QUÉBEC – Si la défaite d’Adonis Stevenson a marqué la fin abrupte d’un règne, la spectaculaire victoire de Marie-Ève Dicaire a clairement sauvé la mise et signifie le commencement d’un autre.

La boxeuse de Saint-Eustache est devenue la nouvelle championne des poids super-mi-moyens de l’IBF, samedi soir au Centre Vidéotron, après avoir battu Chris Namus par décision unanime dans le principal combat de soutien du gala « Obligatoire » de Groupe Yvon Michel (GYM).

Les trois juges ont remis des cartes de 97-93, 97-93 et 96-94 en faveur de Dicaire (14-0), qui devient ainsi la 17e championne du monde de l’histoire de la boxe québécoise, mais la toute 1re femme. L’auteur de ces lignes avait également un pointage de 96-94 pour la Québécoise.

Les deux boxeuses ont offert un combat extrêmement excitant pendant lequel les échanges ont été chaudement disputés. Dicaire a cependant été en mesure de lever son jeu d’un cran à partir de la deuxième moitié du duel grâce à une foule qui était totalement conquise à sa cause.

« C’est le combat où j’ai été puiser au plus profond de mes ressources, a avoué Dicaire après son triomphe. Après le septième ou huitième round, les gens criaient tellement fort que je me disais que je ne pouvais juste pas les laisser tomber. Cette victoire leur revient évidemment un peu! »

« C’était un combat historique. Vous n’avez pas idée de la pression qu’il y avait sur les épaules de Marie-Ève, a ajouté son entraîneur Stéphane Harnois. Le début du combat nous a fait un petit peu peur, mais je me suis assuré de répéter continuellement le plan de match ensuite. »

« Je suis extrêmement fier de Marie-Ève. Elle a bien progressé et elle a surtout bien fait ce que nous lui avions demandé de faire, a renchéri le promoteur Yvon Michel. Elle a été disciplinée dans le ring, mais également à l’extérieur. Il s’agit de sa meilleure performance en carrière. »

Namus (24-5) a chèrement vendu sa peau pendant les dix rounds de l’affrontement, appliquant continuellement de la pression sur Dicaire, qui s’est cependant bien tirée d’affaire en parvenant à placer sa main gauche grâce à des contre-attaques placées par-dessus la droite de sa rivale.

« Mon entraîneur m’a toujours dit de laisser aller mes mains et c’est ce que j’ai réussi alors que j’essayais pourtant de survivre, a expliqué la nouvelle championne. Mais la préparation avait été tellement bonne que les réflexes étaient toujours là. J’arrivais à prendre les bonnes décisions. »

« Nous savions exactement ce que Namus allait faire, a continué Harnois. Elle était pesante dans ses coups, mais elle n’avait pas la vitesse et surtout l’intelligence dans le ring de Marie-Ève. »

Dicaire, Harnois et Michel ont affirmé à l’unisson que le vrai travail ne faisait que commencer, mais il est peu probable que la boxeuse soit aussi active que par le passé. Il s’agissait de son quatrième duel cette année et le groupe veut diminuer le tempo à deux sorties annuellement.

Rivas l'emporte, mais les doutes subsistent

 

Oscar Rivas avait besoin de tester la mécanique en vue d’un important duel prévu le 18 janvier prochain aux États-Unis, mais des doutes subsistent après la victoire par décision unanime des juges du Montréalais d’origine colombienne sur l’ancien combattant de l’UFC Fabio Maldonado.

 

Rivas se paie Fabio Maldonado

Rivas (25-0) a connu une excellente première moitié de combat en parvenant régulièrement à atteindre Maldonado (26-1), l’envoyant même au tapis dans les derniers instants du cinquième round après l’avoir touché avec une combinaison au corps suivie d’une violente droite au visage.

 

Mais celui qui a défendu sa ceinture des lourds de la NABF pour la troisième fois a ensuite connu une baisse de régime inquiétante à partir du septième round en ne parvenant plus à connaître le même succès qu’en début de duel. Cela dit, les juges l’ont déclaré gagnant 100-89, 99-90 et 99-90 à Québec, dans un gala lors duquel le champion Adonis Stevenson a été détrôné par Oleksandr Gvozdyk.

 

Verdict nul controversé entre Phinn et Bredicean

À l’image d’un camion-remorque qui prend du temps à avancer après le feu soit passé au vert, Shakeel Phinn a véritablement pris son erre d’aller à la suite du deuxième round et pensait que la qualité de ses coups au corps lui permettrait de gagner son combat contre Dario Bredicean.

Mais seul le juge Benoît Roussel (98-92) a vu les choses de cette façon, si bien que le Brossardois et le Montréalais d’origine roumaine se sont livré un étonnant verdict nul majoritaire, ce qui fait que le titre intercontinental des super-moyens de l’IBF qui était à l’enjeu est ainsi resté vacant.

Les deux autres Pasquale Procopio et Troyce Stamey ont remis des cartes identiques de 95-95, ce qui a soulevé l’ire de Phinn (19-2-1). « Je pensais avoir remporté au moins sept rounds, a dit à RDS.ca celui qui avait enregistré la victoire à ses trois dernières sorties. Je savais qu’il était tricky et c’est pourquoi j’ai été prudent lors des deux premiers rounds, mais ensuite... vous savez? »

Bredicean (17-0-1), un protégé de l’ancien champion des super-moyens de l’IBF Lucian Bute, a effectivement dominé les deux premiers rounds grâce à la vitesse de ses mains, mais dès que Phinn s’est mis en marche, le Roumain a encaissé plusieurs frappes au corps. Il a ensuite reçu de bonnes droites au visage au septième assaut, laissant facilement croire qu’il avait le nez cassé.

Mikael Zewski (32-1, 22 K.-O.) a défendu avec succès sa ceinture internationale des mi-moyens du WBC pour la première fois en disposant d’Aaron Herrera (35-9-1) par décision unanime (100-90, 100-90 et 100-90). Le boxeur trifluvien a été déçu du manque de volonté de son adversaire mexicain, qui avait perdu devant Regis Prograis, Brandon Rios et Jessie Vargas dans le passé.

En ouverture, le poids lourd ukrainien Oleksandr Teslenko (15-0, 12 K.-O.) a célébré le début de son association avec l’entraîneur Marc Ramsay en forçant le Brésilien Edson Cesar Antonio (40-8-1) à l’abandon à 2:55 du 2e round à la suite de la deuxième chute au plancher du combat de ce dernier. Chaque fois, Antonio a posé un genou au sol après avoir reçu une droite au menton.

Le partenaire d’entraînement de longue date d’Adonis Stevenson, Aaron Pryor fils (21-11-2) n’a aucune difficulté à battre Gilberto Pereira dos Santos (14-9) par décision unanime (59-55, 59-55 et 59-55). Stevenson souhaitait que celui qu’il a vaincu en décembre 2011 obtienne un combat pour le récompenser. Le fils de l’ancienne gloire Aaron Pryor a signé un deuxième gain de suite.

Finalement, le nouveau protégé de l’entraîneur Stéphan Larouche, le Camerounais Wilfred Seyi (2-0, 1 K.-O.) a battu le Mexicain Fernando Galvan (4-2) par arrêt de l’arbitre à 2:35 du 3e round, puis Sébastien Bouchard (18-1, 8 K.-O.) a signé un 3e gain de suite avant la limite en prenant la mesure du Brésilien Vitor Jones Freitas (15-3) par arrêt de l’arbitre à 1:53 du 3e round. Fait à noter, Freitas est le neveu de l’ancien champion des super-plumes et des légers Acelino Freitas.