MONTRÉAL - Foi de Lucian Bute, c'est un boxeur aussi affamé qu'à l'époque où il n'était qu'un simple aspirant qui se présentera sur le ring du Centre Bell, le 3 novembre, face à Denis Grachev.

« Vous allez voir un Lucian Bute comme avant - avant de devenir champion du monde », a assuré le Montréalais d'origine roumaine, mercredi, en conférence de presse.

Bute (30-1-0, 24 K.-O.) a dit avoir fait le ménage dans sa tête depuis qu'il a subi sa première défaite en carrière et, surtout, une sévère correction aux mains de Carl Froch, au mois de mai dernier en Angleterre. Cela l'a ramené aux bonnes résolutions qu'il se donnait au milieu des années 2000, quand il a disputé une série de combats sans bavure qui lui ont permis de devenir champion du monde des super-moyens en octobre 2007.

« Lucian avait alors cette faim-là, ce désir-là de détruire, de faire mal, a expliqué l'entraîneur de Bute, Stéphan Larouche. Il lançait en moyenne entre 600 et 1000 coups de poing par combat, ce qui était très élevé pour un boxeur de son gabarit. Mais au fil des combats où il défendait sa ceinture, son volume de coups de poing s'est mis à baisser. »

« Quand les K.-O. arrivent quand même, tu finis par croire que tu es un cogneur. Mais Lucian n'est pas quelqu'un qui finit un adversaire d'un seul coup de poing. Ses K.-O. sont préparés et la plupart d'entre eux arrivent après qu'il ait lancé plusieurs coups de poing, a noté le vétéran entraîneur. Ce qu'il a toujours bien fait de la sorte, Lucian doit continuer de le faire sans se casser la tête. C'est un boxeur qui est avant tout offensif et qui donne des angles, et c'est ce qu'il devra faire le 3 novembre. »

« Avant de devenir champion du monde, je n'avais pas beaucoup de pression sur les épaules, a pour sa part expliqué Bute. Quand je suis devenu champion, il y avait de grandes responsabilités sur mes épaules et je voulais entre autres donner un bon spectacle afin de satisfaire tout le monde. Maintenant, je dois boxer pour moi, pour ma carrière. »

« Parce que la boxe, c'est dangereux. Ce ne sont pas les gens qui regardent qui reçoivent les coups, c'est moi, donc il faut que je pense à moi. Alors si je reviens à mes anciennes habitudes, notamment en gardant les bras levés quand je boxe, ça va être très différent. »

« Lucian a quand même fait de très belles performances (une fois champion), a tenu à préciser Larouche. Il a fait un combat parfait contre Glen Johnson. »

Larouche et Bute ont quand même décidé de reprendre une habitude qu'ils avaient quand ce dernier était aspirant, soit de tenir la dernière phase de leur camp d'entraînement à Montréal. Ces dernières années, la préparation finale de Bute avait plutôt lieu en Floride, là où le boxeur gaucher a acheté une résidence secondaire.

Cette fois, en vue du combat contre Grachev (12-0-1, 8 K.-O.), Bute s'est contenté de deux semaines d'entraînement en Floride, au lieu des deux mois habituels. Le boxeur et Larouche sont revenus à Montréal mardi soir afin de poursuivre l'entraînement à la maison. Une première séance de « sparring », d'une durée de six rounds, a eu lieu mercredi matin.

Bute a alors bel et bien réalisé qu'il aime encore la boxe et qu'il a hâte à son prochain combat.

« Ç'a fait du bien d'échanger des coups, et d'en recevoir, a indiqué le boxeur de 32 ans. Ça m'a fait penser au dernier combat, c'est sûr, mais en même temps j'étais très content de passer à cette phase-là, de revenir à ma place. J'ai le goût de retrouver ma place comme avant. »

On vise 10 000 spectateurs

Plus de 7000 billets ont été vendus en vue du gala auquel participeront également Renan St-Juste, Mikael Zewski et Sébastien Gauthier. InterBox souhaite une foule d'au moins 10 000 spectateurs.

Le boxeur de Québec Pier-Olivier Côté (19-0-0, 13 K.-O.) ne sera pas de la partie. Il a dû officiellement déclarer forfait, mercredi, en constatant qu'il ne serait pas suffisamment en forme en vue du gala.

Côté avait également dû mettre un frein à ses activités l'an dernier en raison d'une baisse d'énergie. Des médecins cherchent actuellement à mieux cerner le problème et on soupçonne que ce serait attribuable à des troubles du sommeil.

« On a une bonne voiture (en Côté) et il y a un peu d'eau dans le gaz pour le moment, mais il reste à trouver le bon carburant et ça va repartir en grand », a lancé Larouche à ce sujet.

Fort d'un séjour enrichissant à Las Vegas, St-Juste (23-3-1, 15 K.-O.) affrontera Allan Green (31-4-0, 21 K.-O.), un Américain qui a participé au tournoi Super Six.

Zewski (16-0-0, 12 K.-O.), un Trifluvien dont les droits appartiennent au promoteur américain Top Rank, se mesurera au Mexicain Roberto Ventura (13-6-0, 12 K.-O.). Il en sera à son quatrième combat en sol québécois, son premier depuis qu'il s'est battu en sous-carte du duel entre Jean Pascal et Bernard Hopkins, en mai 2011.

« Je veux montrer aux amateurs d'ici ce que j'ai appris depuis la dernière fois que j'ai boxé ici, a indiqué Zewski, qui a remporté ses sept derniers combats par K.-O. Je veux montrer que je peux donner plus de coups et frapper avec plus d'autorité. »

Gauthier (21-3-0, 13 K.-O.), qui a signé une victoire expéditive à son combat précédent, fera face au Mexicain Rodrigo Guerrero (17-4-1, 11 K.-O.). L'athlète de Saint-Jérôme se battra pour la première fois chez les 115 livres.

« Avec tous ces athlètes invaincus et ces boxeurs aux fiches sans défaite, ça me fait penser aux cartes de l'UFC, a lancé Gauthier. Ça va donner un programme de bon niveau. »

Le Montréalais Schiller Hyppolite (5-0-0, 2 K.-O.) et Francy N'Tetu (7-0-0, 2 K.-O.), de Chicoutimi, se livreront un combat à saveur locale. Michael Gadbois (7-0-0, 3 K.-O.), de Saint-Hyacinthe, participera lui aussi à la soirée.