PARIS (AFP) - Morrade Hakkar s'accorde vingt pour cent de chances d'entrer dans l'Histoire comme le 4e Français, après Marcel Cerdan, Alphonse Halimi et Khalid Rahilou, à rapporter un titre mondial aux États-Unis, au terme du combat qu'il livrera, samedi à Philadelphie, face au champion du monde unifié (IBF-WBC-WBA) des poids moyens, le vétéran Bernard Hopkins (38 ans).

"Sur papier, je n'ai théoriquement aucune chance, soupire le Bisontin, mais j'estime en fait en posséder vingt sur cent. Surtout si mon adversaire, certes une légende de la boxe qui ne doit pas me connaître, me prend à la légère".

Sur place avec quelques membres de la grande famille (huit frères et soeurs) du boxeur, Michel Acariès partage l'opinion frappée du coin du bon sens de son protégé. "Tout Hopkins qu'il soit, c'est à dire la référence mondiale toutes catégories confondues, l'Américain ferait une faute en mésestimant Morrade, insiste-t-il. Car, Hakkar a atteint la plénitude de ses moyens. Ce petit est un homme intelligent et conscient du challenge. Il est gonflé à bloc".

La carte de visite du "bourreau de Philadelphie" ("The Executioner") rappelant qu'il est le tombeur de l'emblématique Felix Trinidad, ne trouble pas le sommeil de l'Algérien d'origine, propriétaire d'une épicerie et d'un bar PMU au centre de Besançon.

Avec l'âge (30 ans), la sérénité s'est installée. "Je suis prêt. J'ai le moral. J'ai du métier et je sauterai sur la moindre occasion, observe-t-il. Mon sens du déplacement, mon endurance et mon courage constitueront mes meilleurs atouts".

Morrade Hakkar se sent d'attaque. Il veut que son patronyme, courant en Franche-Comté, soit cette fois "connu dans le monde entier". Il a conscience de toucher la chance de sa carrière riche de 29 succès, dont 18 avant la limite pour 3 défaites.

Mais l'ex-champion d'Europe devra surtout surmonter sa mise en action souvent laborieuse. "Je me méfierai des quatre premiers rounds, tranche-il sachant que son rival a signé 13 de ses trente KO à la première reprise. Il n'est pas question qu'il mette en l'air le petit Français dès les premiers échanges."

Ce fils de grutier, élevé dans le quartier difficile de Morapont, n'est pas troublé par la situation internationale due à la guerre en Irak qui pourrait le mettre en délicate position face au public américain. "Je ne pense pas que le choix français de rester à l'écart dans le conflit m'attire les foudres du public, estime-t-il. Cela ne changera rien."

Là encore Michel Acariès acquiesce. "A Philadelphie, l'opinion est favorable à la France, résume le promoteur parisien. N'oublions pas que La Fayette est passé par là. Qu'ici, après le travail, chacun y va de son petit verre de vin rouge ou blanc, quand il ne va pas se restaurer au +Bec Fin+ par exemple. On est vraiment chez nous."