MONTRÉAL - Adonis Stevenson défendra pour la sixième fois son titre des poids mi-lourds du WBC la semaine prochaine, mais l’événement est très, très loin de soulever les passions.

L’adversaire - Tommy Karpency - et le lieu - Toronto - n’ont évidemment rien pour séduire les amateurs, si bien qu’une certaine lassitude pourrait être concevable dans le clan du cogneur.

Mais Stevenson refuse catégoriquement d’être sur le pilote automatique, lui qui aspire toujours à un mégacombat d’unification avec le champion WBA, IBF et WBO Sergey Kovalev. Même si rien n’indique que les deux clans sont près d’une entente, l’espoir est tactiquement entretenu.

« Tous mes combats sont importants : je n’ai pas le droit à l’erreur. À vrai dire, aucun champion n’a le droit à l’erreur. Sauf que ma motivation, c’est d’unifier les titres », a répété Stevenson avant un entraînement tenu à son gymnase de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville à Montréal.

Le gaucher avait martelé les mêmes propos avant la quatrième défense de sa ceinture contre Dmitry Sukhotsky en décembre dernier à Québec. Le WBC avait même décrété que le gagnant du duel entre Kovalev et Jean Pascal - présenté en mars - allait devenir son aspirant obligatoire.

À la suite de son gain sur Pascal, Kovalev s’est finalement retiré de l’appel d’offres et Stevenson attend toujours. À titre comparatif, David Lemieux se mesurera au champion unifié des moyens Gennady Golovkin, quatre mois seulement après s’être emparé du titre vacant de l’IBF en juin.

« Lemieux et Golovkin sont avec (le réseau américain) HBO, alors c’est plus facile, a expliqué Stevenson. Si Kovalev avait été avec (mon conseiller) Al Haymon, ç’aurait été une affaire de rien. Nous voulons le combat, mais est-ce vraiment leur cas? Mais c’est sûr que ça va se faire. »

« Nous allons trouver une façon pour que ça puisse se faire, a ajouté le promoteur Yvon Michel. Nous sommes en train d’essayer de contrôler l’aspirant obligatoire afin que Kovalev choisisse de battre en unification. Nous essayons vraiment de mettre toute la pression que nous pouvons. »

Des combats éliminatoires entre Eleider Alvarez et Isaac Chilemba (WBC) et Artur Beterbiev et Sullivan Barrera (IBF) sont dans les cartons et des victoires d’Alvarez et Beterbiev permettraient évidemment de contrôler l’agenda. Mais beaucoup d’eau peut couler sous les ponts d’ici là.

Deux partenaires d’entraînement précieux

Autant les jeux de coulisses retiennent pratiquement toute l’attention depuis le début du règne de Stevenson, autant il est à peu près jamais question du fait qu’il semble rendu à maturité.

De légers signes d’essoufflement ont été néanmoins perceptibles pendant sa dernière sortie face à Sakio Bika, mais le principal intéressé assure qu’il a encore plusieurs années devant lui.

« J’ai commencé ma carrière à 29 ans, a rappelé celui qui célébrera ses 38 ans le 22 septembre. Quand tu commences tard, c’est complètement différent. Et puisque je suis un cogneur, mes combats n’ont jamais été très longs. Tout dépend de l’usure et du train de vie que tu mènes. »

Il reconnaît toutefois que son association avec le Kronk Gym - qui date de sa préparation en vue de son combat contre Jesus Gonzales en février 2012 - l’a grandement aidé à se ménager.

« Nous pouvons toujours faire mieux, mais je considère que nous avons effectué de l’excellent travail jusqu’à maintenant, a avoué Stevenson. Mon jeu de pieds, mes coups de poing, mes combinaisons et mon équilibre ont beaucoup changé. J’ai appris vite, car j’aime apprendre! »

Entouré de Blake Caparello et d’Earl Newman pour sa préparation, Stevenson juge qu’il a tout ce qu’il faut pour enregistrer une 14e victoire consécutive contre Karpency samedi prochain. Mais comme il a également tenu à le souligner, personne ne peut vraiment prédire ce qui va arriver.