MONTRÉAL – Il y a fort à parier que le combat qu’Arslanbek Makhmudov a livré contre Jonathan Rice hier soir au Cabaret du Casino de Montréal sera vite évacué de la mémoire des amateurs.

Pendant toute la durée de l’affrontement que le Montréalais d’origine russe a gagné par arrêt de l’arbitre au septième round, l’Américain n’a jamais véritablement cherché à l’emporter, se contentant plutôt de se déplacer et pour échapper aux puissantes frappes de son adversaire.

Les livres d’histoire retiendront peut-être que cette victoire lui a permis de mettre la main sur un premier titre mineur – la ceinture continentale des Amériques des poids lourds du WBC, – mais son entraîneur se souviendra qu’elle a confirmé le potentiel international de son protégé.

« Depuis le début de sa carrière, Arslanbek a surtout affronté des débutants avec environ le même nombre de combats, des gars qui étaient quand même de qualité, et il a fait le ménage là-dedans, s’est enthousiasmé Marc Ramsay après le triomphe de Makhmudov (8-0, 8 K.-O.).

« Nous allons maintenant tomber dans des gars qui peuvent lui donner des rounds, quelque chose de très important, et il faudra regarder du côté des vétérans, des gars qui sont connus. »

Car le géant du Daghestan n’a visiblement plus rien à apprendre de ces durs qui acceptent de tomber sous ses coups en échange d’une généreuse contribution. Avant le duel d’hier soir, il avait été limité à huit maigres rounds en sept sorties, ne franchissant jamais le deuxième assaut.

« Comme vous avez pu le voir dans le passé, nous avons essayé des toughs qui étaient peut-être un peu moins mobiles, mais ça ne nous apportait plus rien, a précisé Ramsay. Là, nous lui avons présenté une problématique qui était complètement différente : un gars qui a des jambes et des mouvements arrière, un gars qui roule avec les coups et qui possède quand même un menton.

« Nous voulions nous assurer d’avoir une couple de rounds et c’est ce que nous avons eu. Ç’a mis sa patience à l’épreuve et c’est ce que je lui disais entre les rounds. Qu’il était maintenant rendu dans un marathon et qu’il devrait apprendre à être patient en ayant une bonne défense et en utilisant un bon jab. Mon gars n’est pas très, très patient, mais ç’a été une bonne école! »

Évidemment, il reste énormément de choses à peaufiner avant que Makhmudov puisse penser à se mesurer à l’élite mondiale, à commencer par croiser le fer avec boxeur qui sera véritablement capable de rivaliser avec lui. Malgré ses qualités athlétiques indéniables, Rice (10-4-1) n’a à peu près jamais essayé de lancer de coups et n’a jamais représenté une menace en aucun temps.

« Dans les combats d’importance, c’est certain que le gars en avant de toi vient pour se battre, a reconnu Ramsay. Il y a un autre niveau de risque que juste les déplacements. Dans un combat d’importance, le ring aurait aussi été plus grand, ce qui représente une autre problématique...

« Mais nous n’en sommes pas encore rendus là et ce n’est pas au sommet de la pyramide que c’est le temps de commencer à faire des expériences. Il faut savoir où nous sommes à l’aise et où nous le sommes moins. [Hier] soir, j’ai obtenu une tonne d’informations et à son retour dans le gymnase, nous saurons exactement sur quoi travailler. Nous avons de gros projets pour lui. »

Si l’entraîneur a particulièrement aimé les déplacements de son protégé dans le ring – l’ajout d’un pas de côté pour atteindre plus facilement la cible en mouvement –, il reconnaît toutefois que Makhmudov devra apprendre à réduire la distance pour ne pas se faire surprendre un jour.

« [Hier] soir, il n’y avait pas de contre-attaque, alors il n’y avait pas vraiment de risques, mais il faut qu’il couvre la distance après son jab, a expliqué Ramsay. Il gardait ainsi toujours le même écart après avoir envoyé un jab au corps et j’aurais préféré  qu’il s’approche un petit peu plus. »

Après avoir livré trois combats en l’espace de quatre mois depuis le commencement de l’année, Makhmudov s’offrira des vacances en Russie avant de recommencer l’entraînement. Ramsay espère le revoir dans l’arène en septembre pour reprendre exactement là où ils avaient laissé.