Adonis Stevenson pouvait difficilement bien paraître en affrontant un adversaire comme Darnell Boone. C’est pourquoi il ne faut pas tirer de grandes conclusions de sa victoire par knock-out obtenue au sixième round, vendredi soir au Centre Bell.

Dans le meilleur des scénarios, Stevenson aurait liquidé Boone en un ou deux rounds comme il l’avait fait avec Jesus Gonzales et Noe Gonzalez, sauf que l’Américain n’avait été arrêté qu’à 3 reprises en 21 défaites avant la limite avant le combat de vendredi. Les 6 rounds ont donc révélé quelques lacunes de Stevenson qui n’étaient pas autant apparentes à son précédent duel contre Donovan George, pourtant deux fois plus long. Ce n’était pas le même genre de choc il faut dire.

Chose certaine, Stevenson a encore une fois démontré qu’il est capable d’encaisser, une qualité essentielle lorsqu’un boxeur frappe aux portes d’un combat de championnat du monde. Le Longueuillois a également fait preuve d’une grande patience et sa mise en scène uppercut-direct de la main gauche pour mettre fin au duel valait le déplacement. De quoi donner confiance.

Stevenson a maintenant rendez-vous avec le champion des poids mi-lourds du WBC Chad Dawson le 8 juin prochain au Centre Bell et le Québécois possède de réelles chances de victoire. Ce dernier montera dans le ring avec l’insouciance d’un jeune premier, tandis que personne ne sait si Dawson s’est vraiment remis de sa défaite aux dépens d’Andre Ward. Bref, il n’y a pas meilleur moment pour se mesurer à Dawson, un athlète au talent exceptionnel dont la motivation est parfois inversement proportionnelle.

Il s’agit néanmoins de tout un revirement de situation pour Stevenson, qui avait énormément fait rire de lui lorsqu’il avait défié Lucian Bute à la suite de son gain sur Aaron Pryor fils au mois de décembre 2011. Un an et demi plus tard, les amateurs retiendraient probablement leur souffle si Bute se retrouvait coincé dans les câbles devant le puissant cogneur gaucher. Reste que Stevenson est le seul boxeur québécois qui aura l’occasion de mettre la main sur un titre mondial dans un avenir rapproché. Comme les temps changent.

La porte s'ouvre pour Alvarez

Normalement, Eleider Alvarez aurait dû affronter un adversaire beaucoup plus coriace que Nicholson Poulard, alors qu’il disputera peut-être un combat éliminatoire des mi-lourds de la WBA à son prochain duel prévu le 25 mai.

Mais Poulard l’a défié et comme l’avait fait remarquer l’entraîneur d’Alvarez, Marc Ramsay, plus tôt cette semaine, pourquoi refuser un défi local alors que le boxeur vise les plus hauts sommets? Alvarez l’a relevé, et facilement en plus!

Le jab du Montréalais d’origine colombienne est impressionnant, mais c’est surtout sa capacité à élever son jeu d’un cran qui l’a été. Dans le passé, Alvarez a toujours sagement fait preuve de discipline, mais vendredi, il s’est comporté en véritable mâle alpha et était fin seul dans sa ligue. La porte est toute grande ouverte pour lui chez les mi-lourds et semble vraiment déterminé à y mettre le pied.

Le gala de vendredi était le quatrième et dernier de la saison de la série « Rapides et Dangereux » du Groupe Yvon Michel. Il faut dire qu’avec deux événements d’envergure en mai et juin, il n’y avait tout simplement plus de place pour une plus petite carte avant la fin de l’été. Depuis trois ans, cette série a fait ses preuves et espérons qu’elle sera de retour l’an prochain.

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