Les rois de la montagne
Boxe mardi, 6 mai 2014. 15:59 jeudi, 12 déc. 2024. 22:54Les boxeurs ont longtemps été considérés parmi les athlètes les plus en forme, et les protégés de l’entraîneur Marc Ramsay n’ont pas lésiné sur les moyens pour perpétuer cette croyance.
Invités à participer à un entraînement qui n’a rien à voir avec ceux publics tenus les semaines de gala, quelques journalistes ont sué corps et âme pour suivre Eleider Alvarez, Kevin Bizier, David Lemieux et Oscar Rivas dans un parc de l’Arrondissement Ahuntsic-Cartierville de Montréal. L’auteur de ces lignes ne s’est pas prêté au jeu, et l’avenir lui donnera raison!
La journée a commencé avec une séance de shadow boxing dans le sable suivie d’une interminable série de 200 redressements assis. Déjà, les non-initiés commencent à craquer.
« Le shadow boxing sert à travailler la coordination », explique Ramsay. « Plus nous nous approchons des combats, plus cela sert à pratiquer certains coups de poing. Avec des haltères ou des élastiques de résistance, cela devient encore plus difficile à faire. »
Une petite gorgée d’eau plus tard, les professionnels et les apprentis d’un jour s’adonnent à un jeu en apparence anodin : le lancer de balle. Ainsi, un « professeur » envoie une balle pendant que l’« élève » court dans tous les sens pour la redonner au moment où une deuxième arrive. Une tâche épuisante tant physiquement que moralement pendant la minute qu’elle dure.
« La distance à couvrir avant de porter un coup ou d’attraper la balle, c’est exactement le même principe », ajoute Ramsay. « Il y a une variante où je lance trois balles de trois couleurs différentes et je demande au boxeur d’attraper la balle bleue, verte ou rouge. Cela permet d’évaluer le temps de réaction et favorise surtout la prise de décision rapide. »
Le plat de résistance est ensuite servi quelques instants plus tard, alors qu’un parcours de trois minutes attend les athlètes. Ils doivent d’abord agiter vigoureusement une grosse corde qu’ils tiennent dans chacune de leurs deux mains avant de gravir une côte en sprintant. Au sommet, pas question de contempler le mont Royal à l’ouest ou encore le Stade olympique à l’est.
Non, il faut redescendre cette butte en joggant avant de la remonter à moitié avec un ballon d’entraînement de 18 livres dans les mains. Après être revenus à leur point de départ, les boxeurs projettent et récupèrent le ballon pendant 20 secondes avant de conclure avec une autre séance de shadow boxing de 60 secondes.
À l’apogée de leur entraînement en vue de leur combat, Alvarez et Rivas ont répété le parcours 10 fois, n’ayant droit qu’à des pauses de 60 secondes entre chaque départ. Avec ses 250 livres bien sonnées, Rivas est étonnamment celui qui s’en tire le mieux. Un naturel, quoi.
« Mon idéal, ce serait qu’il y ait une piscine en haut de la côte. Je leur ferais faire des longueurs », blague Ramsay. « Il y a des zones qu’il faut travailler en boxe comme le cou, les bras, le dos, les abdominaux et les jambes. Un exercice qui inclut tout cela, c’est vraiment l’idéal! »
Et c’est loin d’être terminé. Les boxeurs ont ensuite rendez-vous au sommet de la butte où Ramsay et son assistant Luc-Vincent Ouellet les attendent pour une traditionnelle séance de mitaines. Seul un apprenti sera finalement en mesure de réussir toutes les épreuves.
Cette brève incursion dans l’entraînement des boxeurs de Ramsay permet de réaliser à quel point ils sont des machines réglées au quart de tour lorsqu’ils montent dans le ring. Imaginez un instant ceux qui n’ont pas cette chance et qui reçoivent leurs coups pour une somme souvent dérisoire.