MONTRÉAL - Pour le clan de David Lemieux, cela ne fait aucun doute: la route vers les sommets de la division des moyens passe par Marcos Reyes.

Lemieux et Reyes s'affronteront le 6 mai prochain au T-Mobile Arena de Las Vegas. Le Québécois et le Mexicain seront les co-têtes d'affiche du gala dont la finale mettra aux prises Saul « Canelo » Alvarez et Julio Cesar Chavez fils, dans le cadre des festivités de la fête nationale mexicaine, Cinco de Mayo.

Pourtant, Lemieux (37-3, 33 K.-O.) vient tout juste de livrer bataille à Curtis Stevens, qu'il a terrassé au troisième round, une mise hors de combat qui devrait être finaliste au titre de K.-O. de l'année sur la scène internationale.

« Ça ne m'inquiète pas dans ces circonstances, a noté l'entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay. Oui, on a un difficile camp d'entraînement, mais on n'a souffert d'aucune blessure, tout s'est très bien passé. Le combat a été très court alors, on n'a pas brûlé David avec ça. »

Et pour Camille Estephan, président d'Eye of the Tiger Management, l'occasion était trop belle pour passer à côté.

« Déjà, quand on a programmé le combat du 11 mars (face à Stevens), j'avais déjà en tête cette carte du 6 mai, a-t-il dit, attablé avec les représentants des médias dans un restaurant de l'ouest de l'île. Boxer comme co-tête d'affiche de ce gala Canelo-Chavez, en plein week-end du Cinco de Mayo, à Las Vegas, c'était un no-brainer. »

« Je veux faire un autre statement »

Le clan Lemieux a toujours eu de grandes ambitions. C'est encore plus vrai depuis qu'il a perdu son titre mondial de l'International Boxing Federation (IBF) face à Gennady Golovkin. Même s'il n'y aura pas de titre en jeu et que la limite de poids a été fixée à 163 livres pour ce combat, Lemieux sait très bien qu'un combat revanche contre Golovkin ou un affrontement face à Canelo ne sera possible qu'après une série de victoires décisives.

C'est pourquoi le Lavallois prédit un K.-O. encore plus spectaculaire, le 6 mai prochain.

« Je serai en meilleure forme que contre Stevens, explique-t-il. Je n'ai pris qu'une semaine après ce combat. Je pèse déjà le poids que je pesais à une semaine du combat du 11 mars. On me dit qu'il a une moins bonne défense que Stevens? Il est déjà dans le trouble alors. »

« C'est une grande scène pour faire valoir son talent, nuance Ramsay. Nous savons qu'avec une autre belle performance, ça pourrait nous rapprocher de notre but ultime : affronter Canelo. »

Ramsay s'assurera également que Lemieux prendra bien au sérieux Reyes (35-4, 26 K.-O.), un boxeur qui a perdu une décision unanime serrée contre Chavez en juillet 2015.

« Il a style un peu kamikaze, alors il faut faire très attention avec ce genre de gars-là. Il frappe quand même assez durement. C'est un style que David aime, mais il faut rester vigilant. »

Question de notoriété

Pour Golden Boy Promotions, promoteur de Lemieux (aux États-Unis) et de Canelo, cet affrontement face à Reyes représente une belle occasion. En faisant connaître davantage Lemieux, le promoteur s'assure qu'un éventuel combat face à Canelo lui pemettra de maximiser ses revenus.

« On ne pas arriver à un combat contre le plus gros nom d'aujourd'hui sans qu'il soit connu, admet Estephan. Sa place en préliminaires de Canelo-Khan (l'an dernier) et cette co-tête d'affiche avec Canelo-Chavez, c'est fait pour bâtir le combat d'avenir. Ça fait partie de la stratégie de commercialisation. »

Le nom de Reyes faisait d'ailleurs partie d'une courte liste d'adversaires souhaités à la fois par Eye of the Tiger, Golden Boy et HBO.

« Je veux faire un autre statement »

« Il fallait que la liste soit approuvée par HBO et Golden Boy, poursuit Estephan. Nous avons avancé des noms, ils ont fait la même chose. Au final, il y avait deux ou trois boxeurs potentiels, un proposé par HBO et les deux autres par Golden Boy et nous. (...) Pour qu'il soit co-tête d'affiche sur HBO, il faut qu'il soit très bon. »

« La division des moyens est possiblement la plus intéressante de la boxe de nos jours, et Chavez n'y était même pas jusqu'à tout récemment et Canelo se battait chez les 154 livres! On doit profiter de ces opportunités. Nous savons où nous sommes rendus. Contre Golovkin, malgré la défaite, nous avons acquis beaucoup d'expérience. (L'affrontement face à Reyes) va nous aider beaucoup dans les prochains mois, les prochaines années. (Miguel) Cotto, Canelo, Golovkin, (Billy Joe) Saunders, (Danny) Jacobs : il y a tellement de combats intéressants qu'on peut faire. (...) David Lemieux, son nom est aussi populaire que Golovkin, juste un peu en-dessous de Canelo. On a fait beaucoup de chemin. C'est grâce à David. Ça a fait parler, le K.-O. de Stevens. »

« Celui du 6 mai aussi », s'est dépêché d'ajouter Lemieux.

Huit semaines d'écart entre deux combats