La belle ascension de Dierry Jean
Boxe vendredi, 21 oct. 2011. 21:04 samedi, 14 déc. 2024. 19:58
Ça faisait longtemps qu'on me vantait les mérites de Dierry Jean. Jeudi soir, lors du premier gala Rapides et dangereux, j'ai été impressionné par la prestation du boxeur montréalais.
Pour être honnête, j'ai déjà éprouvé certains doutes à l'endroit de Dierry. Pour une raison ou une autre, à chaque fois je le voyais sur un ring, je constatais qu'il lui manquait ce petit quelque chose. Bref, j'étais assez sceptique, de sorte qu'au moment où son contrat est venu à terme, j'avais décidé de ne pas le renouveler. Il s'est relevé les manches alors qu'il a été pris en main par Camille Estephan - un gérant qui fait beaucoup d'encadrement avec les boxeurs au Québec. Il lui a fourni un préparateur physique ainsi qu'un nutritionniste. Puis à un certain moment, Estephan est venu me voir pour me dire que Dierry allait vraiment bien. Quand nous l'avons ramené sur un événement, il s'est blessé à une épaule. Nous n'avons donc pas pu voir ce qu'il valait. Puis, lors du combat suivant, il s'est fracturé la mâchoire. Étant donné qu'on avait eu notre leçon avec Herman Ngoudjo, qui avait subi une blessure semblable, je ne savais plus quoi penser de Dierry Jean.
Face à Francisco Lorenzo, mes doutes se sont dissipés. Ce Lorenzo représentait tout un défi puisqu'il s'agissait du même boxeur qui avait donné du fil à retordre à Eric Morales en décembre dernier et qui avait déjà vaincu Humberto Soto en 2008. Or, j'ai découvert en Dierry Jean un boxeur très habile, qui utilise beaucoup ses réflexes, comme le fait si bien Jean Pascal. Il avait bien étudié avec son entraîneur Michel Moffat et il savait exactement ce qu'il devait faire pour vaincre Lorenzo. J'ai été ravi par la vitesse de Dierry ainsi que par sa capacité d'adaptation. Il aurait pu s'asseoir sur ses lauriers au 10e round - sachant que la victoire était acquise - mais il a décidé d'ouvrir intelligemment la machine. Il a tout fait pour tenter de lui passer le K.-O. Il n'a pas réussi, mais les amateurs de boxe présents ont grandement apprécié le spectacle.
J'avais insisté pour qu'il affronte un boxeur aguerri, un adversaire qui nous permettrait de connaître sa vraie valeur. Dierry a 29 ans; c'est le moment opportun pour le pousser à un niveau supérieur. Il nous a prouvé qu'il était prêt à relever le défi. Il était conscient de l'importance de l'événement, qu'il serait évalué. Il a brillamment répondu au test qui lui a été imposé.
Son prochain combat aura lieu le 26 janvier. Pour l'occasion, il devra disputer la victoire lors d'un combat de 12 rounds, qui aura comme objectif de le propulser vers les classements mondiaux.
Près d'une annulation
Le premier gala de la série Rapides et dangereux a bien failli être annulé lorsque nous avons appris le forfait de notre tête d'affiche, Antonin Décarie. Sans lui, notre événement n'allait pas être très porteur. Je dois avouer que notre premier réflexe a été de repousser le gala à une date ultérieure, soit le 17 novembre.
Cependant, nous n'étions pas certains si Antonin allait être totalement remis de sa blessure. C'est toujours risqué de programmer un événement avec quelqu'un qui est déjà blessé. Il a donc fallu analyser la carte en profondeur. Nous en sommes venus à la conclusion que nous avions un bon programme. La seule chose qui nous manquait, c'était notre vedette.
Nous avons effectué un surclassement de l'adversaire d'Eleider Alvarez. Nous aurions aimé qu'Alvarez ait encore plus d'opposition. Néanmoins, je suis content de la prestation offerte par Michael Walchuck.
Nous avons également pris un autre facteur en ligne de compte. Plusieurs boxeurs de la carte ne s'étaient pas battus depuis le mois de mai. Je pense ici à Didier Bence, Eleider Alvarez, Dierry Jean et Oscar Rivas. Ce sont tous des professionnels qui gagnent leur vie avec la boxe; retarder le tout d'un mois aurait été douloureux pour eux financièrement.
Un combat qui s'annonce émotif
Le duel entre David Lemieux et Joachim Alcine a été confirmé et les deux boxeurs croiseront le fer le 10 décembre au Centre Bell.
Ce combat représentera un tournant dans la carrière des deux boxeurs. Certes, David Lemieux est plus jeune (22 ans), mais une défaite aux mains d'Alcine serait un coup dur pour ses ambitions internationales. David revient d'une amère défaite et il s'est entouré au cours des dernières semaines d'une nouvelle équipe. Ce sera une motivation supplémentaire de faire bien paraître ce nouvel entourage, mais ce sera plus émotif. De plus, la pression est toujours forte quand tu te bats contre un boxeur qui vient de la même place que toi.
Dans le cas de Joachim Alcine, une défaite contre Lemieux sonnerait sûrement le glas sur sa carrière. Mais attention. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Alcine a été mis sous contrat par Lou Di-Bella la saison passée et il a tout fait pour bien l'encadrer. Il est déjà en camp d'entraînement en Californie. Je m'attends à ce que ce soit le meilleur Alcine depuis fort longtemps.
Encore une fois, Lemieux se mesurera à un vétéran boxeur qui a déjà gagné. J'espère qu'il saura éviter les pièges, cette fois-ci, contrairement à son combat contre Marco Antonio Rubio. Une chose est certaine : vous ne verrez pas le David Lemieux qui se croyait invincible. Il a eu sa leçon et il est conscient que s'il ne l'emporte pas, il se fera énormément critiquer.
Cela dit, je m'attends à un combat spectaculaire, le genre de combat qui entraîne des retombées internationales, le genre de spectacle que les Québécois ont toujours apprécié.
Enfin, Stevenson pourra se faire valoir
Adonis Stevenson (15-1, 12 K.-O.) obtiendra également sa chance lors d'un combat significatif alors qu'il se mesurera à l'Américain Aaron Pryor fils (16-4, 11 K.-O.).
Pryor a récemment vaincu tour à tour Librado Andrade et Dyah Davis. Pryor n'a jamais perdu avant la limite. C'est exactement le genre d'opportunité qui permettrait à Adonis de grimper significativement au classement mondial. Avec une victoire, Adonis pourrait devenir le boxeur le plus craint de la division.
Tout comme Lemieux, Stevenson avait dû recommencer à zéro quand il s'est fait passer le K.-O. aux États-Unis. Il a été obligé de se redéfinir, de revoir tout son environnement et sa façon de procéder. Maintenant, je le vois dédié comme jamais. Ce sera assurément un combat à surveiller.
Propos recueillis par Nicolas Dupont
Pour être honnête, j'ai déjà éprouvé certains doutes à l'endroit de Dierry. Pour une raison ou une autre, à chaque fois je le voyais sur un ring, je constatais qu'il lui manquait ce petit quelque chose. Bref, j'étais assez sceptique, de sorte qu'au moment où son contrat est venu à terme, j'avais décidé de ne pas le renouveler. Il s'est relevé les manches alors qu'il a été pris en main par Camille Estephan - un gérant qui fait beaucoup d'encadrement avec les boxeurs au Québec. Il lui a fourni un préparateur physique ainsi qu'un nutritionniste. Puis à un certain moment, Estephan est venu me voir pour me dire que Dierry allait vraiment bien. Quand nous l'avons ramené sur un événement, il s'est blessé à une épaule. Nous n'avons donc pas pu voir ce qu'il valait. Puis, lors du combat suivant, il s'est fracturé la mâchoire. Étant donné qu'on avait eu notre leçon avec Herman Ngoudjo, qui avait subi une blessure semblable, je ne savais plus quoi penser de Dierry Jean.
Face à Francisco Lorenzo, mes doutes se sont dissipés. Ce Lorenzo représentait tout un défi puisqu'il s'agissait du même boxeur qui avait donné du fil à retordre à Eric Morales en décembre dernier et qui avait déjà vaincu Humberto Soto en 2008. Or, j'ai découvert en Dierry Jean un boxeur très habile, qui utilise beaucoup ses réflexes, comme le fait si bien Jean Pascal. Il avait bien étudié avec son entraîneur Michel Moffat et il savait exactement ce qu'il devait faire pour vaincre Lorenzo. J'ai été ravi par la vitesse de Dierry ainsi que par sa capacité d'adaptation. Il aurait pu s'asseoir sur ses lauriers au 10e round - sachant que la victoire était acquise - mais il a décidé d'ouvrir intelligemment la machine. Il a tout fait pour tenter de lui passer le K.-O. Il n'a pas réussi, mais les amateurs de boxe présents ont grandement apprécié le spectacle.
J'avais insisté pour qu'il affronte un boxeur aguerri, un adversaire qui nous permettrait de connaître sa vraie valeur. Dierry a 29 ans; c'est le moment opportun pour le pousser à un niveau supérieur. Il nous a prouvé qu'il était prêt à relever le défi. Il était conscient de l'importance de l'événement, qu'il serait évalué. Il a brillamment répondu au test qui lui a été imposé.
Son prochain combat aura lieu le 26 janvier. Pour l'occasion, il devra disputer la victoire lors d'un combat de 12 rounds, qui aura comme objectif de le propulser vers les classements mondiaux.
Près d'une annulation
Le premier gala de la série Rapides et dangereux a bien failli être annulé lorsque nous avons appris le forfait de notre tête d'affiche, Antonin Décarie. Sans lui, notre événement n'allait pas être très porteur. Je dois avouer que notre premier réflexe a été de repousser le gala à une date ultérieure, soit le 17 novembre.
Cependant, nous n'étions pas certains si Antonin allait être totalement remis de sa blessure. C'est toujours risqué de programmer un événement avec quelqu'un qui est déjà blessé. Il a donc fallu analyser la carte en profondeur. Nous en sommes venus à la conclusion que nous avions un bon programme. La seule chose qui nous manquait, c'était notre vedette.
Nous avons effectué un surclassement de l'adversaire d'Eleider Alvarez. Nous aurions aimé qu'Alvarez ait encore plus d'opposition. Néanmoins, je suis content de la prestation offerte par Michael Walchuck.
Nous avons également pris un autre facteur en ligne de compte. Plusieurs boxeurs de la carte ne s'étaient pas battus depuis le mois de mai. Je pense ici à Didier Bence, Eleider Alvarez, Dierry Jean et Oscar Rivas. Ce sont tous des professionnels qui gagnent leur vie avec la boxe; retarder le tout d'un mois aurait été douloureux pour eux financièrement.
Un combat qui s'annonce émotif
Le duel entre David Lemieux et Joachim Alcine a été confirmé et les deux boxeurs croiseront le fer le 10 décembre au Centre Bell.
Ce combat représentera un tournant dans la carrière des deux boxeurs. Certes, David Lemieux est plus jeune (22 ans), mais une défaite aux mains d'Alcine serait un coup dur pour ses ambitions internationales. David revient d'une amère défaite et il s'est entouré au cours des dernières semaines d'une nouvelle équipe. Ce sera une motivation supplémentaire de faire bien paraître ce nouvel entourage, mais ce sera plus émotif. De plus, la pression est toujours forte quand tu te bats contre un boxeur qui vient de la même place que toi.
Dans le cas de Joachim Alcine, une défaite contre Lemieux sonnerait sûrement le glas sur sa carrière. Mais attention. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Alcine a été mis sous contrat par Lou Di-Bella la saison passée et il a tout fait pour bien l'encadrer. Il est déjà en camp d'entraînement en Californie. Je m'attends à ce que ce soit le meilleur Alcine depuis fort longtemps.
Encore une fois, Lemieux se mesurera à un vétéran boxeur qui a déjà gagné. J'espère qu'il saura éviter les pièges, cette fois-ci, contrairement à son combat contre Marco Antonio Rubio. Une chose est certaine : vous ne verrez pas le David Lemieux qui se croyait invincible. Il a eu sa leçon et il est conscient que s'il ne l'emporte pas, il se fera énormément critiquer.
Cela dit, je m'attends à un combat spectaculaire, le genre de combat qui entraîne des retombées internationales, le genre de spectacle que les Québécois ont toujours apprécié.
Enfin, Stevenson pourra se faire valoir
Adonis Stevenson (15-1, 12 K.-O.) obtiendra également sa chance lors d'un combat significatif alors qu'il se mesurera à l'Américain Aaron Pryor fils (16-4, 11 K.-O.).
Pryor a récemment vaincu tour à tour Librado Andrade et Dyah Davis. Pryor n'a jamais perdu avant la limite. C'est exactement le genre d'opportunité qui permettrait à Adonis de grimper significativement au classement mondial. Avec une victoire, Adonis pourrait devenir le boxeur le plus craint de la division.
Tout comme Lemieux, Stevenson avait dû recommencer à zéro quand il s'est fait passer le K.-O. aux États-Unis. Il a été obligé de se redéfinir, de revoir tout son environnement et sa façon de procéder. Maintenant, je le vois dédié comme jamais. Ce sera assurément un combat à surveiller.
Propos recueillis par Nicolas Dupont