Je ne sais pas comment Joachim Alcine s'était préparé en vue de son combat contre Alfredo Angulo, mais je sais cependant que c'est impossible de battre ce dernier en tentant d'échanger coup pour coup avec lui.

Ça peut évidemment fonctionner pendant un certain temps, mais sa force de frappe finit toujours par te rattraper. Chose certaine, ce n'était vraiment pas la bonne façon d'aborder cet affrontement.

Le résultat du combat de samedi soir reflète assez fidèlement l'état de la relation entre Joachim et le Groupe Yvon Michel : nous ne voyions tout simplement plus les choses de la même façon. Il souhaitait aller dans une direction et nous, dans une autre avec nos autres boxeurs.

Pour être honnête, même si Joachim avait gagné face à Angulo, son contrat n'aurait pas été renouvelé lorsqu'il viendra à échéance en décembre. C'était déjà décidé depuis longtemps que nos chemins se sépareraient. C'en était rendu à un point de non-retour.

Joachim ne respectait plus nos directives depuis un bon moment déjà et depuis qu'il s'était associé avec le promoteur américain Don King, nous n'étions pratiquement plus dans le portrait.

Nous avions établi un plan de match précis à la suite de sa défaite aux mains de Daniel Santos en juillet 2008, afin de le ramener dans l'élite mondiale. Après avoir signé une nouvelle entente d'un peu plus d'un an au mois de juillet dernier, Joachim devait se battre à trois reprises entre août 2008 et avril 2010 avec pour objectif de se hisser dans le top 5 mondial. Ultimement, il aurait fait les frais de la finale du gala présenté au Stade Uniprix en marge du Grand Prix de Formule Un dans un combat de grande importance.

Sauf qu'après avoir battu le Français Christophe Canclaux au Casino de Montréal en décembre 2009, Joachim et son entourage ont jugé que les choses n'allaient pas assez rapidement à leur goût. Ils jugeaient qu'ils n'avaient plus besoin de duels préparatoires, alors que nous pensions le contraire. Entre-temps, King lui a promis un affrontement avec Cory Spinks et c'était maintenant devenu très clair que Joachim et GYM ne pouvaient plus continuer ensemble.

Nous ne prétendons pas qu'il n'y a qu'une manière de faire les choses dans le monde de la boxe, mais la vision de Joachim n'était plus compatible avec la nôtre. Nous connaissons beaucoup de succès avec notre façon d'opérer et nous souhaitons évidemment poursuivre dans la même veine.

Une question de dévouement

Néanmoins, j'aurai à jamais le plus grand des respects pour Joachim, car il a permis à GYM de devenir l'organisation qu'elle est aujourd'hui. Joachim a été le meneur du groupe après la retraite d'Otis Grant et sans lui, nous n'aurions jamais pu développer un grand champion comme Jean Pascal. Je ne peux maintenant que lui souhaiter la meilleure des chances dans ses projets.

Pour devenir, mais surtout demeurer champion du monde, un boxeur doit absolument mettre plusieurs pans de sa vie de côté. La famille, la religion, les amis et le cercle social ne sont malheureusement pas compatibles avec la vie de pugiliste. Et s'il y a quelqu'un qui a bien compris ça, c'est bien Jean Pascal.

Si Jean se donne toutes les chances au monde de réussir, c'est parce qu'il ne néglige rien dans sa préparation. Il a aujourd'hui pris la direction de la Floride après des séjours en République dominicaine et en Colombie. Jean en est à la troisième des quatre étapes de son entraînement pour son combat contre Chad Dawson et tout le monde est très satisfait de la façon dont il se comporte.

Même si nous savons tous que Chad Dawson est un adversaire extrêmement redoutable en raison de sa rapidité, de son intelligence et de son expérience, nous sommes convaincus que Jean en sortira gagnant justement parce qu'il n'a jamais refusé de souffrir tout au long de sa préparation. Et pour ceux qui pourraient être inquiétés par l'état de ses épaules, sachez qu'il n'a jamais été autant en aussi bonne santé à un mois d'un combat.

De l'action à prévoir chez les 154 livres

En l'emportant contre Joachim, Angulo a ajouté son nom à la liste de prétendants qui aspirent à une ceinture dans la très compétitive division des super mi-moyens.

Angulo a tout ce qu'il faut pour devenir champion, mais pas nécessairement un grand champion. Angulo est un boxeur qui met beaucoup de pression et qui se sert de ses deux mains, il n'est pas nécessairement à l'aise contre des adversaires qui se déplacent beaucoup et qui sont capables de bien encaisser les coups comme Sergio Martinez par exemple.

Chose certaine, avec Angulo, Martinez, Miguel Cotto, Paul Williams et peut-être même Manny Pacquiao, il y a beaucoup d'action à prévoir chez les 154 livres au cours des prochaines années.

Il faudra également avoir à l'œil un certain Sergiy Dzinziruk, le champion de la WBO qui pourrait ajouter d'autres ceintures à sa collection.

*Propos recueillis par Francis Paquin