SHAWINIGAN, Qc – À l’évidence, Simon Kean est en mesure de tirer son épingle du jeu dans les moments cruciaux.

 

Disputant un combat charnière pour sa carrière, le Trifluvien a vengé la défaite qu’il avait subie contre Dillon Carman le 6 octobre dernier en le battant par arrêt de l’arbitre à 2:56 du 3e round, samedi soir au Centre Gervais Auto, en finale d’un événement d’Eye of the Tiger Management.

 

« On avait prédit que c'était pour être rapide »

Après avoir coupé Carman (14-5) à l’œil droit et l’avoir envoyé au plancher à l’aide d’une gauche au début du 3e round, Kean (17-1, 16 K.-O.) a accentué la pression et une salve de coups restés sans réplique a incité l’arbitre Steve St-Germain à s’interposer et à mettre un terme au combat.

 

« Je suis soulagé. Je suis vraiment fier, a lancé le poids au centre du ring après son triomphe, son deuxième consécutif à la suite de celui enregistré sur Rogelio Omar Rossi le 16 mars à Montréal.

 

« Je suis soulagé. Je ne pouvais demander mieux, a ajouté le promoteur Camille Estephan. Je suis fier de Simon et de toute son équipe. Après la défaite contre Carman, son entraîneur Jimmy Boisvert a notamment été discrédité, sauf qu’il a livré la marchandise. Le résultat le prouve... »

 

« Le combat a été arrêté rapidement »

« Simon a beaucoup progressé depuis notre premier combat, alors il faut reconnaître qu’il a fait du bon travail, a quant à lui déclaré Carman. Il bougeait bien sa tête, car il était effrayé par ma main droite… mais l’arbitre a arrêté le combat beaucoup trop rapidement. Simon a commencé à lancer beaucoup de coups, sauf qu’il n’y en a que deux ou trois qui m’ont vraiment touché. »

 

Sans surprise, Carman a dit souhaiter la tenue d’un troisième choc entre les deux boxeurs, mais Kean ne s’est pas montré enthousiaste à l’idée. Il a mentionné vouloir en découdre avec le champion canadien Mladen Miljas, qui a disposé de Carman au 2e round en décembre 2017.

 

« Je vais d’abord prendre le temps de célébrer, a répondu Estephan. Il faut toutefois savoir que nous avons toujours offert aux amateurs les combats qu’ils désirent voir. Simon n’a vraiment peur de personne, mais il faut y aller une étape à la fois. Il y a tellement de belles possibilités. »

 

Deux premiers rounds difficiles

 

Le début de l’affrontement ne laissait pas entrevoir son dénouement, puisque Kean a mis de la pression sur Carman dès le premier round, mais l’Ontarien a facilement réussi à le repousser avec son jab, qui sans être particulièrement rapide, était sec et surtout extrêmement puissant.

 

Les deux boxeurs se sont également livré quelques corps-à-corps, à l’avantage de Carman, qui est parvenu à atteindre Kean solidement, sauf que ce dernier n’a jamais bronché. À la limite, il était possible de croire que le triste scénario du premier combat était en train de se répéter.

 

Au deuxième round, le favori de la foule a réussi, en partie, à renverser la vapeur en obligeant Carman à se battre contre les câbles, mais ce dernier s’est rapidement ressaisi en repoussant Kean, dont les mouvements plutôt saccadés laissaient très facilement transparaître sa tension.

 

Mais le déclic s’est produit au troisième round lorsque Kean a décidé de ne plus respecter son adversaire et de le bousculer dans les affrontements rapprochés. Il a d’abord réussi à le couper à un œil avant de l’envoyer au plancher avec une droite comme il le faisait en début de carrière.

 

Un retour triomphal pour Braidwood

 

Disputant un premier combat depuis sa défaite devant Kean il y a pratiquement un an jour pour jour, Adam Braidwood a renoué avec la victoire en disposant d’Andrew Satterfield par arrêt de l’arbitre à 1:17 du 2e round, après que l’entraîneur de l’Américain de l’Ohio eut jeté l’éponge.

 

Accueilli par les spectateurs présents sous un tonnerre d’applaudissements, Braidwood (14-2, 13 K.-O.) a livré un combat intelligent en préparant toutes ses attaques avec son jab, ce qui lui a permis d’envoyer Satterfield (5-3) au tapis au 1er round avec une combinaison gauche-droite. Il a ensuite continué son travail de démolition au 2e assaut, ce qui a mené à l’arrêt des hostilités.

 

« J’étais enfin de retour après une longue absence et je crois que j’ai démontré que je possède des habiletés. J’ai aussi prouvé que je suis encore capable de cogner, s’est réjoui Braidwood à la suite de son triomphe. Mon adversaire était un tough. Je l’ai atteint solidement plusieurs fois.

 

« Je crois qu’il s’agit de mon meilleur combat d’un point de vue technique depuis le début de ma carrière. Je me suis bagarré quelques fois, mais j’étais toujours en mesure de revenir avec ma technique. J’ai déjà hâte de revenir dans le ring contre l’Albertain Stan Surmacz à Edmonton. »

 

Ce n’est pas la première fois que Satterfield s’inclinait devant un boxeur canadien, étant donné qu’Arslanbek Makhmudov l’avait knockouté en 35 secondes en novembre dernier à Rimouski.

 

De grandes performances pour Grigoryan et Clavel

 

Une grande performance dans une grande occasion, c’est exactement ce qu’a réussi Andranik Grigoryan (11-0, 2 K.-O.) en passant le knock-out à Jorge Garcia Jimenez (14-3-1) à la conclusion du 2e round pour s’emparer du titre vacant des poids plumes de la NABA. Ne comptant qu’une petite victoire avant la limite avant ce soir, le Montréalais d’origine arménienne a terrassé le Mexicain à l’aide d’une droite dont il ne s’est jamais remis. Le nom de Grigoryan devrait ainsi logiquement figurer dans le top-15 de la WBA lors de la prochaine mise à jour du classement.

 

Tranquillement, mais sûrement, Kim Clavel (9-0) augmente le niveau d’opposition et encore une fois, elle n’a eu aucune difficulté à franchir cette nouvelle étape en battant l’ancienne aspirante mondiale Nora Cardoza (14-7-2) par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72). La défense et la vitesse supérieure des mains de Clavel lui ont permis de garder sa fiche parfaite en neuf sorties. « C’est une fille d’expérience qui s’est ajustée pendant tout le combat, alors j’ai dû travailler très fort pour aller chercher chacun des rounds, a avoué Clavel après sa victoire. J’ai reçu quelques coups pour rien et je devrai absolument éviter cela dans des duels de championnat du monde. »

 

Fidèle à son habitude, Vincent Thibault (9-0, 3 K.-O.) a offert un spectacle haut en couleur, mais également échevelé avant de vaincre Alan Carrillo (10-4) par arrêt de l’arbitre à 37 secondes du 6e round. Mécontent de la décision d’Yvon Goulet, l’entraîneur de Carrillo s’en est ensuite pris verbalement à l’arbitre et les autorités en place n’ont pas tardé avant de l’expulser de l’aréna.

 

Ce n’est pas que Raphaël Courchesne (7-0) n’a pas essayé, mais Leonel Olvera (4-3-2) a encaissé toutes ses frappes, si bien que le Maskoutain a dû se « contenter » d’une victoire par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36). Le Mexicain a notamment résisté à une puissante droite au troisième round qui aurait probablement fait plier les genoux de n’importe quel autre boxeur.

 

En lever de rideau, Avery Martin-Duval a réussi ses débuts chez les professionnels en battant Martin Sanchez (2-4-1) par arrêt de l’arbitre à 2:10 du 1er round. Celui qui a célébré ses 18 ans le 3 juin a terrassé le Mexicain à l’aide d’une gauche envoyée après une timide droite de ce dernier. Martin-Duval a remporté l’or chez les moins de 56 kilos aux derniers Jeux du Canada.

 

Kaemy Cloutier (3-0) est demeuré invaincu en prenant la mesure de Noe Acosta Cruz (2-2) par décision unanime (40-36, 40-36 et 39-36). Mais comme le dit le cliché consacré, le pointage ne reflète pas l’allure du combat, puisque le Mexicain a ébranlé le Trifluvien plus d’une fois lors du combat, dont au premier round, alors le local s’est retrouvé hors d’équilibre dans les câbles.

 

Le Montréalais d’origine russe Artur Ziyatdinov (10-0) est resté invaincu en 10 affrontements en carrière en dominant complètement Marcos Nicolas Karalitzky (6-3-2) avant de l’emporter par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72). Ziyatdinov est continuellement passé de droitier à gaucher pendant le combat, ce qui a évidemment grandement compliqué le travail de son rival.