Ne manquez pas le gala mettant en vedette Vasiliy Lomachenko et Teofimo Lopez fils dès 22 h sur les ondes de RDS2 et RDS Direct.

À quelques jours d’un gala de boxe où son fils allait affronter Mason Menard en sous-carte de la finale opposant Vasiliy Lomanchenko à Jose Pedrazaau au Madison Square Garden de New York, Teofimo Lopez père a rencontré l’Ukrainien dans le lobby de l’hôtel où les deux clans logeaient.

Lopez s’est alors prestement dirigé vers l’éventuel champion unifié des poids légers et lui a tout bonnement demandé : « Comment vas-tu Lomanchenko? » en lui tendant la main.

Mais au lieu de lui rendre la pareille, Lomachenko l’a plutôt dévisagé en lui lançant ce regard.

Il n’en fallait pas plus pour que Lopez fasse une scène et commence à insulter son interlocuteur.

« Tu ne vas rien faire. Nous nous en venons. Va ch***. Samedi, nous allons voler le spectacle! »

La situation n’a évidemment pas plu au fils. D’apprendre que l’un des champions les plus en vue de la planète avait manqué de respect à son père de la sorte le répugnait au plus haut point.

« Pourquoi as-tu réagi comme ça?, a ensuite demandé le fils à son père ce soir de décembre 2018. Maintenant, je n’aurai d’autre choix que de m’occuper ce problème personnellement. »

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L’anecdote racontée par le brillant journaliste d’ESPN Mark Kriegel permet de mesurer à quel point les Lopez sont animés par une rage lorsqu’il est question de Lomachenko. Chaque fois qu’ils en ont eu la chance, le père et le fils n’ont jamais hésité un seul instant à déverser leur fiel.

Lomachenko ne s’est également pas gêné pour envoyer quelques jabs, évitant notamment soigneusement de nommer Lopez dans sa liste d’adversaires potentiels après sa victoire facile contre Anthony Crolla en avril 2019. Après qu’on lui eut demandé de classer en ordre de préférence Luke Campbell, Mikey Garcia et Lopez, il avait répondu Campbell, Garcia et... Garcia.

Ce n’est probablement pas un hasard si la sécurité est omniprésente au 12e étage de la « bulle » du MGM Grand de Las Vegas où les deux équipes demeurent en attendant la présentation de leur choc pour les ceintures de la WBA, de l’IBF et de la WBO des poids légers. Pour la petite histoire dont seul le WBC a le secret, Lomanchenko est champion « franchise » de l’organisation.

Ce ne sont peut-être que des mots, mais c’est précisément le bouton sur lequel les Lopez ont choisi d’appuyer au cours des deux dernières années. Mais peut-on réellement leur reprocher?

Car depuis pratiquement toujours, Lomachenko semble inatteignable au chapitre des habiletés techniques. Dans les rangs amateurs, il a présenté un dossier de 396-1, tandis que chez les pros, il a détruit tous ses rivaux les uns après les autres – à l’exception d’Orlando Salido évidemment.

Qui plus est, Lomachenko a forcé à l’abandon Nicholas Walters, Jason Sosa, Miguel Marriaga et Guillermo Rigondeaux pendant une formidable séquence de novembre 2016 à décembre 2017 alors qu’il défendait son titre des super-plumes de la WBO acquis des mains Roman Martinez.

Mais depuis qu’il est passé chez les légers, Lomanchenko semble avoir atteint une limite qu’il ne pourra pas franchir. Son premier combat contre Jorge Linares a été marqué par une visite au tapis, alors que 313 des 1068 (29,3 pour cent) coups en puissance de ses adversaires ont atteint la cible. Pendant sa séquence chez les super-plumes, ce taux de réussite n’était que de 25,7 %.

La différence peut paraître infime, sauf que quelques observateurs ont évoqué que Lomachenko pourrait ne pas se remettre d’un coup bien placé de Lopez, qui a remporté 12 de ses 15 combats avant la limite depuis le début de sa carrière et qui semble prêt à passer chez les super-légers.

« Il est secoué, a martelé Teofimo Lopez père après la conférence de presse de mercredi soir. C’est la raison pour laquelle ils ne voulaient pas d’un face-à-face. Ils ont dit non. C’est pourquoi je dis ça. Ils ne veulent plus l’effrayer. Après [le combat] de samedi, tout va changer chez Top Rank. Il y aura un nouveau roi et je n’en peux plus d’attendre. Rien ne nous a été donné. Rien! »

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Est-il cependant possible d’imaginer un seul instant que Lomachenko soit rongé par la peur de quelconque façon? Vendredi à la pesée – où les deux boxeurs ont affiché un poids de 135 livres –, il paraissait avoir un peu de difficulté à ne pas pouffer de rire pendant que Lopez l’invectivait.

« Je dois absolument les remercier, parce qu’ils font la promotion du combat d’une manière extraordinaire, a déclaré Lomanchenko dans le documentaire Blood Swear Tears: Loma vs Lopez conjointement produit par ESPN et Top Rank. Il est possible de le regarder ici et ici sur YouTube.

« Dans mon pays, vous devez savoir que les règles sont différentes. Vous ne pouvez pas juste parler. Dans mon pays, il apprendrait rapidement qu’il faut être capable d’appuyer ce que vous dites. Je ne me sentirai pas mal pour lui. Si j’ai la chance de lui faire mal, c’est ce que je ferai...

« J’avais pourtant dit que je n’avais pas besoin de lui répondre et c’est ce que je viens de faire! »

« Le fils a dit que c’était personnel et je cherche depuis longtemps à comprendre d’où cela vient, a ajouté le gérant de Lomachenko, Egis Klimas. Est-ce que "Loma" a dit quelque chose d’incorrect? Est-ce qu’il lui a manqué de respect d’une manière ou d’une autre? Non, il a été respectueux...

« La vérité, c’est que c’est un jaloux. Il est jaloux de l’attention que reçoit "Loma" et il souhaite simplement se retrouver à sa place. La jalousie, c’est un sentiment nettement pire que la peur. »

Et pendant que les Lopez tirent à boulets rouges sur Lomachenko, le père de ce dernier, Anatoly, le prépare comme il l’a toujours fait : avec une extrême minutie et le sens du détail. Le paternel continue également d’exercer une énorme influence sur son fils et rien ne semble les perturber.

« Quand je suis passé chez les pros, je voulais finir tous mes adversaires par knock-out, mais mon père m’a vite ramené à l’ordre, a expliqué le double médaillé d’or aux Jeux olympiques de Beijing en 2008 et de Londres en 2012. J’ai compris que ce n’était pas un style fait pour moi. »

« Vasiliy m’a déjà dit que son père et lui sont comme un jeu vidéo, a continué Klimas. Anatoly contrôle la manette et Vasiliy est le bonhomme à l’écran qui répond instantanément aux commandes. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’ai pratiquement jamais vu l’entraîneur et le boxeur depuis que je les connais. J’ai plutôt toujours vu un père et son fils. »

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Lomachenko n’est toutefois pas infaillible, étant donné qu’il s’est incliné contre Salido en mars 2014. C’était à l’occasion de son deuxième duel seulement chez les pros et la ceinture vacante des plumes de la WBO était à l’enjeu. Le Mexicain s’était imposé par décision partagée des juges.

Salido avait surtout utilisé tous les trucs du métier pour avoir le dernier mot sur son adversaire. D’abord, il n’avait pas respecté la limite à la pesée, puis il avait retenu, frappé pendant les bris et lancé nombre de coups bas pendant l’affrontement. La stratégie s’est avérée plutôt profitable...

« Je savais que Lomachenko était un combattant très brillant, a mentionné Salido en entrevue à ESPN.com plus tôt cette semaine. Je savais que je devais le rendre inconfortable, de ne pas le laisser réfléchir et d’être continuellement sur lui dans le but de lui offrir une forte opposition.

« J’avais prévu d’être toujours sur lui, de lancer des coups, de ne pas le laisser réfléchir, ne pas le laisser agir puisque je savais pertinemment que c’était un boxeur qui possédait plusieurs outils.

« Je n’ai pas nécessairement ressenti la force de ses coups pendant le combat, mais ses coups au corps étaient brutaux. Dans les deux derniers rounds, il m’a atteint avec deux crochets au foie qui m’ont ébranlé. Je les ai vraiment ressentis. Il sera de loin le meilleur adversaire de Lopez. »

Mais comme Lomachenko l’a rappelé, c’est le temps pour Lopez de passer de la parole aux actes. A-t-il ce qu’il faut pour devenir le nouveau roi incontesté des légers? La réponse ce soir.