LEVALLOIS-PERRET - Le Français Jean-Marc Mormeck a réussi son pari et pris sa revanche sur le Jamaïcain O'Neil Bell, récupérant aux points les deux ceintures WBA et WBC des lourds-légers, samedi à Levallois-Perret (région parisienne), un peu plus d'un an après sa cuisante défaite face au même adversaire.

Le boxeur tricolore le savait, il jouait très gros, un nouveau revers après celui concédé en janvier 2006 au Madison Square Garden de New York sonnant sans doute le glas d'une carrière professionnelle débutée en 1995.

Mais pour son retour en France, cinq ans après son exil aux Etats-Unis, Mormeck a offert au public de Levallois un combat d'une rare intensité, remportant sa 33e victoire et donnant ainsi une nouvelle vigueur à son avenir pugilistique.

Face à un adversaire roublard et facétieux, Mormeck n'est jamais tombé dans le piège, gérant intelligemment les douze rounds. Moins mobile que Bell, il s'est rué à l'attaque dès la première reprise, usant paradoxalement d'une tactique qui lui avait été fatale l'année dernière à New York.

Le Jamaïcain était à deux doigts de vaciller dès la 3e reprise après une avalanche de coups du Français, sans doute piqué au vif par un coup au bas ventre de Bell.

Provocation

Mais signe que cette revanche entre les deux hommes ne voulait pas choisir aussi rapidement son vainqueur, c'est le tenant du titre qui se rebellait et n'était pas loin de mettre son challengeur K.O dans le 6e round.

Outre la puissance de ses coups, le showman Bell a également usé d'une autre arme en sa possession, la provocation. Il a essayé par tous les moyens de déstabiliser Mormeck par ses mimiques, ou en tentant de lui faire la bise en plein combat.

Mais ce sont surtout ses qualités de puncheur et sa capacité à encaisser les coups qui ont retardé l'échéance et rendu l'issue indécise jusqu'au bout.

Le tournant du combat s'est au début de la 7e reprise où Mormeck, sans doute mis en confiance par les pointages des juges, étrangement annoncés par le speaker tout au long du combat, décidait de changer de tactique et de jouer l'attentisme.

La fatigue faisait aussi son apparition chez le Français alors que Bell, bien que n'étant pas monté sur un ring depuis sa victoire contre Mormeck, restait toujours vaillant.

Mais au final, les juges décidaient de récompenser la prise de risques de Mormeck, lui offrant à l'unamité le droit de reprendre ses biens, abandonnés à contre-coeur l'année dernière.

Mêlée après le combat

Une échauffourrée a éclaté entre Bell et Mormeck lors de la conférence de presse ayant suivi le combat.

Alors que Mormeck répondait aux questions des journalistes après sa victoire aux points face au tenant des deux ceintures, Bell, très remonté par la décision des juges, s'est approché du Français lui demandant: "Dis-moi en face que c'est toi qui a gagné le combat", avant de tenter de lui asséner un coup.

Une légère confusion s'en est suivie avant que les clans des deux boxeurs parviennent à éloigner les deux hommes l'un de l'autre. Le calme est revenu au bout de quelques minutes, les gardes du corps de Bell ayant réussi à évacuer le Jamaïquain et à le ramener dans son vestiaire.
Juste après le combat, Bell avait déjà fait part de sa "déception" à propos de la décision des juges qui ont donné Mormeck vainqueur à l'unanimité.

"Le champion c'est toujours moi, avait déclaré le Jamaïquain. Il ne m'a pas absolument pas fait mal. Je veux un troisième combat avec les mêmes juges, le même arbitre, le même public et on verra qui est le plus fort."