Après la victoire de Saul « Canelo » Alvarez qui lui a permis de s’emparer du titre des poids moyens du WBC en novembre 2015, tous les éléments semblaient enfin réunis pour une éventuelle rencontre au sommet avec le champion unifié de la division Gennady Golovkin.

Régnant sans partage chez les 160 livres depuis un bon bout de temps déjà, Golovkin était - et est toujours - à la recherche de rivaux de son niveau, mais aucun de ceux qui ont osé l’affronter ne lui a offert une opposition digne de celle qu’Alvarez pourrait possiblement proposer.

Mais après avoir été sacré à la suite de son triomphe sur Miguel Cotto, « Canelo » s’est tourné vers l’ex-champion unifié des super-légers Amir Khan pour sa première défense en mai dernier et a ensuite abandonné le titre auquel Golovkin était entre-temps devenu aspirant obligatoire.

Même si Alvarez avait fixé à 155 livres - au lieu de 160 - la limite de tous les combats qu’il a disputés chez les moyens, la décision de retourner chez les super-mi-moyens pour y affronter le champion de la WBO Liam Smith ce soir à l’AT&T Stadium d’Arlington au Texas a laissé un goût amer dans la bouche de plusieurs amateurs, qui ont été nombreux à pourfendre ce choix.

« Il y aura toujours des critiques, répondait d’ailleurs Alvarez en conférence téléphonique le mois dernier. Pour l’instant, toute ma concentration est portée sur mon adversaire. Je n’ai aucunement le temps de penser à ce qui arrivera si je gagne. Je me prépare pour mon combat. »

« La décision d’affronter tel ou tel boxeur en est une d’équipe, ajoutait son célèbre promoteur Oscar De La Hoya. Parce qu’il est devenu champion chez les moyens, tout le monde s’attendait à ce qu’il y demeure, mais il ne faut pas oublier qu’il n’est jamais allé au-delà de 155 livres.

« Il est l’un des meilleurs au monde, alors tout le monde s’attend évidemment à ce qu’il affronte les meilleurs. Il se mesurera à Golovkin lorsqu’il sera prêt. Mais pour le moment, il doit se concentrer sur un combat qui s’annonce difficile et nous verrons après la suite des choses. »

Sauf qu’il ne faut pas être dupe devant ces réponses préfabriquées et martelées à outrance dans le but qu’elles deviennent des « vérités ». Sans rien enlever à Smith, il n’a aucunement prouvé qu’il est capable de jouer dans la même ligue que « Canelo » jusqu’à maintenant.

Le boxeur originaire de Liverpool ne cache même pas que le choix d’affronter Alvarez plutôt que de s’offrir une autre défense en Angleterre - le marché le plus prometteur à l’international - a pour objectif de le faire connaître auprès d’un plus large public et de réaliser un grand rêve.

« Je vais aux États-Unis deux ou trois fois par année pour m’entraîner et effectuer des séances de sparring, expliquait Smith récemment. Si ce n’était de mes liens avec [mon entraîneur] Joe [Gallagher] et [mon promoteur] Frank [Warren], je serais déménagé depuis longtemps!

« Je ne suis pas idiot. Je sais que je suis le côté B de ce combat. Mais je suis le champion et c’est la raison pour laquelle je demande le respect que je mérite. J’ai accepté ce combat pour me faire connaître et m’établir comme l’un des meilleurs boxeurs livre pour livre au monde. »

Ultimement, est-il possible de reprocher à Alvarez et De La Hoya d’entretenir un suspense qui n’en est pas véritablement un en laissant miroiter des combats avec des adversaires de renom? Il faut croire que non à la lumière des succès aux guichets que connaîtra le combat de ce soir.

Ils seront plus de 70 000 à s’entasser dans le domicile des Cowboys de Dallas en cette fin de semaine de festivités en marge du Jour de l’indépendance mexicaine. Ils étaient un peu plus de 40 000 pour le combat entre Manny Pacquiao et Antonio Margarito en novembre 2010.

Pour la petite histoire, le record pour un combat présenté dans un stade couvert aux États-Unis est de 63 350 spectateurs et a été établi par Muhhamad Ali et Leon Spinks à l’occasion de leur revanche tenue au Superdome de La Nouvelle-Orléans en 1978. Et c’est sans compter les 90 millions de téléspectateurs qui ont regardé le combat sur les ondes d’ABC au sud de la frontière.

Avec les départs à la retraite de Floyd Mayweather fils et Manny Pacquiao, il y a encore moins de boxeurs en mesure de générer autant d’attention et il ne faut donc pas s’étonner de voir De La Hoya protéger son veau d’or comme la prunelle de ses yeux. Et tant que les amateurs seront au rendez-vous, « Canelo » et son promoteur auront amplement les moyens de dicter l’agenda.