KIEV - Le champion du monde de boxe ukrainien Vitali Klitschko, qui est doté d'un palmarès inégalé de victoires par K.-O. sur le ring, a fait dimanche son baptême du feu dans l'arène de la politique ukrainienne, en se présentant avec son parti aux élections législatives.

Avec 15% des voix, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote, le parti du boxeur, baptisé Udar ("coup" en ukrainien) est arrivé en troisième position et est devenu pour la première fois avec ces élections une force politique nationale.

Il devrait de fait entrer pour la première fois de son histoire au Parlement.

Un résultat impressionnant pour un homme qui a défendu son titre WBC des poids lourds il y a environ un mois et demi à peine et dont le parti n'était jusqu'à présent actif que dans la région de Kiev.

M. Klitschko, qui table sur environ 70 sièges sur un total de 450 au Parlement monocaméral, a toutefois estimé que sa formation aurait pu obtenir un meilleur résultat après la publication des sondages.

"J'ai dit qu'on avait un grand potentiel (...). Nous devons encore analyser pourquoi nous n'avons pas obtenu davantage de voix alors que nous aurions pu", a-t-il déclaré à la presse.

Il fait désormais face au défi de s'associer au Parlement avec la principale formation d'opposition, celle des partisans de l'ex-Première ministre emprisonnée Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange de 2004, et la formation nationaliste d'opposition Svoboda, pour former une majorité face au parti du président Viktor Ianoukovitch.

Le message politique de Klitschko, teinté de populisme, joue sur le désir de la plupart de ses compatriotes d'avoir un niveau de vie comparable à celui de leurs voisins européens.

Il a aussi su tirer parti de la déception de nombre d'Ukrainiens à l'égard des hommes politiques traditionnels, tant au pouvoir que dans l'opposition.

Sur fond de corruption généralisée en Ukraine, ce millionnaire, qui s'engage à combattre ce fléau, est aussi considéré par beaucoup comme l'un des rares hommes politiques à avoir fait fortune honnêtement, grâce à ses muscles et ses qualités intellectuelles.

"Je fais de la politique pour changer la situation, pour que chaque Ukrainien trouve un travail décent et gagne un salaire et n'aille pas chercher un meilleur avenir à l'étranger", a-t-il déclaré dans une récente interview à l'AFP.

Ce géant de plus de deux mètres, âgé de 41 ans, est devenu conseiller municipal à Kiev en 2006. Il y a déjà brigué deux fois la mairie, sans succès.

Il a fondé le parti Udar, dont l'acronyme signifie l'Alliance ukrainienne démocratique pour la réforme, en 2010.

Le boxeur jouit d'une réputation de "sportif intellectuel", qui parle couramment plusieurs langues et a écrit une thèse sur "la méthodologie pour évaluer la performance des boxeurs", selon son parti. C'est ce qui lui a valu le surnom de Docteur Poigne de Fer.

Fils d'un général de l'armée de l'Air soviétique, il est né au Kirghizstan, ex-république soviétique d'Asie centrale, où sa famille servait à l'époque. Puis les Klitschko ont vécu dans différents endroits en URSS avant de rentrer en Ukraine en 1984.

Vitali a débuté sa carrière sportive comme kick boxer avant de devenir boxeur professionnel en 1996. Son frère cadet Vladimir est aussi un champion de boxe poids lourds. Ils se sont jurés de ne jamais s'affronter sur un ring.

La plupart des victoires de Vitali ont été obtenues grâce à des KO dévastateurs. Il n'a connu que deux défaites, la plus célèbre contre le Britannique Lennox Lewis en 2003.

Moins de deux mois avant les législatives, Klitschko a battu l'Allemand Manuel Charr à Moscou par arrêt de l'arbitre au quatrième round, montrant qu'il n'a rien perdu de sa superbe.