MONTRÉAL - Même si Arturo Gatti a signé un document qui offrirait la somme d'un million de dollars à sa femme si jamais il lui était infidèle, les relations au sein du couple étaient tumultueuses au cours des derniers mois avant le décès du boxeur.

C'est ce qu'a soutenu mardi son ami Chris Santos, alors qu'il témoignait au procès civil qui s'est amorcé à Montréal afin de régler la question de l'héritage de plusieurs millions de dollars de l'ancien champion du monde.

L'héritage fait l'objet d'une féroce dispute entre la veuve de M. Gatti et la famille du boxeur. Au coeur du débat: la validité de deux testaments désignant des bénéficiaires différents.

En juin 2009, soit quelques semaines avant son décès, Arturo Gatti et son épouse brésilienne, Amanda Rodrigues, ont embauché un notaire montréalais pour les aider à mettre à jour leurs testaments.

Il a également couché sur papier, dans un document légal séparé, une clause selon laquelle Arturo Gatti donnerait 1 million de dollars à Mme Rodrigues si celle-ci était capable de prouver que son mari lui avait été infidèle.

En cour, les avocats de M. Gatti ont soutenu que le boxeur n'avait pas compris ce que contenait le testament de 2009, qui léguait tout à sa veuve. Ils soutiennent que c'est le testament précédent, dont la copie n'a jamais été trouvée, qui est valide et que c'est à sa famille que revient sa fortune.

Le document le plus récent a été rédigé par Bruce Moidel, un notaire âgé de 78 ans comptant plus de 50 ans d'expérience.

Devant le tribunal, Me Moidel a indiqué qu'il avait suggéré aux époux de mettre leurs testaments à jour lorsqu'il a appris qu'ils voyageraient sans leur jeune fils.

Dans le testament datant de 2009, aucune somme n'a été léguée à la fille du boxeur, Sofia Bella, issue d'une autre union.

M. Moidel a soutenu que M. Gatti voulait que le nom de sa fille apparaisse dans le document mais qu'il avait fait d'autres arrangements financiers pour elle.

Le notaire a également affirmé que c'est lui qui avait suggéré la clause d'infidélité et que c'était une première en carrière.

«Je lui ai expliqué (à Gatti) en termes généraux et je crois qu'il a compris», a soutenu M. Moidel. Celui-ci a soutenu que son client n'avait pas du tout été sous pression pour signer quoi que ce soit et qu'il croyait que le boxeur savait ce qu'il faisait.

«Mais je n'ai aucune façon de savoir ce qu'il a compris. C'est une question à laquelle seulement lui peut répondre», a ajouté le notaire, répondant aux questions insistantes de l'avocat de la famille Gatti, Carmine Mercadante.

Mais la famille et les proches du boxeur demeurent perplexes au sujet de ce testament. Ils soutiennent que les relations entre les deux membres du couple étaient tendues au cours des derniers mois avant la mort d'Arturo Gatti et ceux-ci ne vivaient pas ensemble.

Près de deux semaines avant que les nouveaux testaments soient signés, un policier montréalais a même été dépêché à la résidence des Gatti après une dispute. En faisant référence à Amanda Rodrigues dans le rapport, le boxeur a parlé de son «ex-femme».

Mais M. Moidel a affirmé que le couple qu'il a rencontré en juin 2009 semblait heureux et normal.

Un homme décrit comme l'un des meilleurs amis du boxeur, Chris Santos, a toutefois soutenu l'inverse, ajoutant que les relations étaient tendues.

M. Santos a affirmé que le couple s'était marié en 2007, à la surprise de tous et que dès 2009, les choses ont commencé à mal aller. Il a affirmé que M. Gatti avait même peur de perdre son fils.

«Il m'a dit 'je ne vois pas ma petite fille, je ne veux pas perdre mon fils'», a affirmé M. Santos, lors de son interrogatoire durant lequel il a souvent été interrompu par des objections de l'avocat de Mme Rodrigues, Pierre-Hughes Fortin. «Il aimait son fils à mort, il l'aimait tellement», a ajouté Chris Santos.

Arturo Gatti a été retrouvé mort, à l'âge de 37 ans, en juillet 2009, dans un appartement qu'il louait avec sa famille dans la station balnéaire de Porto de Galinhas, au Brésil.

Les autorités brésiliennes ont tout d'abord affirmé que Mme Rodrigues était la principale suspecte dans le décès de son mari, mais l'ont ensuite relâchée lorsqu'une autopsie a révélé qu'il s'était suicidé. Le rapport indique que M. Gatti s'est pendu avec une courroie de sac à main attachée à une poutre d'escalier dans leur appartement.

Une conférence de presse doit avoir lieu mercredi au New Jersey, où l'ancien gérant d'Arturo Gatti, Pat Lynch, doit révéler les résultats d'une enquête privée qui, dit-il, prouvent que le boxeur ne s'est pas suicidé.