QUÉBEC - « C'est une vraie honte. Une honte pour la boxe. Et une honte pour le Canada. »

Richard Schaefer n'a pas du tout, mais pas du tout digéré l'issue du combat de championnat du monde opposant son protégé Bernard Hopkins à Jean Pascal. Le président et directeur général de Golden Boy Promotions a qualifié la décision de combat nul majoritaire rendue samedi soir au Colisée Pepsi de Québec de vol et de véritable disgrâce.

« La communauté mondiale ne reconnaîtra jamais ce résultat », a déclaré Schaefer. « Nous allons évidemment porter cette décision en appel. »

Et il n'y aurait pas uniquement le clan du vétéran boxeur âgé de 45 ans qui crierait à l'injustice. Le président du WBC Jose Sulaiman aurait confié à Schaefer qu'il n'a pas du tout aimé le résultat et qu'il obligerait Pascal à donner à Hopkins une autre chance de mettre la main sur sa ceinture des mi-lourds.

« C'est complètement faux », rétorque le promoteur du champion Yvon Michel lorsque croisé par le RDS.ca alors qu'il quittait le Colisée. « Schaefer a réagi de façon beaucoup trop émotive et tente de nous faire peur. Monsieur Sulaiman a dit qu'il étudiera ce qui s'est passé. »

Plus tôt en conférence de presse, Schaefer avait brandi des menaces de poursuites si Michel et le WBC ne lui donnent pas ce qu'il veut. « Nous mettrons toutes nos ressources financières en place pour obtenir un combat revanche », a-t-il même martelé.

Le pdg de Golden Boy Promotions a également fait remarquer que les juges ont mis énormément de temps avant de remettre leur carte, un signe évident qu'ils voulaient sauver la face du champion. Les juges Claude Paquette et Daniel Van de Wiele ont notamment été pointés du doigt pour les scores inscrits aux 8e et 10e rounds respectivement. Paquette a favorisé Pascal 10-9 au 8e, tandis que Van de Wiele a rendu un pointage de 10-10 au 10e.

« Tous ceux qui croient que Pascal a gagné le huitième assaut devrait quitter le monde de la boxe s'ils ont un emploi dans ce domaine », a lancé Schaefer. « Et qui a déjà vu une reprise jugée 10-10? Ce n'est pas sérieux. »

Tout comme son patron, l'ancien monarque de la division des poids moyens cherchait encore à comprendre ce qui venait de se passer. Il a aussi lancé quelques jabs aux juges Paquette et Van de Wiele.

« Lorsque j'ai accepté de venir me battre au Canada, jamais je ne me serais imaginé un tel scénario », a avoué Hopkins. « Je me sens comme lorsque George W. Bush a été élu président des États-Unis en 2000. Ç'avait tellement pris de temps avant de connaître les résultats en Floride. »

« Chose certaine, si je l'avais emporté par décision unanime, personne ne crierait au vol. »

Le pugiliste de Philadelphie a également dû se défendre contre les nombreuses attaques provenant du clan du Québécois, comme c'est malheureusement trop souvent le cas depuis trop longtemps. Le frère ainé de Pascal, Nicholson Poulard s'est même permis d'invectiver Hopkins, tandis qu'un homme non-identifié à été particulièrement impoli avec la légende vivante.

Un goût amer dans la bouche de Pascal

Même s'il a été en mesure de conserver ses titres WBC, IBO et The Ring, Pascal affichait une mine plutôt déconfite lors de son point de presse. Le champion n'était visiblement pas content de la tournure des événements.

« Je suis un gagnant et un match nul ce n'est pas suffisant », a admis le Lavallois. « Je crois que je méritais la victoire et je suis malgré tout très fier de moi. »

Son entraîneur Marc Ramsay partageait également un peu le même état d'esprit.

« Nous ne sommes pas satisfaits du résultat », a renchéri Ramsay. « Nous sommes convaincus que nous avons gagné, mais il faut aussi louanger le travail de Hopkins. »

Le célèbre entraîneur Russ Anber, un des hommes de coin de Pascal, a également tenu à rendre hommage à l'adversaire de son protégé.

« Toute la semaine je vous avais dit de vous méfier de lui », a rappelé Anber. « Et vous voyez comment cela s'est terminé. Aujourd'hui, nous avons possiblement eu droit à l'affrontement de l'année. »

Plusieurs questions demeureront ainsi sans réponse au cours des prochains jours et semaines ou encore même à jamais. Le clan Pascal rencontrera les journalistes une deuxième fois dimanche matin afin d'expliquer ce qui attend le champion. Le président du WBC sera aussi présent.

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