Eleider Alvarez ne doit pas prendre une décision précipitée sur son avenir
Boxe dimanche, 23 août 2020. 14:00 jeudi, 12 déc. 2024. 15:13Jeudi le 27 août à 21 h, RDS et RDS Direct présenteront le combat entre Eleider Alvarez et Joe Smith fils
Même si Eleider Alvarez s’est fait passer le knock-out après avoir été dominé par Joe Smith fils, son promoteur Yvon Michel ne lui conseille pas de prendre une décision précipitée au sujet de la suite de sa carrière et lui suggère plutôt de laisser la poussière retomber encore deux semaines.
Alvarez (25-2) a durement été projeté au sol par Smith (26-3, 21 K.-O.) et le combat s’est arrêté 26 secondes seulement après le commencement du 9e round, samedi soir dans la « bulle » du MGM Grand de Las Vegas, à l’occasion d’un duel éliminatoire des poids mi-lourds de la WBO.
Dans les minutes qui ont suivi cette deuxième défaite en carrière, son entraîneur Marc Ramsay a confié à l’estimé collègue du Journal de Montréal Mathieu Boulay que le Montréalais d’origine colombienne et lui avaient convenu que le moment d’accrocher les gants était bel et bien arrivé.
« Ce n’est jamais bon de prendre des décisions à chaud, a mentionné Michel en entrevue avec RDS.ca dimanche matin. Tout le monde pensait que [Sergey] Kovalev devait prendre sa retraite après sa défaite contre Eleider, et pourtant, à ses deux combats suivants, il a fait plus d’argent que dans l’ensemble de sa carrière. Mais bon, il faut évidemment voir ce qu’il a envie de faire...
« En même temps, je comprends la réaction de Marc. Il m’a dit qu’il voyait l’empreinte du temps sur Eleider et que c’était de plus en plus difficile à l’entraînement. Si Eleider n’a pas le goût plus que cela et que Marc pense que ce n’est pas une bonne idée, je n’irai pas au bat pour lui trouver des combats. Mais si tout le monde revient avec enthousiasme, alors je ferai ce que j’ai à faire. »
Le promoteur est convaincu qu’il n’aurait pas de difficulté à dénicher des adversaires à Alvarez si c’était le souhait de l’athlète âgé de 36 ans. Cependant, il est acquis qu’il ne s’agirait pas d’une partie de plaisir – au contraire – pour empocher une bourse qui aurait le moindrement du sens.
« Un gars comme Eleider va toujours recevoir des offres. Prenez [Dillian] Whyte, il a perdu [hier] et il est déjà question d’une revanche, a expliqué Michel. Mais va-t-il avoir le goût d’affronter des jeunes comme [Joshua] Buatsi ou [Edgar] Berlanga, étant donné que c’est ce qui l’attend. »
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Un parcours dont il peut être fier
Contrairement à Whyte, Alvarez pourra difficilement s’accrocher à quelque chose de positif à la suite de sa prestation contre Smith. L’ancien champion des mi-lourds de la WBO tirait largement de l’arrière (80-72, 79-73 et 79-73) sur les cartes des trois juges au moment de l’arrêt du duel.
De plus, Alvarez n’a pas paru particulièrement inspiré, exactement comme cela avait été le cas pendant sa revanche contre Kovalev en février 2019. Il semblait atteindre l’occasion parfaite afin de lancer sa main arrière, mais cette chance n’est pas venue aussi souvent qu’il l’aurait désiré.
« Le résultat d’un combat, c’est souvent une question de style, a relativisé Michel. Je pense que le style de Smith va toujours embêter Eleider. Quand il a devant lui un gars un peu moins intense et que le combat se transforme en une partie d’échecs, Eleider sera nettement plus performant.
« Quand tu bats contre un adversaire de la trempe de Smith, il faut être en jambes pour lui faire rater la cible et le prendre en contre-attaque ou encore être en mesure de lui faire mal. Eleider n’avait pas les jambes et il n’a pas su lui faire mal. Dans le fond, il n’a jamais trouvé son rythme.
« Cela dit, ce n’est pas moi qui suis dans le gymnase et qui reçois les coups. C’est très important de sortir d’une carrière en bonne santé et c’est pourquoi il est primordial d’avoir de la détermination et de l’enthousiasme à l’entraînement pour ne jamais couper les coins ronds. Un gars comme Jean Pascal a précisément été capable de se redéfinir après un passage à vide. »
Sauf qu’une question demeure... Pourquoi Alvarez s’est-il écroulé à ce point depuis sa victoire face à Kovalev, alors que tous ses efforts et toutes les tempêtes qu’il avait traversés depuis son arrivée au Québec il y a plus de 10 ans étaient sur le point d’être financièrement récompensés?
« J’en discutais justement en regardant le combat avec [la vice-présidente à la direction de Groupe Yvon Michel] Alexandra [Croft], a avoué Michel. Un gars comme Leonard Dorin avait deux objectifs : devenir champion du monde et effectuer une défense de son titre en Roumanie. Une fois qu’il a atteint ses objectifs, il n’a plus jamais été le même. Est-ce que c’est le cas d’Eleider?
« Ce n’est vraiment pas impossible... avant son premier combat contre Kovalev, il s’était entraîné en altitude en Colombie et il n’y avait rien de trop gros ou exigeant pour lui. Cela lui a d’ailleurs permis d’effectuer la performance de sa vie. Après, ç’a été beaucoup plus difficile... »
Aux yeux de Michel, il serait injuste de juger Alvarez, étant donné qu’il n’aura jamais à rougir de son parcours. Après tout, il est devenu champion du monde et il a aussi signé quelques victoires significatives face à Isaac Chilemba, Lucian Bute, Pascal et Kovalev pour ne nommer que ceux-là.