(RDS) - Moscou sera l'hôte du congrès annuel du World Boxing Council du 5 au 9 octobre. Les membres du comité du WBC devront alors décider qui sera le prochain adversaire d'Éric Lucas. Notre journaliste de boxe, Martin Dion a rencontré Mario Latraverse, secrétaire général du WBC :

Martin Dion : Vous allez certainement parler d'Éric Lucas lors ce congrès. Est-ce que ce dossier est à l'ordre du jour?

Mario Latraverse : Oui. Le 7 ou le 8 octobre, on doit parler des champions des 168 livres. Le cas Lucas sera alors discuté. On doit parler des défenses volontaires et obligatoires. Lucas est aspirant numéro un. Nous allons aussi parler du protêt déposé par Danny Green.

MD : C'est difficile à suivre pour les non-initiés. Aurons-nous un Lucas-Beyer, un Beyer-Green ou un Lucas-Green?

ML : la WBC avait voté pour accorder une défense volontaire à Beyer. Il a décidé d'affronter Green. Dans ce vote, on disait aussi que Lucas devait ensuite affronter le vainqueur du duel Green-Beyer. Mais il y a eu une mini-controverse dans le combat Green-Beyer. Le clan Green a déposé un protêt étoffé. Il y a quelques semaines, on croyait que Beyer était blessé et qu'il ne serait pas disponible avant février 2004. On avait donc pris la décision de faire un combat intérimaire entre Lucas et Green. Les deux parties étaient d'accord. Mais les Allemands ont changé leur fusil d'épaule en disant que Beyer serait rétabli en novembre. Le promoteur allemand sera présent au congrès pour nous expliquer son point de vue. Tout comme les Australiens qui ont déposé le protêt. Mais je crois que nous sommes mal placé pour accorder immédiatement une revanche à Green puisque nous avons voté en avril pour un duel Beyer-Lucas. Ce qui pourrait survenir, c'est que le vainqueur du combat Lucas-Beyer doive ensuite affronter Green.

MD : pourquoi dans ce cas, est-ce que Wilflrid Saeurland semble convaincu d'obtenir un duel Green-Beyer?

ML : selon moi, c'est une tactique de négociations. Dans certains sites internet, on annonçait un duel Beyer-Green…c'était de la foutaise! C'est une tactique des Allemands. Jusqu'ici, le vote des membres du WBC disant que LUCAS serait le prochain adversaire de Beyer est maintenu.

MD : Peut-il y avoir renversement?

ML : Normalement non. Les représentants de tous les pays du WBC seront présents. Nous serons tous réunis et nous ferons entendre nos points de vue. Moi, je plaiderai en faveur d'Interbox. On ne peut pas défaire un vote qu'on a déjà pris même s'il y a un protêt de déposé.

MD : Êtes-vous conscients que c'est la crédibilité de la boxe qui est en jeu?

ML : oui. Prenons le cas des officiels. Ce n'est pas la WBC qui décide des juges. On doit négocier avec les commissions athlétiques. Ce sont eux qui ont le dernier mot. On peut leur suggérer une liste de juges mais ils prennent la décision finale. Certaines commissions athlétiques ont des pouvoirs politiques. Ils préfèrent avoir leurs propres juges lors des combats. Ici au Québec, je demande que ça soit des juges de l'extérieur.

MD : Les amateurs commencent à décrocher de la boxe. On sent la magouille. N'avez-vous pas peur de perdre votre public?

ML : oui, ça me fait peur. Il y a justement un point à ce sujet lors de notre congrès. Un juge européen ne voit pas la boxe comme un juge nord-américain. Les Européens préfèrent donner des points aux boxeurs qui esquivent bien les coups alors qu'ici, on donne avantage à celui qui donne le plus de coups et qui est l'agresseur. Il faudrait enseigner une seule méthode pour juger des combats. Mieux enseigner les critères auprès des juges. Nous allons en discuter la semaine prochaine. Je veux mettre de l'avant un projet de ce genre.

MD : Certaines personnes suggèrent que le pointage des juges soit connu après chaque round. Est-ce que c'est une solution pour enrayer la magouille?

ML : Non. Oubliez ça. J'ai déjà supervisé une telle expérience. C'est néfaste pour la boxe. Si les hommes de coin savent que leur boxeur est en avance dans le pointage, ils vont boxer différemment et ça va briser le spectacle. Et un juge pourrait être influencé en voyant par exemple que les deux autres juges n'ont pas les mêmes cartes que lui. Ce n'est vraiment pas une bonne solution. On pourrait peut-être décider de mettre cinq juges au lieu de trois. C'est aussi une option. J'espère que nous pourrons améliorer les choses.

MD : Merci Mario Latraverse.