La boxe connaît une renaissance grâce au combat entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather
Boxe lundi, 27 avr. 2015. 08:44 dimanche, 15 déc. 2024. 02:35À force de promettre le combat du siècle et de régulièrement décevoir, la boxe a vu son étoile pâlir, mais le choc samedi à Las Vegas entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather lui redonne un éclat presque inespéré.
« La boxe connaît une renaissance. Je suis très heureux pour notre sport, car ce combat va être fantastique et répondre à la phénoménale attente qu'il suscite », s'enflamme le légendaire George Foreman, qui a lui-même pris part à quelques « combats du siècle », dont le plus mythique, contre Mohamed Ali à Kinshasa en 1974.
Dans le désert du Nevada, au coeur de la capitale mondiale du jeu et des casinos, les mirages n'ont jamais manqué, mais le combat entre un demi-dieu philippin et le sportif le mieux payé de la planète n'entre pas dans cette catégorie.
Manny « Pacman » Pacquiao contre Floyd « Pretty Boy » Mayweather est le combat que la boxe attendait depuis des années.
Parce qu'ils sont deux des meilleurs boxeurs de leur génération, voire de l'histoire. Parce que l'un, héros de tout un peuple, s'est relevé de bien des défaites et tourments et l'autre, invaincu en 47 combats et outrageusement riche, est l'incarnation de l'arrogance. Parce qu'ils drainent des millions de dollars.
Avant même le premier échange de coups, ce combat est déjà entré dans l'histoire grâce aux 400 millions de dollars de recettes qu'il pourrait générer, un record, grâce à la billetterie et surtout aux énormes droits TV payés par les chaînes américaines de télévision à la séance, HBO et Showtime.
Devant 16 800 spectateurs
Foreman ne cache pas sa préférence pour Pacquiao qu'il voit s'imposer aux points devant les 16 800 spectateurs du MGM Grand. Mais il sait que le noble art doit beaucoup à Mayweather, qui s'est auto-proclamé meilleur boxeur de l'histoire.
« Ali, Foreman, on a eu notre heure de gloire, on ne peut plus rien pour l'avenir de la boxe, Mayweather, lui, peut faire quelque chose. Si pour cela, il doit parler beaucoup, laissons-le faire », insiste l'ancien champion du monde des lourds, vainqueur de 76 de ses 81 combats.
Ce n'est pas un hasard, mais bien un symbole de l'évolution de la discipline, que ce combat du siècle mette aux prises des mi-moyens et non pas des lourds, la catégorie-reine.
« Il n'y pas de lourds de talent aux États-Unis, c'est comme s'ils avaient disparu ou été aspirés par les autres sports comme le basket, le football américain ou le baseball », regrette Foreman.
« On manque de vedettes, de personnalités, de locomotives », renchérit le Français Jean-Claude Bouttier, ancien champion d'Europe des poids moyens. « Même Klitschko, qui est un grand champion, n’est pas charismatique, il est trop propre. Et puis avec ces mecs à 2 m et des allonges interminables, c'est moins excitant. On a besoin d’un personnage comme Tyson. »
Déficit de lisibilité
Il faut en effet remonter aux années 1990-2000 avec l’ère Mike Tyson pour retrouver l'atmosphère électrique et l'excitation qui entoure le choc entre Pacquiao et Mayweather.
Tout un symbole : à « Iron Mike », à la puissance quasi bestiale, imprévisible et tourmenté, a succédé l'Ukrainien Vladimir Klitschko, docteur en sciences des sports et polyglotte qui fait sa loi sur les lourds depuis 2006.
« Depuis que Tyson a sombré au plus bas, on annonce la mort de la boxe, note Daniel Roberts, journaliste spécialisé. Mais on n'arrête pourtant pas de battre des records de recettes et la boxe continue d'être une attraction alors que c'est un sport pour le moins anachronique. »
Aux États-Unis notamment, la boxe se fait tailler des croupières par les nouveaux sports plus spectaculaires, comme les arts martiaux mixtes et autres combats libres se déroulant dans des cages.
En comparaison, la boxe est difficile à comprendre avec ses règles, sa multitude de fédérations concurrentes et de catégories de poids.
« Il faudrait y voir plus clair avec toutes ces fédés, même moi je ne sais plus où j’en suis. Le public ne reconnaît plus les champions », relève Bouttier.
« La boxe doit trouver un moyen de faire revenir à elle les jeunes, que ce soit pour les athlètes comme pour les spectateurs », estime Daniel Roberts.
« Elle doit aussi mettre fin à ces cartels de promoteurs qui ont empêché les meilleurs combats d'avoir lieu, y compris celui-ci jusqu'à récemment », prévient le journaliste.
Tout un programme, mais ni Pacquiao ni Mayweather ne devraient s'y atteler : à 36 et 38 ans, ils disputent sans doute samedi l'un des derniers combats de leur carrière.