Six boxeurs québécois ont disputé des combats de championnat du monde en 2015, et pourtant, un certain essoufflement est perceptible chez les amateurs de la Belle Province.

Il faut dire que le règne du champion des poids mi-lourds du WBC Adonis Stevenson est très loin de soulever les passions, d’autant plus que son dernier combat a été présenté à Toronto. Malgré tout, ce ne sont pas les belles histoires qui ont manqué. Revue de l’année en cinq temps.

Boxeur de l’année : David Lemieux

Dès le début de sa carrière, David Lemieux était pressenti comme un futur champion du monde. Son ascension au sommet a été aussi rapide que fulgurante, mais deux défaites subies en 2011 l’ont obligé à refaire ses classes, mais ce travail de reconstruction s’est finalement avéré payant.

Lemieux n’a pas raté sa chance de s’emparer du titre vacant des moyens de l’IBF en battant Hassan N’Dam par décision unanime des juges le 20 juin au Centre Bell. Il a notamment envoyé N’Dam quatre fois au plancher pour devenir le 15e champion du monde québécois de l’histoire.

Mais plutôt que de s’offrir une défense optionnelle qui ne lui aurait certainement pas été reprochée, Lemieux a accepté de se mesurer immédiatement au champion unifié Gennady Golovkin, qui est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète.

Dans un Madison Square Garden rempli au maximum de sa capacité le 17 octobre, Lemieux a toutefois dû s’avouer vaincu par arrêt de l’arbitre au 8e round. Et même s’il a été complètement dominé par Golovkin, le boxeur âgé de 26 ans est déterminé à revenir au sommet et à se venger.

Combat de l’année : Lucian Bute contre James DeGale

Soyons honnêtes : peu de gens donnaient la moindre chance à Lucian Bute de rivaliser avec le champion des super-moyens de l’IBF James DeGale le 30 novembre au Centre Vidéotron.

Bute n’avait pas enregistré de victoire significative depuis celle sur Denis Grachev en novembre 2012 et il était loin d’avoir convaincu les amateurs ce soir-là. Et ce n’est certainement pas sa victoire sur Andrea Di Luisa obtenue plus tôt en août qui allait changer les perceptions.

Maintenant entraîné par les frères Howard et Otis Grant et représenté par l’influent conseiller Al Haymon. Bute a prouvé qu’il lui restait encore de l’essence dans le réservoir malgré sa défaite par décision unanime des juges (117-111, 117-111 et 116-112). Surtout, il n’a pas eu l’air fou.

Fidèle à son habitude, Bute a connu un lent départ, mais est parvenu à prendre confiance quand il a réalisé qu’il pouvait encaisser les frappes de son adversaire. Au-delà de tout cela, les deux boxeurs ont offert un spectacle palpitant, l’un des meilleurs duels présentés depuis longtemps.

Knock-out de l’année : Artur Beterbiev sur Gabriel Campillo

Depuis son recrutement par Groupe Yvon Michel, l’ancien champion du monde amateur Artur Beterbviev est vendu comme l’une des prochaines grandes vedettes de la boxe professionnelle.

Beterbiev passe le K.-O. à Campillo

Beterbiev avait été à la hauteur depuis le début de sa carrière en se débarrassant notamment de l’ex-champion des mi-lourds de l’IBF Tavoris Cloud en moins de quatre rounds l’année dernière.

Cloud était un adversaire de renom, mais il avait perdu ses deux derniers combats et était sorti amoché de sa précédente sortie contre Adonis Stevenson. C’est donc pourquoi le combat pour la position de deuxième aspirant au titre des mi-lourds de l’IBF face à Gabriel Campillo intriguait.

L’ex-détenteur de la ceinture de la WBA avait démontré ses limites en subissant des défaites controversées contre Cloud et Beibut Shumenov dans le passé, mais était parvenu à surprendre l’espoir invaincu Thomas Williams fils en août 2014 pour relancer complètement sa carrière.

Mais tout comme Kovalev l’avait fait en janvier 2013, Beterbiev s’est rapidement défait de Campillo en lui passant le knock-out dans la première minute du quatrième round le 4 avril au Colisée Pepsi. La reprise du direct de la main droite suivi du crochet de gauche est saisissante.

Surprise de l’année : Kevin Bizier

Lorsque Kevin Bizier s’est rendu à Miami pour y affronter Fredrick Lawson dans un combat éliminatoire des mi-moyens de l’IBF, il savait qu’il n’avait plus vraiment le droit à l’erreur.

Battu deux fois en pareilles circonstances par Jo Jo Dan en 2013 et 2014, le boxeur de Saint-Émile se doutait que son promoteur n’investirait pas de nouveau afin de lui permettre de remonter pour une énième fois dans les classements mondiaux s’il subissait la défaite.

Étant donné que Lawson était invaincu en 24 duels et qu’il était entraîné par Abel Sanchez, les preneurs aux livres favorisaient - légèrement quand même -, le pugiliste d’origine ghanéenne.

Non seulement Bizier l’a emporté après avoir forcé Lawson à l’abandon à la conclusion du 10e round, mais il a surtout pratiquement dominé tous les rounds de l’affrontement. Grâce à sa forme physique irréprochable, Bizier s’est collé à Lawson et ne lui a jamais permis de répit. Avec cette victoire, le sympathique cogneur est devenu l’aspirant obligatoire au champion Kell Brook.

Retour de l’année : Lucian Bute

Quand Bute a décidé de poursuivre sa carrière après sa défaite contre Jean Pascal en janvier 2014, plusieurs ont cru que le moment était peut-être venu de passer à un autre appel.

Son entraîneur Stéphan Larouche était du nombre et c’est pour cette raison que les deux hommes se sont séparés. Bute s’est alors tourné vers Freddie Roach, mais une mystérieuse blessure au dos subie avant un combat prévu en décembre 2014 a tué le projet dans l’œuf.

Bute s’est ultimement retrouvé dans le gymnase des frères Grant et leur premier combat contre Di Luisa a permis au Roumain de retrouver sa confiance grâce à une victoire avant la limite.

Le projet d’affronter DeGale était ambitieux, mais Bute souhaitait trouver les réponses aux questions qu’il se posait sans cesse depuis toutes ces années. Pour une fois, l’ancien champion des super-moyens de l’IBF désirait faire les choses à sa manière, sans influence extérieure.

Bute n’a pas gagné, mais il a réussi à effacer le douloureux souvenir de la défaite contre Carl Froch. Dorénavant, cette tache ne sera plus aussi visible qu’avant. Si jamais il décide d’arrêter, il pourra le faire la tête haute en se disant qu’il a été champion du monde pendant près de cinq ans et qu’il a subi ses trois défaites contre trois anciens champions. Rien pour avoir honte.