BRIDGEPORT - Yvon Michel n'avait pas eu le temps de mettre le pied dans le mini-bus du groupe GYM devant ramener le clan de Joachim Alcine à Montréal, dimanche matin, qu'il pensait déjà au prochain combat du boxeur québécois de 31 ans.

Couronné champion du monde chez les super mi-moyens de la WBA une dizaine d'heures plus tôt, Alcine parlait déjà de son désir d'atteindre une forme physique supérieure à celle qui lui a permis de détrôner Travis Simms par décision unanime des juges, samedi soir. Michel pensait également à la suite des choses.

"On a déjà reçu des offres d'un peu partout, on a déjà des gens qui nous appellent et qui nous offrent leurs disponibilités. On va regarder ça avec beaucoup d'intérêt dans les prochaines semaines. On prévoit que Joachim sera prêt à défendre sa couronne quelque part au mois d'octobre."

Le combat de samedi n'était peut-être que le premier chapitre d'une association de longue haleine avec Don King. Michel a expliqué que le flamboyant promoteur américain de 75 ans avait négocié le droit d'égaler les offres rivales que le clan Alcine recevrait, avec droit de premier refus pour trois combats.

King n'est pas nécessairement un allié avec lequel il est facile de composer, mais Michel a indiqué que tout s'était bien passé dans les semaines précédant l'affrontement contre Simms.

"Tout ce qu'il nous a promis pour ce combat, ç'a bien fonctionné, a dit Michel. Joachim a été payé beaucoup plus qu'un aspirant dans sa position ne l'aurait été normalement. On s'était entendus au départ pour disputer le combat à Montréal, mais Simms ne voulait pas venir et King a été obligé de revenir sur sa parole, mais il nous a largement compensés pour ça. Jusqu'à présent, toutes les discussions avec lui ont été très cordiales.

"Ceux qui sont dans une position où ils ont besoin de Don King, eux sont en difficultés, a reconnu Michel. Mais nous, ce n'est pas ça, c'est lui qui va venir nous solliciter, et on n'est pas obligé d'accepter. On est donc en bonne position.

"C'est là la beauté d'avoir été patient, d'avoir amené notre boxeur comme aspirant obligatoire. De cette façon, s'il gagne, il devient un champion libre."

Michel n'est pas certain s'il va tenter de s'attaquer immédiatement à l'un des autres champions de la catégorie de poids d'Alcine, ou même si cela sera possible. Il dit avoir déjà reçu une proposition de la part de King pour un combat contre Cory Spinks, le champion actuel dans l'IBF.

"On va regarder ça, comme toutes les offres qu'on va recevoir", a dit Michel.

Une revanche? Pas de sitôt

Après le combat, prétextant notamment une blessure à la main subie tôt dans l'affrontement, Simms a dit mériter une revanche, qu'on lui devait la même opportunité qu'il avait accordée à Alcine - en oubliant qu'il était obligé de l'affronter étant donné que le Lavallois était aspirant obligatoire.

"Ce n'est qu'un accident de parcours, c'est temporaire, je suis quand même le chemin que je suis destiné à suivre, a déclaré Simms. Même les grands champions peuvent tomber, l'important c'est de se relever.

"Je suis convaincu que je suis plus fort que lui, plus rapide que lui, et que je frappe plus fort que lui. La prochaine fois, il ne durera pas longtemps."

Mais y aura-t-il une prochaine fois?

"La victoire de Joachim (samedi) n'a fait aucun doute. Si Simms devient aspirant obligatoire, on va être obligé de l'affronter, mais entre-temps il a y a tellement de gros noms dans la division... A moins que King nous arrive avec une offre de plusieurs millions pour faire ce combat-là, c'est certain qu'on va regarder en avant, pas en arrière."

"Si je suis en bonne forme physique, un combat revanche ne donnerait absolument rien, car il tomberait très vite, a affirmé Alcine. Parce que cette fois-ci, je n'étais pas au sommet de ma forme. Si j'avais été en meilleure forme, le combat n'aurait pas duré longtemps. Tandis que lui, il était très en forme, il s'est dit en meilleure forme que lorsqu'il a affronté (Jose Antonio) Rivera et remporté le titre."

Don King a toutefois lui aussi parlé de revanche, ce qui fait qu'il ne faut rien exclure. Parce que ce Don King veut, Don King obtient.

"Il n'y a pas de contrat de signé pour une revanche, mais Yvon et moi allons discuter, on verra ce qui arrivera, quel sera le moment le plus approprié," a déclaré le promoteur américain, samedi soir, lors de la conférence de presse qui a suivi le combat.

Chose certaine, foi d'Yvon Michel, si une revanche a effectivement lieu, il faudrait qu'elle ait lieu à Montréal.

D'une façon ou d'une autre, Michel n'a aucun doute qu'Alcine sera prêt pour son prochain combat, peu importe l'adversaire.

"Il a mérité le droit de prendre un bon repos mais Joachim, c'est quelqu'un qui ne pense jamais négativement, il a tellement de discipline... Dans la vie il a deux passions - sa famille et l'entraînement - ce qui fait que même si on lui disait de rester loin du gymnase, il n'est pas capable de le faire pour plus d'une semaine ou deux."