

 

« Il va falloir que Camille et moi regardions tout cela. Pour le bien des boxeurs, mais pour mon bien à moi aussi. Il y a une certaine quantité de travail que je peux faire et je ne veux surtout pas diluer la quantité de travail pour accueillir plus de boxeurs dans mon gymnase. Nous allons voir.

 

« J’ai de bons assistants et j’ai des assistants – Luc-Vincent Ouellet et Samuel Décarie-Drolet – qui sont peut-être prêts à passer à une autre étape dans leur carrière. Nous allons voir comment il est possible d’organiser le calendrier et s’il y a des places, nous allons en effet ouvrir la porte. »

 

Si Ramsay n’a pas semblé démontrer un enthousiasme débordant au sujet d’Akhmedov, un ex-champion du monde des moins de 19 ans dans les rangs amateurs, c’est tout le contraire quand il est question de Bazinyan, avec qui il donne l’impression d’avoir de nombreux atomes crochus.

 

« C’est un jeune homme qui est très sérieux, très concentré sur le travail qu’il a à faire. Il n’est pas là pour niaiser. Il est conscient de ce que ça coûte comme facture pour aller dans les hautes sphères de la boxe et il est prêt à payer le prix, a vanté Ramsay. Tout de suite au gymnase, je me suis bien entendu avec lui, c’était facile. Maintenant, c’est de continuer dans cette direction. »

 

Le prochain Golovkin?

 

L’entraîneur n’était pas le seul à envisager l’avenir avec optimisme, car le promoteur Estephan est allé encore plus loin en comparant Bazinyan à Gennady Golovkin, ex-champion unifié des poids moyens qui est considéré comme le quatrième meilleur « livre pour livre » de la planète.

 

« Il n’a pas perdu depuis l’âge de 13 ans et n’a pas perdu à un haut niveau. Il a toujours fait ce qu’il fallait pour gagner, c’est vraiment un winner, a louangé Estephan. Nous savons ce que nous avons entre les mains. Nous faisons des projections et il se met lui-même beaucoup de pression. Nous travaillons tous très fort et son équipe a très bien fait à leur premier combat ensemble. »

 

« Il est déjà champion nord-américain, alors l’important est de s’assurer qu’il progresse et de lui faire faire le tour du jardin, a nuancé Ramsay. Il faut lui voir tout ce qui se fait en boxe : les gars qui accrochent, les gauchers, les droitiers... il faut monter doucement d’un cran pour s’assurer que lorsque le grand jour arrivera, il soit fin prêt et non juste une balloune qui se dégonflera.

 

« Je n’aime pas faire des projections à long terme. J’aime plutôt y aller combat par combat... je cherche certaines choses d’un point de technique, mais souvent, ce sont les boxeurs eux-mêmes qui me démontrent qu’ils sont prêts. Je ne m’y attends souvent pas et ils me le démontrent. »

 

Fidèle à son habitude, Ramsay est demeuré prudent quant à ce qu’il projetait pour le boxeur qu’il vient tout juste de prendre sous son aile, mais cela ne l’a pas empêché de se montrer extrêmement satisfait de son comportement contre un vieux routier de la trempe de Ntetu.

 

« Pour son cheminement, c’est majeur, a lancé Ramsay. La préparation, le stress d’affronter un local, les conférences de presse, c’était tricky. Erik a été en mesure de contrôler ses émotions avant et pendant le combat. C’est d’ailleurs ce que je lui avais dit : il fallait rester de glace. »

 

Les comparaisons avec Golovkin – médaillé d’argent aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 et auteur de 20 défenses consécutives du titre des moyens de la WBA – sont évidemment assez farfelues, mais il n’y a aucune loi qui interdit les gens de rêver comme l’a mentionné Estephan.