MONTRÉAL - Fort d'une victoire complètement inattendue sur Ismayl Sillakh à son dernier combat, Denis Grachev souhaite poursuivre sur sa lancée contre Lucian Bute.

Négligé à 11 contre 1 par les preneurs aux livres, Grachev a surpris Sillakh - un espoir invaincu de la division des poids mi-lourds - en l'emportant par arrêt de l'arbitre en finale d'un gala présenté sur les ondes du réseau américain ESPN au mois d'avril dernier.

Maintenant classé 3e au WBC et 11e à la IBF, Grachev entend profiter du fait qu'il affrontera un ancien champion des super-moyens pour prouver qu'il est plus qu'un simple aspirant à une ceinture mondiale.

« Ce sera le plus gros combat depuis le début de ma carrière », a reconnu le boxeur originaire de Chaykovsky en Russie. « Je me suis entraîné très fort. J'ai d'ailleurs connu mon meilleur camp d'entraînement à vie. »

Même si Grachev respecte et à la limite admire le parcours de Bute, il ne pense pas que le Québécois d'origine roumaine a encore ce qu'il faut pour tenir 12 rounds dans le ring avec lui. Évidemment, il compte s'inspirer de Carl Froch, seul pugiliste à avoir battu Bute.

« J'ai regardé plusieurs vidéos de ses combats et Bute a prouvé qu'il peut encaisser », a continué le double champion du monde de kickboxing. « Mais lorsqu'il reçoit de la pression, il ne peut soudainement plus rien faire. »

Beaucoup plus nuancé, préparateur physique et assistant gérant de Grachev, Baruch Ferreira, est convaincu que Bute retrouvera le style qui lui a permis de connaître autant de succès par le passé. Il croit également dur comme fer que Bute essaiera de l'emporter par décision des juges.

« Bute ne répètera pas ses erreurs. Il va boxer à l'extérieur et se déplacer continuellement », a expliqué Ferreira. « Nous savons qu'il possède un très bon uppercut, mais nous sommes prêts à toute éventualité. »

« Quand un boxeur perd, les gens se mettent soudainement à dire toutes sortes de choses négatives à son sujet. Nous n'allons pas tomber dans ce piège. »

Ferreira demande cependant à tous ceux qui croient que son boxeur n'a qu'une arme à son arsenal - la main droite - de se garder une petite gêne et de visionner à nouveau le combat contre Sillakh pour se rafraîchir la mémoire.

« Denis l'a travaillé round par round », a rappelé Ferreira. « Si Denis ne l'avait pas ébranlé au 8e, il l'aurait fait au 9e ou au 10e. »

« Je m'attends d'ailleurs au même genre de résultat contre Bute. Plus le duel avance, plus Denis est en contrôle de la situation. Mais nous savons tous que ce ne sera pas facile. Après tout, la carrière de Bute sera en jeu… »

Comme en Angleterre

Si Grachev a été choisi par InterBox pour affronter Bute à son retour, ce n'est pas tant pour ses qualités à l'intérieur du ring que pour ce qu'il représente.

« Il s'agit d'un combattant de qualité qui a roulé sa bosse en kickboxing et en arts martiaux mixtes », a mentionné l'entraîneur de Bute, Stéphan Larouche. « Je ne sais pas ce qu'il va devenir à long terme, mais je peux déjà dire qu'il a la mentalité de gagnant. »

« Il a gagné partout où il est passé et il est encore invaincu en boxe professionnelle. Il ne pourrait être pas plus en confiance, puisqu'il vient de battre par knock-out un gars super classé. »

Pour Larouche, Grachev est surtout à l'heure actuelle le boxeur le plus apte à faire revivre à Bute l'enfer qu'il a vécu pendant son combat face à Froch. Le genre de conditions indissociables aux affrontements d'envergure entre grands champions.

« Grachev va tout faire pour gagner par knock-out », a ajouté Larouche. « Lucian va revivre ce qu'il a ressenti en Angleterre, mais chez lui avec la pression d'être obligé de gagner. »

« Et c'est exactement ce que je veux voir. Je veux du rythme. C'est samedi que nous allons tous savoir si Lucian est réellement rétabli. »