Même si le compte à rebours en vue du plus important combat de sa carrière s'écoule à grande vitesse, Jean Pascal n'avait pas l'intention de lancer ses meilleures attaques verbales trop rapidement, mais il a tout de même lancé un jab humoristique à Bernard Hopkins qui devra survivre à la fougue de son adversaire et … à l'hiver québécois.

«Je conseille à Bernard d'apporter ses mitaines et sa tuque car je ne veux pas qu'il attrape un rhume et qu'il ait d'excuses à propos du froid!», a déclaré avec le sourire le champion WBC des mi-lourds.

Pascal (26-1-0, 16 K.-O.) a déployé cette attaque mardi lors d'une conférence téléphonique durant laquelle il a précisé que son camp d'entraînement qui s'achèvera sous peu aura été le meilleur de son parcours professionnel.

«Je crois cela car ce camp était plus technique que normalement ce qui le rendait plus complexe. J'ai affronté plusieurs partenaires d'entraînement qui m'ont donné beaucoup de fil à retordre et c'est positif car ce sera plus facile durant le combat», a détaillé celui qui a subi son seul revers face à Carl Froch en décembre 2008.

Fier de cette préparation orchestrée son entraîneur Marc Ramsay et son préparateur physique Pedro Diaz, Pascal s'est permis de narguer légèrement Hopkins (51-5-1, 32 K.-O.).

«Voyons si le professeur peut encore donner des leçons!», a blagué Pascal au sujet de son adversaire de 45 ans.

D'ailleurs, l'âge de Hopkins a grandement retenu l'attention durant cette conférence téléphonique et le vétéran boxeur a semblé agacé par cette situation.

«On me demande tout le temps quand je vais prendre ma retraite, mais c'est le ring qui te force à te retirer. Si un boxeur me bottait le derrière, ce serait différent. Je continue de boxer car mon corps est encore capable de le faire, mais quand je serai fini, je serai fini!», a-t-il indiqué dans une envolée oratoire de plus de 10 minutes pour répondre à une seule question.

Le professeur n'entend donc pas à rire à l'approche de ce combat contre un jeune loup. De plus, Hopkins est motivé par une raison historique alors qu'il pourrait devenir le plus vieux boxeur à conquérir un titre majeur.

«Tout le monde sait que je suis vieux, mais parlons plutôt de mon âge quand je vais écrire l'histoire le 18 décembre. Je ne le savais pas, mais on m'a dit que je battrais le record de George Foreman - comme le plus vieux champion - et ce serait un bel accomplissement», a raconté Hopkins.

La clé : les ajustements

Hopkins ne s'en cache, il croyait que Chad Dawson aurait le dessus sur Pascal le 14 août dernier.

«J'avais choisi Dawson pour l'emporter surtout que je ne connaissais pas vraiment Pascal à ce moment», a avoué l'Américain qui a gagné ses trois derniers combats.

Pascal a toutefois gagné le respect de son prochain adversaire durant ce duel présenté au Centre Bell en raison du facteur qui sera la clé le 18 décembre au Colisée Pepsi de Québec.

«Dawson a été incapable de s'ajuster et c'est essentiel dans la boxe. Il n'avait pas de plan B. Il ne faut pas paniquer quand tu dois changer de stratégie, mais il n'avait pas cette capacité ni cette polyvalence», a-t-il ajouté.

En démontrant son éventail de qualités, Pascal a prouvé qu'il avait l'intelligence pour atteindre les sommets de la boxe et il devra le prouver une fois de plus lors du 28e combat de sa carrière.

«L'enjeu deviendra celui qui sera le plus intelligent, celui qui exploitera le meilleur plan et celui qui dominera au niveau de l'exécution. À la fin de la soirée, on ne parlera pas de qui était le plus jeune ou le plus vieux, mais plutôt celui qui aura été le plus intelligent», a argué Hopkins.

À ce sujet, les deux boxeurs étaient du même avis et c'est pourquoi Pascal s'est préparé pour tous les scénarios.

«Je sais que Bernard possède plusieurs trucs et une grande expérience, mais je suis bien préparé pour tout ce qu'il me présentera et je devrai suivre mon plan de match à la lettre pour l'emporter», a confirmé Pascal qui pourrait devenir le premier boxeur à infliger un K.-O. à Hopkins à son 58e combat professionnel.

La jeunesse de Pascal, un avantage ou un désavantage?

Pour le moment, les deux pugilistes ont préféré ne pas se lancer dans une guerre de mots et, tout comme Pascal, Hopkins avait une explication.

«Je ne crois pas que tu peux le déranger mentalement en raison de son âge! Les jeunes qui connaissent du succès dans la vie ont souvent cette attitude dangereuse et c'est là que l'expérience devient un facteur. Pascal ne peut pas comprendre cela car il est un peu aveuglé par son succès. Il comprendra à quel point la situation est sérieuse quand il m'apercevra dans l'autre coin du ring», avance Hopkins en comparant cette situation à un recrue au basketball qui est intimidé en affrontant Michael Jordan pour la première fois.

Confiant et fougueux, Pascal réalise totalement l'ampleur du défi et il semble plus convaincu que jamais qu'il possède tous les outils pour triompher face à ce monument de la boxe.

«Je voulais me mesurer à Hopkins parce que je veux devenir à mon tour une légende de la boxe dans l'avenir et ce serait un bon départ d'en vaincre une. Il était le gros nom disponible et c'est pourquoi je l'ai choisi étant donné que je veux affronter les meilleurs!», a-t-il expliqué.

À défaut de se lancer dans les déclarations fracassantes, le jeune champion du monde avait tout de même un message pour la légende Hopkins qui a quelques taches à sa réputation.

«Je crois qu'il veut être reconnu comme un boxeur propre et non salaud. J'espère que c'est ce qu'il désire et c'est pourquoi je m'attends à un combat propre», a souhaité Pascal en conclusion.