WASHINGTON (AFP) - Mike Tyson est une bombe à retardement qui explose périodiquement, laissant des victimes dans son sillage, sur le ring comme en dehors, et c'est cet homme que la Commission de boxe du Nevada ne veut plus voir sur les rings de Las Vegas.

Le passé explosif de Tyson s'avère, en effet, très riche.

Entre les cordes, l'adolescent sauvé de la rue par la boxe a commencé ses exécutions en 1985 pour glaner les couronnes mondiales une à une et les millions promis à chacune de ses sorties.

Dans la vie, il était loin d'être un modèle pour les jeunes. Il multipliait les accrochages lors de ses virées nocturnes, brisant au passage le nez d'un ancien adversaire dans les rues de Manhattan. Il s'illustrait aussi à travers ses actes de violence conjugale avec son épouse-actrice Robin Givens, dont il divorcera plus tard.

Mais on pardonnait beaucoup à l'époque au plus jeune champion du monde des lourds de l'histoire, l'homme qui se déguisait en roi pour poser sur les couvertures des magazines et qui remplissait les caisses des villes-casinos, Atlantic City ou Las Vegas.

La défaite contre Buster Douglas, un soir de février 1990 à Tokyo, fut le grain de sable qui a enrayé la machine. Et, alors que Tyson se lançait en reconquête, il encaissait le plus rude K.O de sa vie: une accusation de viol l'envoyait en 1992 derrière les barreaux d'une prison de l'Indiana.

L'oreille...

Trois ans plus tard, sa sortie était très attendue. Un Tyson nouveau, converti à l'islam et arborant des tatouages de Mao et du Che, constituait une énigme. L'homme avait-il trouvé une sagesse tout en conservant en lui le boxeur destructeur?

Pas vraiment. Sur le ring, il faisait illusion jusqu'à ses deux combats contre son compatriote Evander Holyfield. Stoppé une première fois par l'ancien champion des lourds-légers, Tyson exprimait sa frustration et révélait alors son comportement animal en arrachant un morceau d'oreille à son adversaire.

Puni par la Commission du Nevada, il revenait deux fois dans la capitale des jeux pour repartir avec une réputation un peu plus salie, avouant avoir voulu briser le bras du Sud-Africain Frans Botha et assommant son compatriote Orlin Norris après le son de cloche.

C'était ensuite le début de la tournée européenne du cirque Tyson. De Manchester à Copenhague, en passant par Glasgow, "Iron Mike" disposait d'adversaires fantômes pour porter son palmarès à 49 victoires pour trois défaites.

... et la cuisse

Pas brillant mais suffisant pour attirer les millions promis pour un combat avec le Britannique Lennox Lewis. Tout était prêt pour un choc historique programmé le 6 avril à Las Vegas. Jusqu'à ce coup de sang de Tyson à New York, cette bagarre de rue avec le camp Lewis, suivie de ses insanités et marquée d'un nouveau acte de cannibalisme, cette fois dans la cuisse de son futur adversaire.

Trop c'est trop, jugera la Commission du Nevada une semaine plus tard, estimant que la boxe peut fort bien se passer d'un tel représentant.

Quel avenir pour le Tyson de 35 ans? Sur le ring, il devrait encore trouver des endroits où l'on veut bien accueillir son cirque. Un choc avec Lewis reste encore possible, ailleurs, à une autre date que le 6 avril, et pour des bourses certainement inférieures. Sur un coup, l'ex-Iron Mike a même une chance de redevenir champion du monde...

Mais ce sont ses problèmes hors du ring qui pourraient lui faire mordre définitivement la poussière. Cette accusation de viol sur laquelle enquête le Nevada et qui, si elle était confirmée, pourrait envoyer "l'animal" une nouvelle fois derrière les barreaux et mettre fin à sa carrière pugilistique.