Compte tenu des circonstances - ses 14 mois d'inactivité, son adaptation à un nouvel entraîneur et les difficultés que lui proposait son adversaire - je suis satisfait de ce que Joachim Alcine nous a montré dans le ring du Casino de Montréal vendredi dernier.

Joachim est sorti de son combat contre Eric Mitchell avec la victoire et en bout de ligne, c'était ce qui comptait le plus. Il peut maintenant continuer de regarder vers l'avant et chez GYM, on veut utiliser ce combat comme point de départ pour pouvoir repartir sur des bases solides en vue de ses prochaines sorties.

Je ne vous mentirai pas. C'est certain que j'aurais aimé assister à un combat plus flamboyant, que Joachim soit plus vigoureux et fasse preuve d'une meilleure coordination. Mais d'un autre côté, il fallait s'attendre au genre de spectacle qui nous a été offert.

Ceux qui croyaient que les effets de l'union entre Joachim et son nouvel homme de coin Buddy McGirt seraient instantanés ont peut-être été déçus, mais à mon avis, les deux hommes ne travaillent pas ensemble depuis assez longtemps pour qu'on ait pu voir une différence dès vendredi. Le plus gros ajustement qui a été apporté, c'est probablement l'insistance de McGirt à garder Joachim loin des câbles, un endroit où Ti-Joa aime habituellement travailler. Mais à part ça, l'œil averti n'aura pas noté de changement apparent.

Il fallait s'attendre à ce que Joachim soit un peu hésitant. Je suis certain qu'il disait la vérité lorsqu'il disait qu'il n'avait gardé aucune séquelle du K.-O. qu'il avait subi contre Daniel Santos en juillet 2008, mais en réalité, tant et aussi longtemps que tu n'es pas retourné dans le feu de l'action, que tu n'as pas encaissé quelques coups dans un vrai combat, tu prends inconsciemment un peu moins de chances, tu joues un peu plus safe. Ces réflexes complètement normaux de Joachim ont donné des opportunités à Mitchell.

Si on avait offert à Joachim un adversaire qui n'était vraiment pas de calibre, on ne l'aurait pas du tout aidé et tout aurait été à recommencer au combat suivant. D'un autre côté, si on lui avait tout de suite présenté un jeune classé mondialement, ça aurait été un retour beaucoup trop brusque. C'était donc difficile de trouver le bon compromis, mais je crois que Mitchell était le bon gars, même si la qualité du spectacle en a souffert.

Bref, c'est sûr que ce n'est pas le combat le plus spectaculaire de la carrière de Joachim, mais d'un point de vue affaires, on a obtenu les justifications pour lesquelles on a organisé ce duel.

Maintenant, si Joachim tient parole et prend six semaines pour retourner s'entraîner en Floride - ce qu'il devrait faire en octobre - et que le courant continue de passer avec son nouvel entraîneur, j'ai confiance de le revoir sous son vrai visage à son prochain combat. Il a trop de talent et d'habiletés pour ne pas que ça resurgisse éventuellement.

Si on suit le plan global qu'on a dressé pour la carrière de Joachim, il devrait remonter dans le ring en décembre et en avril avec l'objectif cette fois de remonter dans les classements. On discute présentement avec les représentants de nombreux boxeurs, des adversaires de calibre, mais je ne dévoilerai pas de nom aujourd'hui!

Si Joachim triomphe lors de ses deux prochaines sorties, la troisième devrait être un combat éliminatoire ou encore de championnat du monde.

De grands défis attendent David Lemieux

Juste avant la victoire de Joachim, le jeune David Lemieux a franchi l'étape la plus importante de sa carrière en passant le K.-O. au Mexicain Bladimir Hernandez.

Russ Anber et moi avions vu Hernandez sur vidéo avant son arrivée à Montréal. On savait qu'il était un bon cogneur, jeune et dynamique, qui n'aurait pas peur de Lemieux. Notre poulain s'est fait frapper solidement, il a été obligé de travailler fort, mais il a répondu d'admirable façon. Et il devra s'habituer, parce que même s'il n'est pas dans nos intentions de brûler les étapes avec lui, on veut continuer de lui offrir des défis de plus en plus grands.

Dans la prochaine année, on veut opposer Lemieux à des petits, des grands, des vétérans qui veulent l'accrocher, des jeunes qui veulent lui passer le K.-O. Il s'agira d'une année au cours de laquelle on rapprochera David du calibre international.

Les experts ne tarissent pas d'éloges envers David. De notre côté, on le voit comme notre projet à long terme. Présentement, notre champion du monde, Jean Pascal, est le fer de lance de notre équipe. Le retour de Joachim confère aussi une belle visibilité à nos événements, sans oublier Antonin Décarie qui sera à surveiller.

Adonis Stevenson revient bientôt d'un camp d'entraînement de trois semaines avec Mikkel Kessler. Notre gaucher est complètement rétabli des blessures qu'il a subies l'an dernier dans un accident de voiture et va remonter sur le ring bientôt. Les jeunes Tony Lewis et Kevin Bizier continuent de se développer, et j'ai adoré ce que j'ai vu d'Oscar Rivas et Elieder Alvares, nos deux Colombiens qui faisaient leurs débuts professionnels en fin de semaine. Oh boy!, qu'ils ont été impressionnants!

On est comblés chez GYM parce que depuis qu'on a fondé la compagnie, de nouvelles recrues ont fait leur place au sein de l'équipe à CHAQUE année. On n'a pas eu le même succès avec tout le monde, mais tout de même, on a toujours des jeunes qui viennent supporter les vétérans.

Quand Jean Pascal est passé chez les pros il y a quatre ans, il y avait Otis Grant et Alcine qui faisaient figure de vétérans dans notre écurie. Hermann Ngoudjo, lui, commençait à se faire un nom. Tout ça pour dire que je suis extrêmement fier de la relève qu'on a à chaque année.

Urango le guerrier

Juste un petit mot en terminant sur le combat entre Juan Urango, un autre de nos poulains en association avec Seminole Warriors, et Randall Bailey.

Je parlais au téléphone avec mon associé pendant le combat et quand Urango a été envoyé au tapis au sixième round, je crois que mon interlocuteur a échappé le combiné! C'était incroyable... Au compte de sept de l'arbitre, Urango ne bougeait toujours pas. Quand l'arbitre a crié « huit ! », il s'est relevé et était prêt à reprendre l'action quelques instants plus tard.

C'était la première fois de la carrière de Bailey que son adversaire se relevait après avoir été couché au plancher! Et non seulement Urango s'est-il relevé, mais à la fin du round, il a frappé Bailey et l'a forcé à mettre un gant au sol, mais l'arbitre ne l'a pas vu. En tout cas, Urango n'a pas perdu un seul round après sa petite visite dans les limbes. Il se faisait frapper, il avait la joue coupée, mais il continuait à avancer pour finalement passer le K.-O. à Bailey.

Petite primeur pour vous : comme l'entraîneur d'Urango éprouve des problèmes de santé, le Colombien s'entraînera désormais avec notre organisation.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.