MONTRÉAL - Lucian Bute continue de marteler qu’il n’a pas utilisé délibérément un produit contenant de l’ostarine, mais il est aujourd’hui en mesure de déterminer ce qui a mené à son contrôle antidopage positif à la suite de son combat contre Badou Jack le 30 avril dernier.

Un supplément pris pour l’aider à trouver le sommeil pendant son dernier camp d’entraînement contenait en effet des traces de la substance interdite, a révélé le boxeur québécois d’origine roumaine, vendredi matin, au lendemain de l’annonce du contrôle positif de l’échantillon B.

Bute avait appris lundi que des analyses effectuées sur tous les suppléments qu’il a ingurgités identifiaient un produit de récupération nommé Dynamite comme étant la source du problème.

Ce produit a été fabriqué par le laboratoire Pharmagenic de San Diego en Californie selon une formule élaborée par son controversé préparateur physique Angel Heredia et dont l’ostarine ne fait officiellement pas partie des ingrédients. Il y aurait eu contamination pendant la préparation.

L’ancien champion des poids super-moyens de l’IBF et son équipe attendaient des nouvelles de l’analyse de l’échantillon B pour faire part de leur trouvaille, mais ils ont appris le résultat en même temps que tout le monde lorsque le 98,5 FM en a fait l’annonce en primeur jeudi soir.

« Il s’agit d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle, a déclaré Bute en conférence de presse. La mauvaise, c’est que l’échantillon B est sorti positif. La bonne, c’est que j’ai pris un produit qui était contaminé, alors je ne me sens pas coupable du tout. Je suis déçu que ça me soit arrivé, mais je suis très content parce que ça prouve que je suis honnête. Je n’ai rien fait d’illégal. »

« Nous avons été un peu pris par surprise, mais nous nous y attendions, a ajouté le promoteur Yvon Michel. Au départ, nous mettions beaucoup d’espoir dans l’échantillon B, car nous nous disions qu’il y avait eu une erreur. Mais lorsque nous avons reçu le résultat des analyses des produits que Lucian avait pris, nous savions que le résultat de l’échantillon B serait positif. »

Bute aura néanmoins la chance de s’expliquer devant la Commission de boxe et de lutte du District de Columbia et cette dernière aurait déjà indiqué avoir pris connaissance de ce revirement avec « beaucoup d’intérêt ». Michel n’a cependant pas voulu immédiatement s’aventurer sur la durée d’une possible suspension afin de ne pas heurter les sensibilités.

Bute et son gérant Chris Ganescu ont ensuite précisé qu’ils pourraient s’inspirer du cas d’un combattant d’arts martiaux mixtes, qu’ils n’ont pas nommé et qui pourrait être Tim Means, qui a vu sa suspension réduite de deux ans à six mois après avoir prouvé qu’il avait consommé un supplément obtenu en vente libre qui contenait de l’ostarine sans que ce ne soit indiqué.

Chose certaine, l’ancien champion intentera vraisemblablement au cours des prochaines semaines des poursuites judicaires contre le laboratoire qui a préparé le supplément contaminé en raison « des torts irréparables sur l’intégrité, l’image et la réputation de Lucian Bute ».

Une controverse évitable

Comme cela avait été le cas lors de l’annonce de son contrôle positif à la fin mai, les questions au sujet de son préparateur physique ont été nombreuses, étant donné qu’il est celui qui a fourni le supplément fautif à Bute. Mais encore là, le boxeur s’est énergiquement porté à sa défense.

« Je lui ai fait confiance et il faisait partie de mon équipe, a répliqué Bute. Tout le monde fait des erreurs dans la vie et il a payé pour ça. J’ai eu confiance que ce qu’il me donnait était légal. Au moins, je peux maintenant demeurer la tête haute et regarder les gens droit dans les yeux.

« Il a signé un contrat avec ce laboratoire-là pour qu’il fabrique ses produits. Il n’est pas coupable. De toute façon, les traces d’ostarine retrouvées dans les échantillons étaient minimes, ce qui prouve que je n’ai pas consommé d’ostarine comme tel. Tout ce que j’espère maintenant, c’est de tourner la page sur cette histoire et de me concentrer sur mes affaires. »

Pour la petite histoire, rappelons que Heredia a été associé au laboratoire BALCO qui a fourni des produits dopants à des joueurs du Baseball majeur et à des membres de l’équipe américaine d’athlétisme au début des années 2000. Il s’est ensuite repenti, collaborant avec le FBI, avant de se tourner vers la boxe, où il existe un laxisme notoire dans la lutte antidopage.

Bute a réitéré qu’il n’a nullement l’intention d’accrocher ses gants et qu’il espère toujours redevenir champion du monde. Il n’a également pas statué sur le sort qui attend Heredia, mais il n’a pas totalement exclu qu’il soit encore membre de son entourage pour la suite de choses.

Ironiquement, Groupe Yvon Michel avait annoncé hier par voie de communiqué que tous ses boxeurs allaient se soumettre au nouveau protocole antidopage du WBC élaboré par la Voluntary Anti-Doping Association (VADA). Bute avait été suivi de près avant ses combats contre Jean Pascal et James DeGale, mais pas pour celui face à Jack. Si c’était à recommencer, il a reconnu qu’il aurait exigé de tels tests avant d’accepter le duel.