Par Éric Leblanc - À trois jours du combat tant attendu, le ton a finalement monté d'un cran entre les clans de Jean Pascal et Chad Dawson lors de leur premier face-à-face mercredi et l'entourage du boxeur américain n'a pas démontré un grand respect pour le champion WBC des mi-lourds.

«Jean Pascal n'est pas du calibre de Chad Dawson, croyez-moi», a déclaré avec conviction Gary Shaw, le promoteur de l'Américain.

Plutôt réservé dans ses commentaires, Dawson a fini par emboîter le même pas que son équipe quand on lui a demandé si Pascal représentait le meilleur boxeur qu'il a affronté.

«Non, il ne l'est pas! Je ne le pense pas du tout surtout que j'ai affronté plusieurs excellents boxeurs, mais il est bon», a avoué Dawson sans un brin d'hésitation.

Malgré ce climat peu respectueux, Pascal (25-1-0, 15 K.-O.) a continué d'être plus discret qu'à son habitude dans ses propos sans se laisser déranger par ce manque de reconnaissance.

«Ça me fait ni chaud ni froid, ils jouent peut-être un jeu selon lequel ils ne me prennent pas trop au sérieux, mais je sais que Chad compte sur une très bonne équipe et qu'il se prépare toujours bien», prétend celui qui défendra sa ceinture pour la troisième fois. «Je suis un homme versatile, j'ai plusieurs facettes à ma personnalité et je vais donner ma réponse dans le ring.»

Après un départ calme, l'animosité a augmenté très rapidement quand Pascal a répété une déclaration tenue cette semaine.

«J'espère qu'il se présentera à Montréal pour se battre comme un champion car s'il pense qu'il viendra dans ma ville et courir comme un poulet dans le ring et se sauver avec ma ceinture, il est totalement dans l'erreur!»

Cette flèche a piqué le clan Dawson qui semblait avoir compris que Pascal traitait son adversaire de poulet.

«Je ne parle pas, je me bats en m'exprimant dans le ring. Si toi et ton équipe veut s'exprimer ainsi (trash-talk) , tu passeras une très longue soirée samedi», a répliqué Dawson.

«La seule chose qui pourrait nous empêcher de retourner à la maison avec cette ceinture serait Immigration Canada», a ajouté Shaw avec humour et arrogance.

Pascal a tenu à expliquer qu'il n'avait pas traité son adversaire de poulet tout en ajoutant un crochet au passage. «Ne soyez pas sur la défensive, arrêtez de dire n'importe quoi et allons se battre samedi.»

Dawson, qui s'amène à Montréal avec une fiche invaincue de 29-0-0 et 17 K.-O., n'apprécie pas l'attitude du clan Pascal à son égard. «Son équipe m'a manqué beaucoup de respect. Ils ne peuvent pas me battre (They can't put me down) et je n'ai jamais été mis K.-O.», a-t-il tenu à préciser.

Le Québécois, qui ne se gêne toutefois pas pour exprimer son grand respect envers son adversaire, a tenu à lui lancer un avertissement.

«Montréal est une ville chaleureuse, mais rien ne sera chaleureux samedi dans le ring», a déclaré Pascal quelques minutes après avoir fait une arrivée calme et confiante au point de presse.

Négligés au niveau des prédictions

Cette petite confrontation médiatique pourrait aider à mousser la vente des billets qui tarde à prendre son envol. Pour le moment, 6000 billets ont été vendus pour l'un des combats les plus importants de la boxe canadienne.

«Chaque personne qui achète un billet pour assister à ce combat devient une chance de plus de victoire pour Jean. On a besoin de tout cela parce que ce sera extrêmement difficile samedi», a noté le promoteur Yvon Michel.

Pascal ne semble pas trop inquiet par ce contexte et il ne semble pas trop affecté par les experts qui favorisent son opposant dans les prédictions.

«Les gens me parlent souvent des prédictions dans lesquelles je suis négligé, mais sincèrement ça me dit peu des choses. En fait, ça me dit que je vais monter d'un échelon comme adversaire et que c'est le temps de relever ce défi et nous sommes prêts», explique le Québécois de 27 ans.

Pascal tentera de vaincre Dawson qui est reconnu pour contrôler ses combats en évitant de prendre des risques dans le ring. Yvon Michel semble donc pencher vers une conclusion aux points et il aborde un aspect qui pourrait faire partie du plan de match de son boxeur.

«Je pense que les premiers rounds seront déterminants parce que Dawson a toujours besoin d'être dans une zone de confort avant de ralentir la cadence. Il se fait souvent huer parce qu'il perd les derniers rounds sauf que ce n'est pas car il ne peut pas les gagner, mais plutôt qu'il ne prend pas de risques. Si Jean parvenait à le sortir de cette zone, que la foule embarquait et que Chad sentait une urgence, ça deviendrait très intéressant», indique-t-il.