Ouellet de retour en société (suite)
Boxe vendredi, 2 juin 2006. 15:03 dimanche, 15 déc. 2024. 14:55
« Il a l'air heureux », a dit Stéphan Larouche après l'avoir reçu au gymnase, la réserve contenue dans son « l'air heureux » renvoyant probablement à toutes ces fois où il avait été trompé par les apparences, quand les manifestations de béatitude qu'il voyait chez son boxeur n'étaient dues qu'aux paradis artificiels.
Mais qu'en est-il vraiment de la vérité du quotidien, de l'intimité?
Pour autant que l'on puisse l'être sur cette terre en 2006, Stéphane Ouellet, aujourd'hui, n'a pas seulement l'air heureux, il l'est. Et comment croire à une coïncidence quand cette première vraie période de bonheur depuis longtemps lui tombe dessus peu de temps après ce qu'il sait être aujourd'hui sa sortie définitive de la boxe? « Dans le fond », affirme Stéphan Larouche avec qui l'on venait de discuter des crises de panique faites par Ouellet à la veille de deux de ses combats, « des crises comme celles-là et comme celle de Dorin en Roumanie n'arrivent pas quand le gars est heureux dans la boxe. C'est pour ça, par exemple, qu'une telle chose ne pourrait se produire avec Lucian Bute. Et cela fait juste prouver que Stéphane, avec la boxe, n'était juste pas sur la bonne track, que ce n'était pas une vie faite pour lui »
C'est pour cette raison, d'ailleurs, que le projet d'InterBox, très louable dans l'intention de la part de gens qui avaient eu mal de le voir finir sur une telle note contre Alcine, que donc le projet d'InterBox de lui faire disputer, et gagner, un combat d'adieu contre une victime facile, représentait une mauvaise idée. Pour l'essentiel, ce ( encore ) dernier combat n'aurait contribué qu'à faire durer Stéphane Ouellet dans un milieu avec lequel il avait somme toute peu d'osmose, et surtout n'aurait que retardé ce qu'il remettait depuis déjà bien trop longtemps : sa réinsertion dans la « vraie » société, celle des héros anonymes du quotidien qui, chaque jour, se lèvent de grand matin pour aller gagner leur croûte. Sans compter que, si oui il est vrai que comme le disait Stéphan Larouche, « une dernière victoire aurait fait tellement plaisir à des amateurs pour qui c'était tout de voir ce gars-là gagner », on peut se demander quel intérêt il y aurait eu à voir Stéphane Ouellet, lui si fier de l'authenticité de ses victoires ou de ses défaites, enjamber les cordes, attendre la cloche, donner deux ou trois coups de poing à un type indigne de les recevoir, puis lever les bras au ciel au moment de la confirmation de sa « victoire » Non, à ce compte-là, Stéphane Ouellet est bien d'accord, mieux valaient encore les larmes de douleur et le sang de sa dernière minute sur un ring contre Alcine, dans leur magnifique cruauté ils célébraient et rendaient bien davantage justice à la boxe « Et de toute façon, dit Ouellet, ma vraie victoire, de loin la plus importante et celle qui me rend le plus fier, c'est d'avoir aujourd'hui réussi à remettre ma vie sur les bons rails, d'avoir réussi à me dénicher un bon boulot. Pour un ancien boxeur comme moi, qui n'a pas beaucoup de scolarité, qui a vraiment failli sombrer dans la drogue, j'estime que je m'en sors quand même à bon compte » Une réflexion qu'il avait surtout eu le temps de se faire à toutes ces fois où, pour se rendre au travail, il avait dû emprunter le métro en ne pouvant pas échapper au triste spectacle de ceux qui restent sur les quais et qui n'ont pas eu besoin de descendre sous terre pour connaître les tunnels
Le sien nous apparaît bien loin et bien proche à la fois. Bien loin quand on s'attarde avec admiration au spectaculaire retournement de situation qu'il a opéré dans sa vie; à la rapidité avec laquelle il s'est fondu dans son nouveau rôle de travailleur de la construction; à l'envie et à l'enthousiasme qu'il met, souvent six jours sur sept, à se rendre sur les chantiers pour y travailler encore plus dur et surtout bien plus longtemps qu'au temps de sa boxe; quand on s'attarde enfin à son discours d'aujourd'hui sur ce qui fut hier sa pire ennemie.
Mais bien proche aussi, justement, ces jours où il revient épuisé du boulot, qu'il a fermé son téléphone, que les appels à son domicile restent vains, et que les angoisses d'antan reviennent - et si?, et si?, et si? - jusqu'à ce qu'il décide de se manifester, de rappeler par le silence de l'écriture qu'il va bien et qu'il n'a rien perdu de sa drôlerie : Je t'annonce que je serai le prochain adversaire d'Andrade. Mise tout ce que tu possèdes.
Cela nous revient d'ailleurs: humour pour humour, dans ses prédictions de janvier des événements à venir dans le monde du sport, La Presse l'avait gentiment chambré en écrivant qu'il allait choisir le jour de son anniversaire pour sortir de sa retraite et annoncer un nouveau-dernier retour.
Quelque part, La Presse aura eu raison : Stéphane Ouellet, 35 ans mardi prochain, est aujourd'hui fier d'annoncer son retour en société.
Et désormais, le moins que l'on puisse souhaiter de la part de ceux qui espèrent tout autre retour que celui-là pour boucher un trou dans un gala impliquant Davey Hilton, c'est qu'ils aient la décence de ne pas chercher à le tirer de là où il n'a jamais été aussi proche de la boxe.
Mais qu'en est-il vraiment de la vérité du quotidien, de l'intimité?
Pour autant que l'on puisse l'être sur cette terre en 2006, Stéphane Ouellet, aujourd'hui, n'a pas seulement l'air heureux, il l'est. Et comment croire à une coïncidence quand cette première vraie période de bonheur depuis longtemps lui tombe dessus peu de temps après ce qu'il sait être aujourd'hui sa sortie définitive de la boxe? « Dans le fond », affirme Stéphan Larouche avec qui l'on venait de discuter des crises de panique faites par Ouellet à la veille de deux de ses combats, « des crises comme celles-là et comme celle de Dorin en Roumanie n'arrivent pas quand le gars est heureux dans la boxe. C'est pour ça, par exemple, qu'une telle chose ne pourrait se produire avec Lucian Bute. Et cela fait juste prouver que Stéphane, avec la boxe, n'était juste pas sur la bonne track, que ce n'était pas une vie faite pour lui »
C'est pour cette raison, d'ailleurs, que le projet d'InterBox, très louable dans l'intention de la part de gens qui avaient eu mal de le voir finir sur une telle note contre Alcine, que donc le projet d'InterBox de lui faire disputer, et gagner, un combat d'adieu contre une victime facile, représentait une mauvaise idée. Pour l'essentiel, ce ( encore ) dernier combat n'aurait contribué qu'à faire durer Stéphane Ouellet dans un milieu avec lequel il avait somme toute peu d'osmose, et surtout n'aurait que retardé ce qu'il remettait depuis déjà bien trop longtemps : sa réinsertion dans la « vraie » société, celle des héros anonymes du quotidien qui, chaque jour, se lèvent de grand matin pour aller gagner leur croûte. Sans compter que, si oui il est vrai que comme le disait Stéphan Larouche, « une dernière victoire aurait fait tellement plaisir à des amateurs pour qui c'était tout de voir ce gars-là gagner », on peut se demander quel intérêt il y aurait eu à voir Stéphane Ouellet, lui si fier de l'authenticité de ses victoires ou de ses défaites, enjamber les cordes, attendre la cloche, donner deux ou trois coups de poing à un type indigne de les recevoir, puis lever les bras au ciel au moment de la confirmation de sa « victoire » Non, à ce compte-là, Stéphane Ouellet est bien d'accord, mieux valaient encore les larmes de douleur et le sang de sa dernière minute sur un ring contre Alcine, dans leur magnifique cruauté ils célébraient et rendaient bien davantage justice à la boxe « Et de toute façon, dit Ouellet, ma vraie victoire, de loin la plus importante et celle qui me rend le plus fier, c'est d'avoir aujourd'hui réussi à remettre ma vie sur les bons rails, d'avoir réussi à me dénicher un bon boulot. Pour un ancien boxeur comme moi, qui n'a pas beaucoup de scolarité, qui a vraiment failli sombrer dans la drogue, j'estime que je m'en sors quand même à bon compte » Une réflexion qu'il avait surtout eu le temps de se faire à toutes ces fois où, pour se rendre au travail, il avait dû emprunter le métro en ne pouvant pas échapper au triste spectacle de ceux qui restent sur les quais et qui n'ont pas eu besoin de descendre sous terre pour connaître les tunnels
Le sien nous apparaît bien loin et bien proche à la fois. Bien loin quand on s'attarde avec admiration au spectaculaire retournement de situation qu'il a opéré dans sa vie; à la rapidité avec laquelle il s'est fondu dans son nouveau rôle de travailleur de la construction; à l'envie et à l'enthousiasme qu'il met, souvent six jours sur sept, à se rendre sur les chantiers pour y travailler encore plus dur et surtout bien plus longtemps qu'au temps de sa boxe; quand on s'attarde enfin à son discours d'aujourd'hui sur ce qui fut hier sa pire ennemie.
Mais bien proche aussi, justement, ces jours où il revient épuisé du boulot, qu'il a fermé son téléphone, que les appels à son domicile restent vains, et que les angoisses d'antan reviennent - et si?, et si?, et si? - jusqu'à ce qu'il décide de se manifester, de rappeler par le silence de l'écriture qu'il va bien et qu'il n'a rien perdu de sa drôlerie : Je t'annonce que je serai le prochain adversaire d'Andrade. Mise tout ce que tu possèdes.
Cela nous revient d'ailleurs: humour pour humour, dans ses prédictions de janvier des événements à venir dans le monde du sport, La Presse l'avait gentiment chambré en écrivant qu'il allait choisir le jour de son anniversaire pour sortir de sa retraite et annoncer un nouveau-dernier retour.
Quelque part, La Presse aura eu raison : Stéphane Ouellet, 35 ans mardi prochain, est aujourd'hui fier d'annoncer son retour en société.
Et désormais, le moins que l'on puisse souhaiter de la part de ceux qui espèrent tout autre retour que celui-là pour boucher un trou dans un gala impliquant Davey Hilton, c'est qu'ils aient la décence de ne pas chercher à le tirer de là où il n'a jamais été aussi proche de la boxe.