Le boxeur de l'année
Boxe lundi, 23 déc. 2013. 09:00 samedi, 14 déc. 2024. 02:54Choisir le boxeur de l’année peut s’avérer extrêmement facile ou encore résolument pénible. Il y a deux ans, la sélection d’Andre Ward avait été unanime, étant donné qu’il avait notamment battu Carl Froch pour gagner le Super Six et devenir champion unifié des poids super-moyens.
En 2012, l’Association des chroniqueurs de boxe d’Amérique (BWAA) a choisi Juan Manuel Marquez, tandis que The Ring, ESPN.com et RDS.ca ont plutôt opté pour Nonito Donaire. En 2013, l’histoire semble vouloir se répéter, puisqu’il n’y a pas consensus jusqu’à maintenant.
La BWAA l’a d’ailleurs appris à ses dépens en ajoutant les noms de Mikey Garcia, Ruslan Provodnikov, Guillermo Rigondeaux et Adonis Stevenson à ceux initialement proposés de Timothy Bradley, Danny Garcia, Gennady Golovkin, Sergey Kolavev et Floyd Mayweather fils.
L’absence de Stevenson parmi les cinq finalistes a provoqué - à juste titre - un tollé sur les médias sociaux dans les secondes qui ont suivi l’annonce. Pourquoi Kovalev et non Stevenson? Les deux évoluent dans la même catégorie et ont sensiblement accompli les mêmes exploits.
Comme vous l’avez probablement lu et entendu à plusieurs reprises au cours des derniers jours, il n’existe pas de critères clairs, nets et précis lorsque vient le temps de choisir le boxeur de l’année. Ce sont des journalistes qui suivent de très près ou de loin les activités du monde de la boxe qui se fient sur leur bonne volonté - ou pas - pour prendre une décision. Tel qu’expliqué d’entrée de jeu, le lauréat est parfois tellement évident que les risques de controverse sont nuls.
Mais quels sont mes critères pour déterminer le boxeur de l’année? C’est évidemment le pugiliste qui s’est le plus démarqué par ses victoires et la façon de les enregistrer ainsi que l’adversité à laquelle il a fait face. Le boxeur de l’année est également celui qui a réussi à mettre un point d’exclamation sur son sport, celui qui a créé le plus gros buzz ces 12 derniers mois.
D’un point de vue strictement sportif, mon choix se serait arrêté sur Rigondeaux. Le Cubain est devenu le champion incontesté des super-coqs en battant Donaire, qui était considéré comme le cinquième meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète à ce moment-là, en avril avant d’être encore plus dominant devant l’ancien champion des coqs Joseph Agbeko en décembre.
Mais Rigondeaux ne peut pas être l’heureux élu en cette année particulièrement relevée, parce que les amateurs fuient littéralement ses combats soporifiques. La cote d’écoute de son dernier duel (550 000) a été plus faible que l’excitante demi-finale entre James Kirkland et Glen Tapia (718 000) présentée tout juste avant sur les ondes du réseau américain HBO. Il faut le faire!
Donc, en éliminant Ringondeaux, il reste trois noms au fil d’arrivée : Bradley, Mayweather et Stevenson. Chaque boxeur mérite le titre à sa façon et il est pratiquement impossible de crier au vol pour reprendre une expression galvaudée et un peu trop consacrée à la boxe.
Dans la foulée de sa victoire controversée sur Manny Pacquiao en 2012, Bradley a néanmoins connu une année exceptionnelle en 2013 en prenant la mesure de Provodnikov en mars avant de vaincre Juan Manuel Marquez par décision partagée en octobre.
Sauf que le boxeur de l’année a-t-il le droit d’avoir posé au genou au sol comme cela a été le cas pendant le dernier round de son combat contre Provodnikov pour survivre à une tempête?
Mayweather a commencé l’année tranquillement en battant Robert Guerrero en mai, puis en servant toute une leçon à Saul « Canelo » Alvarez en septembre. Si son combat contre Guerrero en a laissé plusieurs sur leur appétit, celui face à « Canelo » a démontré que Mayweather est encore dans une classe à part. À ce moment, « Canelo » était considéré comme le meilleur adversaire disponible et ce duel est devenu le plus lucratif de l’histoire de la télévision à la carte.
Sauf que Mayweather est un athlète qui ne se met plus en réel danger depuis longtemps. Le choc contre « Canelo » a été présenté à 152 livres - 2 livres de moins que la limite normale chez les super-mi-moyens -, et même si ses prestations relèvent du grand art, elles ne soulèvent pas du tout les passions du grand public. Tout comme la présence de Justin Beiber à ses côtés!
Stevenson a de son côté vengé son unique défaite en carrière en battant Darnell Boone et mars avant de devenir champion des mi-lourds du WBC en passant le knock-out à Chad Dawson en 76 secondes en juin. Il a ensuite obligé l’ancien champion de la IBF Tavoris Cloud à jeter l’éponge après le 7e round en septembre, puis a arrêté Tony Bellew en décembre.
Sauf que Stevenson a vaincu trois boxeurs qui revenaient de défaite, tandis que Bellew est loin d’être un pugiliste de renom. Des trois, Stevenson est également le seul à ne pas avoir battu un membre des 10 meilleurs « livre pour livre » de la planète cette année.
Mais puisqu’il faut trancher, Adonis Stevenson est le boxeur de l’année en 2013 selon RDS.ca. Stevenson est devenu champion chez les mi-lourds, alors qu’il était négligé et qu’il évoluait chez les super-moyens auparavant. Il a ensuite stoppé Cloud avant la limite, une première.
Surtout, Stevenson s’est battu en combat de championnat du monde trois fois en l’espace d’un peu moins de six mois. Avec les camps d’entraînement, cela signifie qu’il ne s’est à peu près pas accordé de repos. Les partisans sont ainsi devenus de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les victoires spectaculaires s’accumulaient.
Stevenson est la meilleure incarnation du fameux point d’exclamation mentionné plus tôt. Et il n’a refusé aucun défi. Bradley et Mayweather ne peuvent vraiment pas en dire autant.