MONTRÉAL - Après un long battage publicitaire autour de l'affaire, la loi du silence est maintenant en vigueur... dans une certaine mesure.

L'entente entre les clans de Lucian Bute et Jean Pascal en ce qui a trait au protocole antidopage entourant le combat du 25 mai, dont on a beaucoup parlé depuis plusieurs jours, a maintenant été rédigée et acceptée.

Le dossier sur lequel travaillent depuis la fin du mois de mars InterBox, qui représente Bute, et le Groupe Yvon Michel, représentant de Pascal, est arrivé à sa conclusion, mardi. Les deux promoteurs ont alors fait savoir dans un communiqué conjoint que tous les intervenants impliqués se sont entendus et les deux boxeurs ont approuvé le tout.

Le programme, qu'on dit inspiré des « meilleures pratiques dans l'industrie » glanées à différents endroits dans le monde, prévoit des contrôles inopinés pour chacun des boxeurs avant, pendant et après le combat.

À la demande des organismes impliqués dans les procédures, une agence et des laboratoires qui seraient de l'extérieur du Québec, les démarches faites et l'identité des intervenants resteront confidentiels, a-t-on indiqué dans le communiqué, en ajoutant que les deux promoteurs ainsi que les deux boxeurs n'émettraient aucun commentaire sur les procédures antidopage.

On veut ainsi éviter de courir le risque que des détails ne soient dévoilés, par exemple, le nombre de contrôles prévus et à quels moments ils surviendront, et viennent ainsi compromettre l'efficacité du protocole en place.

Aux yeux des deux promoteurs, les enjeux de ce combat, qui mènera inévitablement à une revanche et pourrait potentiellement engendrer une trilogie, sont trop grands pour que le moindre élément soit laissé au hasard.

« Parfois, les agences cherchent à créer beaucoup de publicité autour de leurs activités, mais dans ce cas-ci, elle préfère travailler avec discrétion et elle nous a recommandé d'agir de cette manière », a indiqué Yvon Michel au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne, en notant qu'il s'agit d'une agence bien connue à l'échelle internationale, habituée à gérer des protocoles du genre.

Celle-ci aura toute la latitude nécessaire pour mener les détails du protocole à sa guise, après que les deux boxeurs en eurent approuvé les grandes lignes.

Il ne s'agit toutefois pas de VADA, la Voluntary Anti-Doping Association, un organisme qui cherche à encadrer et conseiller les athlètes des sports de combat qui veulent rester propres, et le prouver. VADA et Michel ont confirmé que cet organisme n'a pas été impliqué dans ce dossier.

Le Dr Margaret Goodman, porte-parole de VADA, s'est néanmoins réjoui dans un échange de courriels que Bute et Pascal « fassent la promotion d'un sport propre ».

Si les négociations menant à la mise sur pied d'un protocole ont fait autant de bruits ces dernières semaines, c'est parce qu'il s'agit d'une première en boxe au Québec. Pour l'instant, les mesures antidopage entourant les combats disputés dans la province se limitent à un test effectué dans le vestiaire immédiatement après un affrontement. Avec ce nouveau protocole beaucoup plus étoffé, on espère donner naissance à une politique crédible qui pourrait s'étendre à une échelle plus large.

Cette volonté explique d'ailleurs pourquoi il a fallu autant de temps pour arriver à une entente.

« Bute et Pascal se trouvent à être des précurseurs en ce qui concerne la mise sur pied d'une politique efficace pour effectuer des contrôles », a souligné Michel.

« Il n'y avait pas de politique en tant que telle jusqu'ici puisque les commissions, la Régie, ici au Québec, par exemple, n'en ont pas vraiment. Ce n'est pas dans leur mandat », a ajouté le promoteur en faisant allusion à la Régie des alcools des courses et des jeux du Québec, qui a maintenant pris en charge le mandat de gérer les sports de combat.

InterBox et GYM ont toutefois clairement exprimé depuis le début leur volonté d'en arriver à un protocole. On sait que Jean Pascal a réclamé des tests antidopage par le passé, notamment avant d'affronter Bernard Hopkins, tandis que Stéphan Larouche, entraîneur de Bute, se dit depuis longtemps favorable à la mise sur pied de passeports biologiques pour les boxeurs.

« Les deux boxeurs voulaient absolument que l'autre participe afin de montrer publiquement que tout se fera de façon propre », a indiqué Michel.

Du côté de Pascal, la mise en place d'un protocole antidopage pourrait par ailleurs permettre d'atténuer les spéculations entourant l'embauche d'Angel Heredia dans son entourage. Heredia a admis avoir fourni des produits dopants à des athlètes par le passé, quoiqu'il ait assuré depuis ce temps qu'il ne s'adonne plus à cette pratique.