MONTRÉAL - Après presque une année entière passée loin de l’arène, Jean Pascal est enfin prêt à remonter dans le ring dans ce qui pourrait fort bien s’avérer son ultime tour de piste.

Inactif depuis sa percutante défaite devant Sergey Kovalev le 30 janvier dernier au Centre Bell, le boxeur québécois se battra en finale d’un événement de la série « Prestige » d’InterBox qui sera présenté le 16 décembre prochain au Cabaret de l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières.

L’identité de son adversaire n’a pas encore été dévoilée, mais Pascal (30-4-1, 17 K.-O.) a assuré qu’il s’agira d’ « un boxeur qu’il ne pourra pas prendre à la légère ». Deux rivaux potentiels ont déjà été ciblés et une annonce officielle pourrait être effectuée au cours des prochaines heures.

« Je veux affronter un boxeur résistant qui va me donner du fil à retordre et qui me permettra de savoir si j’ai retrouvé mes repères, a expliqué Pascal en conférence de presse mercredi matin. Je ne veux surtout pas me mesurer à un “jambon”, parce que je dois reprendre confiance. »

« Nous cherchons un gars respectable qui possède une belle boxe et qui a boxé contre de bons boxeurs, a ajouté son nouvel entraîneur Stéphan Larouche. Il faut un adversaire qui va obliger Jean à garder les mains hautes et à travailler. Si Jean connaissait une contre-performance par exemple, il faut que l’adversaire puisse gagner. Bref, je veux que Jean prépare ses choses. »

Pascal et Larouche avaient sommairement travaillé ensemble avant le deuxième combat contre Kovalev, mais le Lavallois s’était finalement tourné vers le réputé Freddie Roach pour succéder à son entraîneur de toujours Marc Ramsay. Si la sauce n’avait pas complètement pris à l’époque, il semble que cette fois est la bonne pour les deux hommes qui ont été rivaux dans le passé.

« Ç’a été long, parce que je voulais savoir comment ç’allait se présenter. Je n’avais pas du tout envie de courir après lui, a précisé Larouche. Il est dédié et sérieux dans sa démarche et je n’ai pas un mot à dire jusqu’à maintenant. Il s’ajoute même des entraînements en plus de ceux déjà prévus comme les grands boxeurs savent le faire. Il y a un beau mariage de nos habitudes. »

« Ce qui a peut-être mal marché avec Roach, c’est que lui et Jean ont travaillé ensemble un ou deux mois maximum. Ça ne fait pas beaucoup de temps pour peaufiner les nouvelles techniques et les nouveaux apprentissages, a continué le président d’InterBox Antonin Décarie. Cette fois, nous allons vraiment prendre notre temps pour permettre à Jean et Stéphan de s’apprivoiser. »

Maintenant âgé de 34 ans, Pascal admet que le crépuscule de sa carrière pointe tranquillement, mais sûrement à l’horizon, sauf que ce serait bien mal le connaître de prétendre qu’il ne tentera pas au moins de repousser ses limites d’ici à ce qu’il décide d’accrocher ses gants pour de bon.

« Dans les jours qui ont suivi le dernier combat contre Kovalev, j’ai pensé à la retraite parce que ç’a été un combat extrêmement difficile tant physiquement que mentalement, a avoué Pascal. Mais je suis vite retombé sur mes pieds en me disant qu’il me reste de belles années. Je ne suis pas endommagé physiquement et mentalement et c’est à moi de me retrousser les manches.

« Et je ne regarde pas juste mon adversaire du 16 décembre, je regarde plus loin que ça. J’ai d’ailleurs toujours été comme ça : quand j’avais 12 ans, je pensais où j’allais être à 18 ans et quand j’avais 18 ans, je pensais où j’allais être à 25 ans. Mon but, c’est de bien terminer ma carrière et ça commence le 16 décembre avec mon combat de retour et une belle prestation. »

« Nous allons y aller un combat à la fois. Nous allons commencer par nous améliorer et ensuite nous fixer des objectifs, a nuancé Larouche. Chose certaine, Jean a énormément de potentiel et ce que je désire par-dessus tout, c’est d’être capable de lui faire vivre une deuxième carrière. »

« Jean fait encore partie du top-15 mondial, mais c’est extrêmement important de rebâtir sa confiance. Il ne semble pas affecté, sauf qu’un boxeur qui se remet d’une défaite n’est jamais aussi confiant qu’un autre qui surfe sur une belle série de victoires, a poursuivi Décarie.

« Jean a encore un gros nom et sa valeur n’a pas été diminuée parce qu’il a perdu contre Kovalev. Il faut simplement trouver le meilleur moyen de le ramener au sommet rapidement et facilement. Il faut trouver des adversaires qui vont être capables de le faire bien paraître. »

Pour le moment, il est difficile de dire dans quelle catégorie de poids évoluera Pascal à long terme. À première vue, son avenir semble toujours passer par les mi-lourds, sauf que le principal intéressé n’exclut absolument aucune possibilité, dont celle de grimper chez les lourds. Sur ce dernier point, son entraîneur et son promoteur sont cependant extrêmement très sceptiques.

« Jean est un gros bonhomme et il a de plus en plus de difficulté à respecter la limite de 175 livres. Il vieillit et il lui reste peut-être encore un an ou deux dans cette catégorie, a mentionné Décarie. Il pourrait éventuellement évoluer chez les lourds-légers, mais en même temps, il n’y a pas vraiment d’argent à faire là. Et il n’a pas du tout la physionomie pour aller chez les lourds. »

À terme, Décarie rêve d’une rencontre au sommet avec le champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson, que Pascal n’a pas pu s’empêcher d’attaquer en lui reprochant à mot couvert d’être l’un des responsables de la morosité qui frappe actuellement la scène québécoise.

« Peut-être que c’est un cycle. Peut-être que c’est le manque d’opposition de certains adversaires, a opiné l’ancien détenteur du titre des mi-lourds du WBC de juin 2009 à mai 2011. Quand Lucian Bute boxait, il affrontait de bons adversaires et c’était la même chose pour Éric Lucas et Joachim Alcine. Il faut redonner le goût à la boxe aux amateurs à travers le Québec. »

« Il faut le ramener sur le chemin de la victoire »
« Un combat contre Adonis est très possible »