MONTREAL (PC) - Les deux mineures agressées par Dave Hilton ont vécu un cauchemar pendant trois ans. Et ce qui leur est arrivé, elles ne l'ont pas inventé ni pris dans un livre ou un film comme on veut nous le laisser croire, a lancé la procureure de la Couronne, Hélène Di Salvo, mardi, en terminant sa plaidoirie.

"Leur cauchemar est terminé. Permettons leur de dormir en paix la nuit. Je vous demande de déclarer l'accusé coupable", a ajouté Me Di Salvo en regardant la juge Rolande Matte de la Cour du Québec, en ce 17e jour de procès du boxeur accusé d'agressions sexuelles sur deux mineures.

En réplique à l'avocat de l'accusé, Me Di Salvo a indiqué d'entrée de jeu que les témoignages rendus par les deux jeunes filles, maintenant âgées de 16 et 17 ans, étaient vrais et devaient être crus.

Les deux présumées victimes de Hilton ont témoigné plusieurs jours d'affilée sans jamais changer leur version, a fait remarquer l'avocate, tandis que les témoins de la défense n'ont cessé de se contredire.

C'est le cas du père de l'accusé, de ses frères Jimmy et Mathiew et de ses autres amis, a indiqué l'avocate en analysant un à un les dires de ces témoins. Dans un geste théâtral, elle a jeté sur le tapis, un après l'autre, les compte-rendus qu'elle avait préparés.

Me Di Salvo a affirmé que l'accusé s'était montré peu crédible quand il disait qu'il n'était jamais seul avec les deux mineures, ou presque, qu'il y avait toujours des gens autour et que le monstre dans cette affaire était la mère et les deux filles.

Quand il était pris dans ses contradictions, il soutenait que sa mémoire ne lui était pas fidèle parce qu'il avait trop bu, a relevé l'avocate.

Me Di Salvo est revenue sur les affirmations des jeunes filles voulant qu'elles aient été initiées par Hilton, à partir de l'âge de 12 ans, à l'embrasser, à le masturber, jusqu'à ce qu'ils les pénètrent à moins de cinq reprises dans le cas de la cadette et moins de 20 fois dans le cas de l'aînée, comme l'indique le rapport médical.

Quand les filles ont raconté comment, en 1998, elles en étaient venues à détester Hilton et à rêver d'une vie normale, elles pleuraient tellement que ce n'était sûrement pas de la comédie, a assuré l'avocate.

"Si elles ont inventé ça, ce sont les plus grandes actrices que j'ai vu de toute ma vie", a-t-elle dit.

Terrible invention

En matinée, l'avocat de l'accusé, Paul Skolnik a soutenu que si les choses s'étaient passées comme l'ont prétendu les deux filles, quelqu'un dans l'entourage d'Hilton s'en serait rendu compte, surtout que les agressions auraient duré, selon l'accusation, plus de trois ans.

"C'est incroyable. Cette histoire ne s'est jamais produite. Il s'agit d'une terrible invention", a-t-il soutenu.

Me Skolnik estime que plusieurs éléments de la preuve sont de nature à soulever un doute raisonnable dans l'esprit de la juge au point d'acquitter l'accusé. Par exemple, le fait que le certificat médical ne relie pas l'accusé aux mineures.

Même si les deux jeunes filles ont juré devant la cour qu'elles n'avaient pas eu de relations sexuelles avec d'autres personnes que Dave Hilton, il faut qu'elles en aient eu avec quelqu'un d'autre, a affirmé Me Skolnik.

L'avocat a relu le texte signé par les deux mineures lors du 34e anniversaire de Dave Hilton, en décembre 1997, dans lequel elles disaient qu'il avait toujours l'air aussi jeune et qu'elles l'aimaient de tout coeur et pour toujours.

Il a également exhibé des photos montrant l'aînée des mineures avec Hilton, en Floride, souriant allégrement.

A cette époque, a signalé l'avocat, les agressions sexuelles présumées se poursuivaient.

A la sortie de la salle d'audience, Me Skolnik a évalué avoir démoli toutes les théories de la Couronne, et démontré que toute cette histoire avait été fabriquée et qu'il s'agissait d'un coup monté.

Pour la première fois depuis le début du procès, l'accusé a versé quelques larmes en mi-journée, à l'extérieur de la salle d'audiences. A d'autres moments, il semblait sourire nerveusement mais se reprenait quand la juge Matte balayait la salle du regard.

Le procès se poursuit aujourd'hui, le temps pour Me Skolnik de soulever quelques questions. S'il est reconnu coupable, le champion mondial des super-moyens de la WBC est passible d'une peine d'emprisonnement de dix ans.