MONTRÉAL - Lucian Bute a beau avoir gagné le respect de Carl Froch, ce dernier estime encore qu'il est un boxeur supérieur au champion IBF des super-moyens.

Quelques semaines après avoir louangé Bute pour avoir accepté de boxer à l'étranger, Froch a retrouvé son attitude de «grande gueule», jeudi, quand est venu le temps de mousser le combat que le boxeur britannique livrera le 26 mai prochain chez lui, à Notthingham, face au Montréalais d'origine roumaine.

Froch a ainsi retrouvé les vieux réflexes qu'il avait affiché avant qu'une entente intervienne entre les deux clans. Il avait notamment accusé Bute de vouloir boxer seulement chez lui.

«J'ai perdu un combat serré contre Andre Ward en finale du Super Six, et avoir su que le score n'était pas en ma faveur, j'aurais décoché quelques coups de plus, j'aurais foncé davantage, a déclaré Froch lors d'une conférence téléphonique organisée par le service multimédia Epix, qui diffusera le combat. Mais chose certaine, ma confiance n'a pas été démolie par ce combat, vraiment pas.

«Et je ne crois pas que Bute soit un meilleur boxeur que Ward. Je ne suis même pas certain qu'il soit un meilleur boxeur que Mikkel Kessler, Andre Dirrell ou Jermain Taylor.»

Froch s'est incliné par décision unanime devant Ward, le 17 décembre dernier. Les juges ont donné deux scores de 115-113 et un autre de 118-110 en faveur du champion WBC et WBA des super-moyens. Froch a par ailleurs battu Dirrell et Taylor, et perdu par décision unanime contre Kessler, dans l'antre de celui-ci au Danemark.

«Bute, lui, quand on regarde son curriculum vitae, il n'y a que deux noms qui ressortent: Glen Johnson et Brian Magee, a lancé Froch. C'est donc avec beaucoup de confiance que je vais aborder le combat, parce que j'ai retenu les leçons de l'affrontement contre Ward et je sais ce que je dois corriger.

«Ça ne veut pas nécessairement dire que Bute n'est pas un bon boxeur, a ensuite précisé Froch. Ça veut dire qu'on ne sait pas. Nous allons tous avoir la réponse samedi (le 26 mai).»

Fidèle à ses propres habitudes, Bute n'a pas choisi la voie de la surenchère à son tour au téléphone. Il n'a répliqué... qu'un tantinet.

«Ce n'est pas la première fois qu'il parle comme ça, on le sait, il a une grande gueule, a lancé Bute. Mais ça ne me dérange pas. Je sais ce que j'ai dans ma tête et je me concentre sur ma propre préparation.»

Bute, qui s'entraîne en Angleterre depuis le week-end dernier, a indiqué que l'acclimatation au décalage horaire et à son nouvel environnement allait bien. Le nouveau citoyen canadien loge présentement dans une ville anglaise que le clan Bute préfère ne pas identifier afin de ne pas se faire déranger.

Froch, de son côté, savoure le fait qu'il pourra disputer un premier combat chez lui depuis 2009.

«Ce n'est pas tant le fait d'être chez soi qui est l'avantage, puisque je loge quand même à l'hôtel, a noté le Britannique de 34 ans. C'est davantage le fait d'être à l'étranger qui est mentalement épuisant.

«Je me souviens qu'en vue de mes deux combats précédents, à Atlantic City, je logeais à Manhattan. Il fallait marcher plusieurs coins de rue pour aller courir à Central Park, je devais aller m'entraîner dans un gym où je ne connaissais personne, et il y avait toujours un brin d'incertitude quand venait le moment d'aller chercher quelque chose à manger...

«J'avais vécu ça avant le combat contre Johnson et j'ai eu l'impression de vivre la journée de la marmotte quand j'ai dû recommencer en vue du combat contre Ward. Je voulais en finir au plus vite avec l'affrontement, j'avais juste hâte de retrouver ma famille pour Noël, alors je n'ai jamais pu trouver la mentalité de guerrier qu'il aurait fallu avoir. C'était entièrement de ma faute, mais c'était comme ça.»

Entraînement préventif

«C'est pas mal comique, si vous voulez mon avis», a lancé Froch quand il a appris que Bute s'est souvent entraîné, ces dernières semaines, au son des rugissements de la foule partisane de Nottingham, et aussi des cris nasillards et incessants de l'épouse du boxeur britannique, Rachel.

«C'est une chose d'entendre le son, mais c'est une autre d'en entendre les vibrations dans sa poitrine, a fait remarquer Froch en parlant des bruits de foule. Je sais que Bute a boxé devant 20 000 spectateurs à Montréal, mais je sais aussi qu'il y a toute une atmosphère quand je boxe à Nottingham. Jamais Bute ne réussira à se préparer pour ça.

«Et rien qu'à la pensée de devoir s'entraîner sous les cris de Rachel...», a continué Froch, avant de lancer un juron typiquement britannique et de s'esclaffer.

L'aspirant a lancé un autre jab verbal à Bute en faisant allusion au combat-revanche qu'il pourrait y avoir, plus tard cette année, si le Montréalais devait s'incliner à Nottingham.

«Je présume qu'il vient ici avec la confiance de savoir qu'il pourra toujours se reprendre à Montréal», a indiqué Froch.

«Il dit ça pour sa propre confiance, pour se convaincre», a rétorqué Bute, qui a par ailleurs cherché à semer le doute chez Froch quant à la stratégie qu'il empruntera.

«Je suis un gaucher naturel, alors oui, il devra surveiller mon uppercut du gauche. Mais il devra aussi faire attention à mon crochet du droit, a prévenu le protégé de Stéphan Larouche. Chose certaine, je lui réserve une surprise.»