La boxe qui tue
Boxe jeudi, 24 oct. 2013. 08:18 dimanche, 15 déc. 2024. 00:48
La soirée de samedi avait pourtant été exceptionnelle dans le monde des sports de combat.
Tant du côté de la boxe que des arts martiaux mixtes, les amateurs ont eu droit à des duels qui figureront parmi les meilleurs dans les différentes revues de l’année. Ruslan Provodnikov s’est emparé du titre des poids super-légers de la WBO en battant Mike Alvarado chez lui au Colorado, tandis que Cain Velasquez a confirmé son statut chez les lourds en ayant le dessus sur Junior Dos Santos. Sans oublier l’épique bataille entre Gilbert Melendez et Diego Sanchez.
Mais à l’ombre des prestigieuses caméras de télévision de HBO et du UFC, Francisco Leal a été plongé dans un coma après s’être fait passer le knock-out par Raul Hilares. Ironiquement, ce drame est survenu tout juste avant que Joachim Alcine n’affronte Omar Chavez au Mexique.
À la fin du 8e round d’un combat prévu pour 10, Leal a encaissé deux bonnes droites derrière la tête qui l’ont envoyé au tapis. Il est ensuite parvenu à se relever avant le compte de 10, mais dès que l’arbitre a signalé l’arrêt des hostilités, Leal s’est effondré dans son coin.
Pendant que la chaîne qui présentait le duel rediffusait en boucle les reprises du knock-out comme c’est la coutume, il est rapidement devenu évident que quelque chose clochait. La caméra pointée sur le visage de Leal traduisait à elle seule l’ampleur de la tragédie qui se jouait. Le boxeur avait encore les deux yeux grands ouverts, mais il était clairement inconscient.
La nouvelle est ensuite tombée mardi soir, Leal avait succombé à ses blessures subies au cerveau. Il n’était âgé que de 26 ans.
Des signes avant-coureurs
Leal était l’un de ces gatekeepers qui servent de mesure étalon dans le monde de la boxe. Il s’était déjà battu en combat de championnat du monde - contre le champion unifié des super-coqs Celestino Caballero en août 2009 -, mais n’était pas du niveau des meilleurs de sa profession. Il était connu des érudits, mais surtout inconnu des autres.
Comme on revisite la discographie d’un chanteur à son décès, c’est la fiche des boxeurs qui est scrutée à la loupe. Dans la quasi-totalité des cas, c’est surtout pour se rappeler avec nostalgie ces grandes batailles qui ont marqué à tout jamais l’histoire du sport.
Mais pour ce qui est de Leal, les souvenirs laissent rapidement place aux questions, puis à l’indignation. On y découvre qu’il avait été conduit à l’hôpital à la suite d’une défaite par arrêt de l’arbitre face à l’actuel champion des plumes de la IBF Evgeny Gradovich en mars 2012.
Ce duel contre Gradovich sera d’ailleurs le dernier qu’il disputera aux États-Unis. Son combat face à Hilares était son cinquième depuis cet incident. Et ils ont tous été tenus au Mexique.
Dans la foulée de l’annonce du décès de Leal, le matchmaker de Top Tank, Bruce Trampler, a avoué à Fightnews.com qu’il ne croyait pas à l’époque que le boxeur survivrait à son combat contre Gradovich. Trampler se demande même encore aujourd’hui pourquoi personne n’a arrêté Leal, après qu’il soit passé si près de la mort.
Probablement parce que l’entourage peut être parfois de très mauvais conseil. Pas plus tard que samedi, c’est l’arbitre Tony Weeks qui a mis fin au duel entre Provodnikov et Alvarado, alors que les hommes de coin de ce dernier voulaient le renvoyer dans la mêlée après le 10e round. Weeks a pris la bonne décision, sachant que dans certains cas exceptionnels, la boxe peut tuer.