MONTRÉAL - À son premier combat depuis qu'il a subi une opération à l'épaule droite, il y a six mois, le boxeur Jean Pascal veut porter le grand coup qui propulserait sa carrière en orbite, s'il atteint la cible.

En se frottant à l'Américain Chad Dawson au Centre Bell, le 14 août, le Lavallois va tenter de réussir ce qu'aucun autre boxeur québécois, ni même entraîné au Québec, n'a accompli: vaincre un adversaire classé parmi les 10 meilleurs au monde «livre pour livre».

Dawson, la supervedette des mi-lourds du réseau de télévision américain HBO, est invaincu en 29 combats, ayant signé 17 victoires par KO. Champion du monde à deux reprises, il a abandonné les titres WBC et IBF afin d'affronter des rivaux que HBO favorisaient.

Celui qu'on surnomme «Bad» Dawson vient au premier rang du classement international des 175 livres et moins. Pascal est troisième, derrière le Jamaïcain Glen Johnson.

La bible de la boxe «The Ring» classe Dawson au sixième rang des meilleurs boxeurs de la planète, toutes catégories de poids confondues.

La ceinture de champion WBC des mi-lourds que possède Pascal (25-1-0, 16 KO) était la sienne avant qu'il y renonce. Il veut maintenant la reconquérir.

Le combat — historique sous l'angle québécois — du 14 août sera évidemment retransmis en direct sur les ondes de HBO.

Pascal négligé

Pascal sait qu'il est le négligé des observateurs, malgré son statut de champion. Il s'est dit à l'aise de camper ce rôle, jeudi.

«Je ne dirai pas qu'il est le plus talentueux. Tout le monde s'entend là-dessus. Moi, je connais ma valeur et je sais dans mon for intérieur ce qui va arriver dans l'arène le 14 août», a déclaré le boxeur vedette du Groupe GYM, en évoquant un éventuel triomphe.

Dawson devait assister à la conférence de presse qui a eu lieu dans un restaurant du centre-ville, mais des problèmes de passeport l'ont contraint à demeurer chez lui à New Haven, au Connecticut.

«Il ne trouvait pas son passeport ce matin, a expliqué son gérant Gary Shaw. Peut-être l'a-t-il égaré ou se l'est-il fait voler. Il tenait à être ici, croyez-moi. J'ai défrayé le coût d'un billet d'avion non remboursable. Il sera à Montréal le 14 août, aucune inquiétude à avoir.»

Dawson a pris part à l'annonce par voie téléphonique, pour dire essentiellement qu'il ne craint pas Pascal parce qu'il lui est supérieur.

Pascal et le président de GYM, Yvon Michel, ont affiché énormément de respect à l'endroit du grand gaucher au cours de la partie officielle de la conférence de presse. Les deux hommes ont été plus loquaces dans les entrevues individuelles qu'ils ont accordées.

«Chad Dawson s'est forgé une belle fiche contre des boxeurs quadragénaires, a noté Michel. Il a battu Antonio Tarver et Glen Johnson deux fois chacun, mais ils étaient âgés de plus de 40 ans. Ce sera la première fois qu'il se mesurera à un jeune loup de la catégorie. C'était d'ailleurs une exigence du réseau HBO, qu'il affronte un boxeur de son âge.»

Pascal et Dawson sont tous les deux âgés de 27 ans.

Le flamboyant Pascal, tiré à quatre épingles comme à l'accoutumée, a dit ne souffrir d'aucun complexe d'infériorité.

«Chad Dawson est agile, je suis vite également. Dawson est rusé, je le suis aussi. Il a un bon jeu de pied, j'ai un bon jeu de pied, a-t-il mentionné. Peu importe ce qu'il peut faire, je peux le faire également. La question est de savoir s'il peut faire ce que je peux faire. Je suis un boxeur explosif. Je peux exploser à n'importe quel moment. En est-il capable? Je ne le crois pas. Je suis avantagé à ce chapitre. Et, en plus, je me battrai à la maison.»

Épaule guérie

Pascal a assuré que la blessure récurrente à l'épaule droite qui a failli lui coûter le match-revanche contre Adrian Diaconu, le 11 décembre dernier, n'est plus qu'un mauvais souvenir. L'opération qu'il a subie a réglé le problème pour de bon.

Le fait qu'il ne mette pas son épaule à l'épreuve dans des combats moins exigeants, avant de s'attaquer à son plus grand défi en carrière, n'est pas une source de préoccupation pour Michel.

«C'est une occasion que nous ne pouvions pas laisser passer, a expliqué Michel, confiant de faire salle comble au Centre Bell. Jean craignait que Dawson se tourne vers d'autres boxeurs, et qu'il n'obtienne jamais sa chance. Cela dit, nous ne précipitons rien.»

«Je le répète depuis que je suis dans les rangs professionnels, a quant à lui résumé Pascal. Mon seul objectif est d'être le meilleur boxeur au monde. Et c'est en affrontant les meilleurs qu'on peut le devenir.»

Pascal va amorcer son camp d'entraînement en République dominicaine dès samedi. Il va par la suite se rendre en Colombie, en haute altitude. Son entraîneur Marc Ramsay, qui a entre-temps d'autres engagements à remplir, viendra l'y rejoindre.