Mathieu Germain : un obstacle à la fois
Boxe vendredi, 12 oct. 2018. 08:39 jeudi, 12 déc. 2024. 05:47
MONTRÉAL – Après avoir mis le grappin sur sa première ceinture mineure depuis le début de sa carrière à sa dernière sortie, Mathieu Germain entre maintenant dans la zone la plus complexe de la boxe professionnelle : celle où chaque combat permet de séparer le bon grain de l’ivraie.
Fini le temps où l’athlète originaire de Rosemont passait littéralement sur le corps de ses rivaux sans leur laisser la moindre miette. En juin dernier au Cabaret du Casino de Montréal, « G-Time » a d’ailleurs perdu ses premiers rounds sur les cartes des juges contre le très pugnace Christian Uruzquieta avant d’être couronné champion nord-américain des poids super-légers de l’IBF.
Germain (15-0, 8 K.-O.) effectuera la première défense de ce titre samedi soir, encore au Casino, alors qu’il se mesurera au Mexicain Carlos Jimenez en demi-finale du gala d’Eye of the Tiger Management qui mettra en vedette les super-moyens locaux Erik Bazinyan et Francy Ntetu.
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« J’ai appris plein de bonnes choses à mon dernier combat, a avoué le père de deux enfants, jeudi, en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion de l’événement qui sera présenté à guichets fermés. C’était mon premier combat où je me rendais à la limite de dix rounds, alors c’est sûr que ça m’a permis de vivre une expérience complètement différente.
« J’ai toujours été un gars en forme qui lance beaucoup de coups, mais ça m’a montré que je peux rester en confiance pendant les rounds où j’ai peut-être connu un petit down. Il y a deux rounds qui auraient pu aller d’un côté comme de l’autre, que je pensais avoir gagnés parce que je me sentais en contrôle et que je ne m’étais pas fait brasser, mais on ne les a pas donnés...
« Ç’a été un gros combat d’expérience, loin d’être parfait, mais j’ai cependant bien performé. C’est l’adversaire qui m’a donné le plus de difficulté et là, ça va en être un encore meilleur. »
En jetant un bref coup d’œil au dossier de Jimenez (14-8-1, 8 K.-O.), il est cependant difficile de s’imaginer qu’il puisse poser le moindre problème à Germain, mais en y regardant de plus près, il est possible de constater qu’il a passé le knock-out à Pedro Campa, un espoir considéré à la porte d’un combat de championnat du monde avant qu’il ne rencontre Jimenez sur son chemin.
« C’est un gars qui a presque toujours été du côté du négligé, mais qui a souvent été capable de sortir gagnant de ses combats contre des gars avec des fiches de 19-0 ou encore de 27-0, a mentionné le pugiliste montréalais âgé de 29 ans. C’est un gars qui vient assurément ici pour gagner et surtout profiter de la chance que nous lui offrons de mettre la main sur une ceinture.
« C’est un bon boxeur qui met toujours une pression constante, mais pas comme Uruzquieta qui me courrait après et fonçait dessus. C’est un gars qui essaie de boxer et de frapper en même temps que toi parce qu’il croit en ses coups de puissance. Il knockoute des gars avec un coup de poing. Il essaie souvent de placer ses coups pendant que tu frappes par-dessus avec tes coups.
« Il faut évidemment que je sois attentif, mais j’ai une bonne confiance en ma défense. J’ai un bon menton – je l’ai déjà testé dans les rangs amateurs et en sparring –, mais je ne lui fais pas confiance parce qu’il peut te trahir n’importe quand. J’aime bien mieux esquiver les coups. »
Habitué à se servir de tout l’espace disponible, Germain reconnaît que le petit ring du Casino représentera un défi supplémentaire samedi soir, sauf qu’il est loin de le trouver insurmontable.
« C’est sûr que ce n’est pas à mon avantage, mais ça ne me dérange pas, car je pense que j’ai assez de boxe pour faire ce que je veux dans un petit ring avec ce genre d’adversaire. Avec l’entraîneur que j’ai, je ne peux pas me permettre de me faire toucher inutilement, parce que je vais entendre : “Hey ti-gars, qu’est-ce que tu fais là”, a-t-il conclu en imitant parfaitement la voix de Mike Moffa. Je sais qu’il va me chialer après, alors j’essaie de rester vigilant en défense. »
En attendant de disputer sa première finale – il juge être maintenant prêt pour ce genre de défi –, Germain se concentre à franchir chacun des obstacles qui se dressent devant lui un à la fois.