QUÉBEC - Les prouesses de plusieurs boxeurs québécois sur la scène internationale au cours des dernières années ont évidemment porté ombrage au parcours plus sinueux de d'autres.

Sébastien Gauthier est l'un de ces pugilistes qui ne reçoit pas beaucoup de publicité, même s'il possède un style dynamique qui a tout pour plaire. Il aura enfin l'occasion de se faire un nom, samedi soir au Colisée Pepsi, puisqu'il affrontera l'ancien champion du monde des poids super-coqs de la IBF, le Canadien Steve Molitor.

Molitor (33-2, 12 K.-O.) a déjà indiqué qu'il entend se servir de ce duel pour retrouver le chemin de la victoire, une déclaration qui oblige Gauthier (21-2, 13 K.-O.) à penser qu'on le prend peut-être un petit peu trop à la légère.

« Nous avions déjà négocié avec lui à l'époque où il était champion, car il était à la recherche d'une défense facile », a mentionné le boxeur de St-Jérôme, jeudi matin, lors de la conférence de presse de la sous-carte du gala du 5 novembre. « Mais il pourrait bien regretter son choix, puisqu'il ne semble pas réaliser le danger qu'il aura devant lui. »

Gauthier pense également que le moment est plus qu'idéal pour se mesurer à Molitor. Le Québécois est sur une véritable lancée - il a facilement remporté ses quatre derniers combats depuis sa défaite contre Mario Macias en juin 2009 -, tandis que l'Ontarien n'a jamais paru aussi vulnérable - il a perdu sa ceinture à la suite d'un revers par décision unanime face à Takalani Ndlovu.

« Je suis toujours capable de m'ajuster à l'adversaire que j'ai devant moi », a expliqué celui qui est également entraîneur au Club de boxe olympique de Lévis. « Je possède également une force de frappe intéressante. Je ne serais pas surpris que le combat ne se rende pas à 10 rounds. »

« Steve n'est quant à lui visiblement plus prêt à souffrir pour remporter ses combats. Il a perdu en Afrique du Sud contre un boxeur probablement moins bon que lui techniquement, mais qui avait plus de cœur. Il s'est rapidement mis en mode survie et c'est exactement ce que je compte faire le 5 novembre. »

Gauthier et son entraîneur Pierre Bouchard ont d'ailleurs bien l'intention d'utiliser la recette préconisée par Ndlovu au mois de mars dernier. Le Sud-Africain avait profité de la nonchalance du Canadien pour enlever la majorité des rounds.

« L'intensité a été à la base de ma préparation », a confié l'ancien champion intercontinental des coqs de la WBO. « Je ne veux pas le battre avec un coup de poing, mais avec 1000! J'ai bien hâte de voir comment il va réagir avec tout ça. »

« Nous avons remarqué qu'il a toujours gagné ses rounds de façon serrée et qu'il les perd souvent parce qu'il a refusé de travailler. Dans le fond, plus il sera passif, plus je serai heureux. »

Évidemment, Gauthier n'est pas dupe. Il sait pertinemment qu'il jouera gros samedi. Il sait que la chance que lui offre InterBox ne se présentera pas nécessairement deux fois.

« Ce sont les victoires majeures qui permettent d'avoir ton visage en avant et d'être reconnu », a conclu Gauthier. « C'est à mon tour de donner une grande performance. »

Molitor veut lancer un message

Même s'il est l'un des plus grands de l'histoire de la boxe au pays, Molitor s'attend à être en terrain particulièrement hostile samedi soir, d'autant plus qu'il affrontera un favori de la foule.

« Il faut dire que j'aurai un chandail des Maple Leafs de Toronto sur le dos », a-t-il lancé d'un air amusé. « Mais honnêtement, je suis familier avec ce genre de situation. »

« J'ai gagné mon premier titre mondial contre Michael Hunter en Angleterre. J'aime quand les gens crient contre moi. De toute façon, je ne pourrais pas gagner un concours de popularité face à Sébastien. »

Molitor a également profité des derniers mois pour renouer avec son entraîneur Billy Martin, celui-là même qui lui avait permis de remettre la main sur la ceinture de la IBF perdue à la suite de sa défaite lors d'un combat d'unification avec Celestino Caballero en novembre 2008.

« Il y a eu un conflit d'horaire avec mon entraîneur Chris Johnson, alors je me suis tourné vers Billy », a précisé Molitor. « Il m'a redonné goût à la victoire, je suis plus affamé que jamais. »

Bref, le « Canadian Kid » prétend qu'il a tout ce qu'il faut pour lancer un message au monde de la boxe : il est loin d'être fini.

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