MONTRÉAL – Au fur et à mesure que le niveau d’opposition augmente, il n’est pas rare qu’un boxeur en pleine ascension frappe un écueil et c’est en plein ce qui est arrivé à Shakeel Phinn.

 

Le boxeur de Brossard n’a jamais été capable de prendre son erre d’aller et a ainsi été surpris par Ramon Aguinaga, s’inclinant par décision majoritaire des juges, jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal, en finale d’un gala de la série Chrono Aviation de Groupe Yvon Michel.

 

Les trois juges ont remis des cartes de 79-73, 78-74 et 76-76, Phinn (16-2) voyant du coup sa série de 15 victoires prendre fin. Ex-champion du Mexique dans les rangs amateurs, Aguinaga (12-0) en a profité pour rester invaincu en 12 combats depuis le commencement de sa carrière.

 

Les deux boxeurs se sont échangé plusieurs bonnes frappes pendant toute la soirée, mais le favori de la foule n’a pas su faire craquer son adversaire comme il en avait pris l’habitude avec ses précédentes victimes. À vrai dire, il a davantage été réactif et cela lui a joué un vilain tour.

 

« C’était lui le meilleur combattant ce soir, a reconnu Phinn après son revers. Je n’ai pas réussi à trouver mes coups. Ses coups à lui n’étaient pas vites, mais il réussissait bien ses combinaisons. Son timing était bon et je n’ai trouvé le mien qu’à la fin du combat. C’était un combat serré.

 

« J’avais pourtant connu un bon camp d’entraînement avec de bonnes séances de sparring, mais je n’ai pas réussi à laisser aller mes mains. Des fois, je ne lançais qu’un ou deux coups à la fois, alors que lui, il attaquait en combinaisons. Je dois affronter des gars comme ça en sparring. »

 

Disputant officiellement un premier duel sous les couleurs de GYM, « The Jamaican Juggernaut » aurait évidemment souhaité un meilleur dénouement, mais il n’entend pas se laisser abattre par la situation, lui qui avait subi la défaite à son deuxième combat professionnel en avril 2015.

 

Phinn entend donc remonter dans le ring le plus rapidement possible afin d’effacer ce faux pas de son esprit, vraisemblablement lors du prochain événement de GYM au Casino le 15 février.

 

Zewski exploite le bon filon contre Escobar

 

Toujours à la recherche de ses repères après avoir été inactif pendant un tout petit peu moins d’un an et demi jusqu’en juin dernier, Mikaël Zewski n’a laissé aucune chance au pauvre Martin Enrique Escobar avant d’enregistrer la victoire par arrêt de l’arbitre à 2:34 du 2e round.

 

Zewski l'emporte sans trop d'efforts

Zewski (29-1, 22 K.-O.) a rapidement exploité le bon filon en s’attaquant au corps d’Escobar (17-4) tôt dans le combat, incitant d’ailleurs l’Argentin à poser un genou au sol dès le premier round afin de s’accorder un moment de répit. Le Trifluvien a continué son manège au deuxième assaut, si bien que l’arbitre a jugé que le carnage avait assez duré après la deuxième visite au tapis d’Escobar du round – sa troisième du duel – avec un peu plus de 30 secondes à faire.

 

« Je sentais que mes coups étaient francs. Je le voyais dans son visage : il faisait de petites grimaces, a raconté Zewski à la suite de son triomphe. À mon dernier combat, j’avais beaucoup visé le knock-out et j’avais paru correct, sans plus. Là, j’ai vraiment suivi le plan de match. Mon [entraîneur] m’a dit de m’amuser et que les choses allaient venir et c’est ce qui est arrivé! »

 

Effectuant une deuxième sortie seulement depuis octobre 2015, l’athlète âgé de 28 a avoué qu’il avait peut-être encore besoin de temps avant d’affronter un membre de l’élite mondiale.

 

« Est-ce que je veux des adversaires de plus grande qualité? Oui, absolument, a d’abord dit Zewski. Ce n’est pas en affrontant Martin Enrique Escobar que je vais monter dans les classements. On veut des adversaires classés, une ceinture nord-américaine ou mondiale pour ensuite me mettre dans le top-10 pour éventuellement aller vers des plus gros noms.

 

« Mais ça va venir. Ce soir, c’était une première étape. Mes coups sortaient bien, mais ç’aurait pu être mieux. En gymnase à l’entraînement, mes coups sortaient mieux. Je revenais après six mois et à mon prochain combat, je vais revenir après deux mois. Ça va paraître encore mieux. »

 

Selon le plan échafaudé par GYM, Zewski doit être de retour le 15 février avant de se battre pour un titre en sous-carte du prochain combat d’Adonis Stevenson en mars. Il doit ensuite se mesurer à un adversaire de renom en finale d’un gala présenté au Centre Vidéotron en juin.

 

Une Dicaire plus créative bat encore de Ramirez

 

Affrontant Paty Ramirez afin de garder la forme, Marie-Ève Dicaire n’a eu aucun mal à vaincre la Mexicaine pour la deuxième fois en l’espace d’un an en l’emportant par décision unanime (80-72, 80-72 et 79-73). La Québécoise est ainsi demeurée invaincue en dix combats en carrière.

 

À la différence de leur premier duel, Dicaire (10-0) a démontré tout le chemin qu’elle a parcouru depuis en étant nettement plus créative à l’attaque à l’aide d’un savant mélange de coups au corps et à la tête. Ramirez (11-5) a aussi fendu beaucoup plus souvent l’air que l’année dernière.

 

« J’ai toujours été une boxeuse super créative dans le gymnase, c’est fou tout ce que je peux y faire. Par contre, de le mettre en action dans le ring, c’était vraiment ça mon problème, s’est félicitée l’athlète de Saint-Eustache. Dans la dernière année, je pense que j’ai acquis beaucoup de confiance et ce soir, j’ai pu m’amuser, travailler avec mes jambes et essayer des choses.

 

« J’ai été en contrôle tout au long du combat, mais ça reste que c’est de l’adversité. Contre une adversaire de cette qualité-là, chaque geste compte. Chaque erreur est chèrement payée et c’est pourquoi j’ai dû utiliser ma tête et mes aptitudes pour gagner ce combat-là. Je suis contente, parce que des duels avec de l’adversité comme ça, j’en ai besoin pour progresser. »

 

Dicaire a ainsi remporté les quatre combats qu’elle a disputés cette année et devrait combattre pour la ceinture des poids super-mi-moyens de la NABF le 15 février prochain au Casino.

 

Des victoires pour Altidor, Osias et Camara

 

Le Longueuillois Louisbert Altidor (6-2, 2 K.-O.) a sonné le glas d’une série de deux défaites en disposant du Mexicain Victor Manuel Palacios (16-16-2) par arrêt de l’arbitre à 1:20 du 2e round. Altidor a stoppé les hostilités en terrassant Palacios d’un puissant uppercut de la droite au menton, après l’avoir envoyé un peu plus tôt au plancher grâce à un vicieux crochet au corps.

 

Malgré une coupure à l’œil gauche survenue au deuxième round à la suite d’un coup de tête, le Longueuillois Terry Osias (2-0) n’a eu aucune difficulté à prendre la mesure du Néo-Brunswickois Mitch Boudreau (0-4) par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36). Grâce à son jab, Osias a tenu Boudreau à distance avant de l’atteindre régulièrement avec son uppercut de la droite.

 

En ouverture, la Montréalaise Jessica Camara (3-0) a battu la Mexicaine Giovanna Gonzalez (3-2) par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36). Camara a continuellement mis de la pression sur son adversaire pendant les quatre rounds qu’a duré l’affrontement pour obtenir la faveur des trois juges. Il s’agit du troisième gain en autant de sorties pour l’athlète originaire de l’Ontario.

 

« Je veux des adversaires classés et des ceintures »

 

« C'était lui le meilleur combattant ce soir »
« J'ai ma place dans l'échiquier mondial »