GUADALAJARA, Mexique - Sandra Bizier aimerait bien faire de la boxe professionnelle un jour, le temps du moins de participer à un gala en compagnie de son frère Kevin. Pour l'instant, elle se consacre toutefois à son rêve olympique.

Un rêve qui est maintenant devenu une possibilité concrète. La boxe féminine sera au programme officiel des Jeux olympiques pour la première fois en 2012. La discipline est également présentée pour la première fois aux Jeux panaméricains qui sont présentement en cours.

La compétition de boxe s'est mise en branle vendredi à Guadalajara. Bizier disputera son premier combat chez les 60 kg, samedi. Il s'agira d'un duel des quarts de finale.

L'athlète de 31 ans de Stoneham vise une médaille à ces Jeux. Ce qui lui permettrait, par ricochet, de récolter de précieux points au classement et de bien se positionner en vue des championnats du monde qui auront lieu au mois d'avril prochain en Chine. C'est à ce moment-là qu'auront lieu les qualifications en vue des Jeux de Londres.

Celle qui fait de la boxe depuis 15 ans misera sur son expérience pour connaître du succès à Guadalajara.

«De toutes les boxeuses inscrites dans ma catégorie, je suis probablement celle qui a le plus d'expérience, a-t-elle affirmé lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. J'ai affronté ou vu boxer toutes les concurrentes aux dernières sélections et d'après moi je suis capable de les battre. Il y a seulement la Mexicaine (Erika Rosalba Cruz) que je n'ai jamais vue.»

Mère d'un garçon de 18 mois, Bizier a fait le voyage seule au Mexique. Le petit Nicolas est resté auprès de son père, Pierre-Luc Bouchard. La séparation, elle le reconnaît, s'avère moins difficile qu'à ses premiers voyages après l'accouchement.

«Après l'accouchement, je suis allée à deux compétitions, au Venezuela au mois de mars, puis au mois d'avril en Équateur, a-t-elle indiqué. La première fois, j'ai trouvé ça très pénible d'être loin de mon garçon. Si je n'ai pas pleuré tous les jours, je n'ai pas pleuré, a-t-elle reconnu en riant. À mon retour, je peux vous dire que ça n'a pas été long avant que je m'équipe d'un Skype!

«J'aurais bien aimé qu'il vienne ici, a-t-elle ajouté. Il ne viendra peut-être pas aux championnats du monde le printemps prochain, c'est loin la Chine. Mais si je vais aux Jeux olympiques, je traîne ma famille avec moi, c'est sûr.

«Et mon père Rémi aussi. Il n'a jamais vécu de grandes compétitions comme celles-là. C'est sûr qu'il va me suivre lui aussi», a-t-elle dit de celui qui est copropriétaire du club de boxe Le Cogneur à Québec.

Après les JO, Bizier aimerait participer à un gala avec son cadet de quatre ans, Kevin. Elle en a déjà discuté avec les dirigeants de GYM et ceux-ci se disent intéressés au projet.

«J'aimerais ça me battre en même temps que mon frère, juste pour voir. Si je fais un combat chez les professionnels, je veux que ce soit en même temps que lui, a-t-elle dit. Mais peut-être que je vais en faire plus qu'un aussi. C'est sûr qu'avec Kevin, ce serait quelque chose.»

Bizier espère ainsi suivre les traces de Danielle Bouchard, sa «première idole» et son entraîneure à ces Jeux panam. C'est toutefois grâce à sa famille qu'elle a attrapé la piqûre de la boxe.

«C'est vraiment une affaire de famille, a souligné Sandra. On faisait des arts martiaux, du karaté, et on se demandait ce qui nous amènerait à faire rien que du combat. La boxe était le sport qui répondait le mieux à ça. Mon père a donc inscrit tout le monde à la boxe, les quatre enfants et lui. Deux ans plus tard, il a décidé d'ouvrir son club.»

Les deux autres frères de Sandra sont les jumeaux Yann et Yannick. Ceux-ci ont deux ans de moins qu'elle. Le premier a déjà été champion canadien et l'autre travaille comme entraîneur au club Le Cogneur.

Plus jeune, Sandra se chamaillait souvent avec les jumeaux, mais pas Kevin.

«Les jumeaux étaient très tannants et ils aimaient m'agacer, a-t-elle raconté. Kevin, c'était mon petit bébé. Je me battais avec mes frères jumeaux, mais je défendais Kevin.»

Selon elle, Kevin Bizier a le potentiel pour devenir champion du monde un jour.

«Il est tellement discipliné, il a le talent, il a tout ce qu'il faut, dans le moment, pour réussir, a-t-elle décrit. Il s'agit pour lui d'y aller une étape à la fois.»

Quant à sa propre carrière, Sandra Bizier compte bien la poursuivre aussi longtemps que possible. Parce qu'elle adore la boxe et estime que le boxe féminine a sa place.

«J'aime l'entraînement de boxe, la nécessité de se dépasser et de faire preuve de discipline. C'est un sport complet, a-t-elle affirmé. J'aime tous les sports, j'ai fait des sports d'équipe, mais ce n'est pas pareil. La boxe, ça vient chercher autre chose.»