Dans un monde idéal, Lennox Lewis défendrait samedi soir à Londres son championnat incontesté des poids lourds devant une foule de compatriotes et admirateurs. Et personne ne mentionnerait le nom de Mike Tyson.

Mais la réalité est tout autre: le combat de 12 rounds va être disputé pour un championnat maintenant divisé, par ordre de la cour, et le public britannique ne s'est pas précipité aux guichets pour assister à ce qui risque d'être le dernier combat dans son pays de celui à qui on reproche de s'entraîner aux Etats-Unis.

Et puis il y a Tyson qui, à la suite de son dernier combat en Ecosse, a déclaré qu'il allait dévorer les enfants de Lewis et qui jette certes de l'ombre sur l'ancien médaillé olympique du Canada.

Ca fait beaucoup d'irritants pour le boxeur de 34 ans que la plupart des spécialistes considèrenet le vrai champion mais qui semble moins populaire dans son pays natal que l'affable Frank Bruno.

"J'ai hâte que ce combat soir terminé pour pouvoir enfin répondre à Tyson", a déclaré Lewis. "Il devra cesser de parler de mes enfants, de raconter qu'il veut me dévorer, et monter dans un ring."

Entre-temps, Lewis a l'obligation de défendre son titre IBF contre David Tua.

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Botha veut s'inspirer d'Ali pour battre Lewis
François Botha a été mis KO par Mike Tyson.

LONDRES, 13 juil (AFP) - Le Sud-Africain Francois Botha, 31 ans, va s'inspirer du légendaire Mohammed Ali pour tenter de battre le champion du monde WBC et IBF des poids lourds, le Britannique Lennox Lewis, 34 ans, samedi soir à la London Arena.

Botha n'avait que six ans quand sa passion pour la boxe est née, en regardant boxer Ali contre George Foreman au Zaïre : "Mohammed Ali a été le plus grand. Après l'avoir vu battre Foreman, j'ai dit à mon père : un jour, je serai champion du monde. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à rêver".

A sept ans, Botha a commencé à boxer, mais il a perdu ses cinq premiers combats et failli jeter l'éponge. Il s'est accroché, et son travail a fini par payer. "Je me rappelle très bien que j'ai perdu ces premiers combats, raconte Botha, ce n'était pas des débuts idéaux pour quelqu'un qui voulait devenir champion du monde".

"Bien sûr, j'étais extrêmement découragé. Les gens pensaient que j'allais abandonner, mais au fond de mon coeur, je n'y ai jamais pensé". Surnommé "le tigre", chez les amateurs, puis "la bombe", à cause de son tempérament explosif, Botha se fait désormais appeler "le buffalo blanc". "C'est peut-être une espèce disparue à notre époque, mais il en reste un", sourit Botha.

En décembre 1995, le Sud-Africain a touché son rêve du poing, contre l'Allemand Axel Schulz à Stuttgart, dans un combat pour le titre vacant IBF. Il avait dominé Schulz aux points, mais le combat a ensuite été déclaré "no contest", car Botha avait été contrôlé positif à un stéroïde anabolisant.


Un toast à Mohammed Ali ?

Un an plus tard, Botha a eu une nouvelle chance pour ce titre IBF, contre l'Américain Michael Moorer, mais il est allé au tapis à la 11e reprise, pour la première fois de sa carrière, puis encore deux fois dans le même round. Au début de la 12e, Botha ne réagissait plus aux coups de Moorer et l'arbitre Mills Lane a mis fin au combat.

Depuis, Botha s'est installé en Californie, il a investi dans une poignée de restaurants et vend des flûtes à champagne qui s'allument quand on les remplit. Malgré cette passion pour le business, il n'a pas oublié qu'il est d'abord un boxeur, et il a hâte de trouver Lewis sur son chemin.

"Lennox Lewis n'a encore jamais senti la puissance du buffle. Il y a tellement de poids lourds qui me sous-estiment, ils me prennent pour un idiot", ajoute Botha, qui touchera une bourse de 1,5 million de dollars pour ce combat, mais assure que ce n'est pas sa motivation première.

Mike Tyson lui-même avait senti la puissance du buffle, en janvier 1999 : Botha menait largement aux points quand, trop confiant, il a baissé sa garde et s'est retrouvé au tapis pour le compte, étendu par une droite du fameux "Iron Mike", et battu par arrêt de l'arbitre à la cinquième reprise.

C'est l'une des deux défaites de Botha en 43 combats, dans un palmarès faisant surtout état de 40 victoires, dont 25 avant la limite, et un nul, sans compter le "no contest" contre Schulz. S'il prend les deux ceintures à Lewis samedi soir, Botha pourra fêter ça dans ses propres flûtes à champagne, et porter un toast à son modèle, Mohammed Ali.


Il affrontera Frank Botha samedi

"Lennox est dans la meilleure forme de sa carrière"
-Son entraîneur Emmanuel Stewart

Lennox LewisLONDRES, 12 juil (AFP) - Le Britannique Lennox Lewis, double champion du monde WBC et IBF des poids lourds, est au sommet de sa forme, selon son entraîneur Emmanuel Steward, à trois jours de son combat contre le Sud-Africain François Botha, samedi soir à la "London Arena".

"Lennox est dans la meilleure forme de sa carrière, il est intouchable par les poids lourds du moment", a affirmé Steward. Ce sera le premier combat de Lewis en Grande-Bretagne depuis six ans et douze combats, quand il avait perdu sa ceinture WBC contre l'Américain Oliver McCall, à la Wembley Arena.

Ce sera peut-être son dernier outre-Manche, car seulement 7000 des 12.000 places avaient été vendues à une semaine du combat. Selon Lewis, ce manque d'intérêt est une conséquence directe de la contre-publicité faite par Mike Tyson, le 24 juin dernier à Glasgow contre Lou Savarese, une farce mémorable de 38 secondes à Hampden Park.

Mercredi, Lewis est arrivé avec 45 minutes de retard à sa conférence de presse officielle, une attitude qualifiée de "mal élevée" par Botha, qui n'a pas attendu le champion. "J'ai couru, puis j'ai fini mon entraînement", a expliqué Lewis, en survêtement.

"Il ne faut quand même pas oublier que je suis le champion, et lui le challenger, il serait normal qu'il m'attende pendant quelques minutes. Je lui ferai payer sur le ring samedi", a plaisanté l'ancien champion du monde unifié, qui s'est dit "très confiant pour ce combat, bien préparé".

"Grosse surprise"
Contre Botha, Lewis, 34 ans, mettra en jeu ses ceintures WBC et IBF, mais pas celle de la WBA, qui lui a été retirée en avril, sur décision d'un tribunal new-yorkais, parce que Lewis avait refusé de combattre contre Henry Akinwande, son challenger numéro 1 selon la WBA, et un boxeur dont les intérêts sont défendus par le sulfureux Don King.

Le 29 avril dernier, Lewis avait battu l'Américain Michael Grant à New York en moins de deux rounds. "Après ce combat, je me suis remis tout de suite au travail, j'ai passé tout mon temps dans des camps d'entraînement en Amérique, j'ai conservé mon poids de forme et je me sens très bien. Je vais gagner ce combat", a-t-il affirmé, mais sans en préciser la durée.

"Tout dépend du scénario. Si Francois rend les choses difficiles en courant dans tous les sens pour survivre, je vais à avoir du mal à l'attrapper tout de suite. Je ne chercherai pas absolument à le mettre KO, je veux utiliser les différentes facettes de mon talent. J'essayerai toutes mes combinaisons préférées, et on verra bien s'il réussit à résister".

"Il n'a jamais vu un boxeur comme moi, et ça va être une grosse surprise pour lui", a ajouté Lewis au sujet de Botha, 31 ans, deux défaites seulement en 43 combats, dont une contre Tyson en janvier 1999, par arrêt de l'arbitre à la cinquième reprise. Ce même Tyson que Lewis voudrait détruire pour clôturer sa carrière en beauté. Mais avant Tyson, il y a Botha samedi.