MONTRÉAL – En regardant la décision officielle – victoire par arrêt de l’arbitre au 10e round – et les cartes des juges – 89-79, 88-80 et 88-80 – au moment de l’interruption du combat, il pourrait être tentant de croire que Steven Butler a franchi une nouvelle étape dans son développement.

 

Après tout, le Québécois a réussi à venger le verdict nul majoritaire qu’il avait arraché à Jaime Herrera en mai 2015 et a su se relever d’un passage à vide au cinquième round pour infliger à l’Américain une première défaite avant la limite en plus de trois ans, hier soir, en finale d’un gala de la série « l’Antre du Tigre » d’Eye of the Tiger Management présenté au Casino de Montréal.

 

Si son promoteur Camille Estephan s’est dit « très satisfait » de la prestation de son protégé âgé de 22 ans, son entraîneur Rénald Boisvert n’a pas caché sa déception devant certaines erreurs qui continuent de se répéter, concédant qu’il y a encore « beaucoup de choses à améliorer ».

 

« Je pense qu’il y a des gens qui [prennent plus de temps] à comprendre, a lancé un Boisvert mi-blagueur, mi-sérieux, après le 23e triomphe en 25 combats de son boxeur. Je pense que là… Après ces 10 rounds, je suis convaincu que Steven va avoir pogné quelque chose [samedi] soir.

 

Butler devient champion des poids super-mi-moyens

« Steven s’est fait pincer [au cinquième round], mais dans un combat, c’est normal. Ce que je veux voir, c’est que tu fais après. Il faut repartir la machine avec la même stratégie et ne surtout pas embarquer dans le jeu de l’adversaire. Avec un autre, ç’aurait peut-être été différent.

 

« Nous nous étions entendus sur un plan de match et il doit le suivre. Ce qui est intéressant, c’est qu’il l’a fait pendant presque 10 rounds, mais il a encore de petites choses à accomplir avant d’être le boxeur quasi parfait que nous voulons voir. Nous savons que nous y arriverons. »

 

Même si Butler (23-1-1, 20 K.-O.) s’est finalement retrouvé dans un combat plus compliqué que prévu après avoir envoyé Herrera (15-6-1) au tapis à deux reprises au deuxième assaut, son entraîneur estime cependant que de précieuses informations ont enfin pu être recueillies au fil des rounds.

 

« C’est une bénédiction du ciel, a expliqué Boisvert. Si le combat s’était fini au deuxième round, ç’aurait été trop beau. Je n’aurais pas vu ce que j’ai vu, ç’aurait été trop parfait. Les huit autres rounds nous ont montré qu’il y a encore des choses à travailler quant au respect de la stratégie.

 

Butler force l'arbitre à s'interposer

« Il faut avoir la même attitude tout au long du combat. La seule façon de s’éviter du trouble, c’est de ne pas prendre de chances et de respecter son adversaire. Tu as beau l’avoir envoyé au plancher, il a beau être en sang et laissé presque pour mort, un combat ce n’est jamais fini.

 

« [Mon adjoint] Jean-François [Bergeron] et moi nous posons continuellement la question. C’est bien beau travailler sur des choses et une stratégie précise, mais il faut que Steven soit capable de l’appliquer. Il faut qu’il soit capable de boxer de façon stratégique pendant tout le combat. »

 

Normalement, Butler devrait être de retour dans le ring le 23 juin, mais il est fort peu probable que ce soit contre Brandon Cook. L’Ontarien, qui avait battu le Québécois en janvier 2017, doit se battre en mai et il pourrait recevoir une offre pour une rencontre au sommet en septembre.

 

« Je ne pense pas que Cook soit bien meilleur que [Herrera], a analysé Boisvert. Rappelez-vous les premiers rounds, ç’allait bien pour Steven. Il n’avait pas plus de difficulté qu’avec Herrera.

 

« Cook, c’est un solide gaillard, mais il n’est pas plus habile ou meilleur technique que Herrera. Je dirais même qu’il est moins bon. Il est plus ouvert et plus facile à toucher, mais c’est un terrible encaisseur et Steven devra être prêt à faire tous les rounds [d’un éventuel combat entre les deux]. Il pourrait même réussir à le dévisager, mais il faut s’attendre à ce qu’il reste de debout. »